À la veille de l’Assomption, près de 400 fidèles ont gravi une partie de la colline de Fourvière pour la procession aux flambeaux. Les forces de l’ordre ont discrètement assuré la sécurité d’un événement religieux qui, traditionnellement dédié à la prière pour la France depuis Louis XIII en 1638, revêtait cette année un caractère particulier.
Les lanternes en hommage à la Vierge Marie s'éclairent. Il est 20h30 en bas du jardin du Rosaire, la procession aux flambeaux se met en marche. Guidés par les mots de l'évêque auxiliaire du diocèse de Lyon, Patrick Le Gal, les pas sont lents, les esprits concentrés. De nombreuses origines et presque tous les âges sont représentés parmi les fidèles. Le long de la montée Saint-Barthélemy, les voix s'élèvent tandis que la procession rejoint la basilique de Fourvière. Au début du cortège, quatre personnes transportent une statuette de Marie. À mi-parcours, la statuette change de mains, quatre autres volontaires se proposent pour remplacer les précédents. Pour les catholiques, le 15 août, jour de l'Assomption, marque la montée au ciel de la Vierge.
Présence discrète des forces de l’ordre et “vigilance paisible”
Si la procession ne devait pas être encadrée par un dispositif spécifique de sécurité, une présence discrète de nombreux policiers est assurée. Près de la basilique de Fourvière, un camion de police et plusieurs voitures sont visibles. Plusieurs agents de la BAC sont sur place, l'un d'entre eux muni d'un fusil d'assaut. Quelques mètres avant le cortège, les armes de poing portées à la ceinture et les talkies-walkies attestent d'une présence rapprochée de policiers en civil pour assurer la sécurité. Après avoir participé aux réunions concernant la sécurité des lieux de culte organisées par la préfecture, la fondation Fourvière avait précisé tenir pour le 15 août "une attitude de vigilance paisible".
“Ce soir, c’est différent”
Sur le parvis de la basilique, l'évêque rappelle l'invitation du président de la Conférence des évêques de France, monseigneur Pontier. Le 1er août, ce dernier appelait à faire sonner les cloches le 15 août à midi. L'année dernière, les cloches de la plupart des diocèses français avaient sonné pour manifester le soutien aux chrétiens d'Orient, persécutés par l'Etat Islamique au Moyen-Orient. Aujourd'hui, les cloches sonneront pour la France, mais également en hommage au père Jacques Hamel, égorgé dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray le 26 juillet dernier. Une sœur de la congrégation Mère Teresa ne souhaite pas s'exprimer à la presse, elle finira quand même par prononcer ces quelques mots : "C'est un moment de prière, la France en a besoin. Seule Marie peut nous aider." Devant l'imposante basilique, une dame âgée explique qu'elle ne venait plus à cette procession depuis quelques années : "Ce soir, c'est différent. J'ai besoin de l'aide de la Vierge", glisse-t-elle en s'échappant d'un pas rapide. Une religieuse du diocèse de Lyon reconnaît que "cette année, la cérémonie revêt un caractère plus grave, plus fervent". Toujours sur le parvis, deux Irakiennes accueillies à Lyon suivent la cérémonie : "C'est magnifique, c'est très spirituel", juge l'une d'elles. Arrivée en France en septembre 2014, elle s'était rendue à Lourdes l'année dernière pour célébrer l'Assomption. Loin d'être inquiète quant à la sécurité de l’événement, la menace terroriste ne lui est pas inconnue, en particulier en tant que chrétienne d'Orient : "C'est triste, mais j'ai l'habitude. Pour nous, en Irak, la guerre, c'est devenu normal", confie-t-elle.