© Antoine Merlet / Simulation Lyon Capitale

Projet de téléphérique entre Francheville et Lyon : six mois après l'annonce détonante, où en est-on ?

Le projet de transport par câble dans l'ouest lyonnais, de Francheville à Lyon en passant par Sainte-Foy-lès-Lyon et la Mulatière, cristallise les passions depuis son annonce par le Sytral mi-décembre 2020. Près de six mois plus tard, où en est-on ?

C'est l'un des gros projets - l'un des plus commentés aussi - inscrits au plan de mandat du Sytral pour la période 2020-2026 : la réalisation d'un transport par câble entre Francheville et Lyon, en passant par Sainte-Foy-lès-Lyon et La Mulatière, à l'horizon 2026. Ce projet déchaîne les passions dans l'ouest lyonnais depuis son annonce, mi-décembre 2020.

LyonCapitale.fr vous a proposé plusieurs longs articles sur le sujet depuis décembre. A retrouver ici :

Le sujet passionne. Divise. Mais où en est-on aujourd'hui ?

Accusé par nombre d'opposants - mais pas que - d'avoir clairement manqué de concertation en amont de l'annonce de la décision de ce projet, en décembre 2020, le Sytral tente de récupérer la main. Une concertation préalable sera menée à l'automne 2021 afin de soumettre à l’avis des citoyens plusieurs hypothèses de tracés ainsi que les principes d’insertion des stations et pylônes. Bruno Bernard, président du Sytral mais aussi de la Métropole de Lyon, le sait. Le projet divise. "Il faut concerter de façon efficace, transparente. Les tracés peuvent être très nombreux. La concertation s'annonce passionnante", expliquait-il fin mars lors de l'annonce de la concertation. Avant d'ajouter : "Le débat aura lieu. Sur tout. Par contre, on ne peut pas poser des préalables en disant que si une commune, et pourquoi pas un quartier, était opposée à un projet de transport en commun, on ne pourrait pas le faire. Notre rôle, c'est de regarder les avantages et les inconvénients de façon globale et pas de façon locale. Sinon on aurait jamais remis le tram à Lyon en 2001".

Bernard promet une vague concertation à l'automne 2021 sur tout : "sur l'opportunité du projet, sur des alternatives éventuelles au projet, sur les tracés du projet, tout est au débat. On va discuter avec les citoyens, les élus locaux, les acteurs associatifs et économiques de ce projet qui est très innovant et qui apporte de l'inquiétude et aussi beaucoup d'envie dans la population. Tout est ouvert. L'objectif c'est vraiment que tout le monde puisse s'exprimer, et de voir les avantages et les inconvénients du projet, de voir si c'est bien la solution pour les territoires de l'ouest. Je comprends toutes les inquiétudes".


Un comité de pilotage mercredi 2 juin


Ce mercredi, le 2 juin, un comité de pilotage est prévu au Sytral. Notamment pour finaliser les tracés pour la concertation de l'automne. Véronique Sarselli, la maire LR de Sainte-Foy-lès-Lyon, farouchement opposée au projet depuis son annonce, sera notamment présente.

Il y a quelques jours, elle nous confiait son scepticisme par rapport à cette concertation. "La concertation pour le transport par câble, elle me fait bien rigoler. Elle n’a en aucune façon l’objet de traiter de la pertinence du mode de transport. Ce n’est pas de ça dont on va parler. On va acter qu’il y aura un transport par câble et on va consulter et concerter les gens uniquement sur le fait qu’on puisse masquer certains pylônes, sur la taille des vitres. Nous, ce que nous souhaitons, c’est une consultation sur sa pertinence, à la fois pour Sainte-Foy et pour l’ouest lyonnais. Evidemment qu’ils ne mènent pas cette concertation, car la concertation mènerait à dire « ce n’est pas ça qui est pertinent »", fustige la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon, la commune et de loin la plus impactée par les contraintes d'insertion du projet.

Fin mars, déjà, l'annonce de la concertation préalable ne convainquait pas la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon. Mais alors pas du tout. "Le SYTRAL imagine reprendre la main avec la saisine a minima de la commission nationale du débat public (CNDP). Cette saisine n’est ni une nouveauté, ni un réconfort", expliquait Véronique Sarselli. En effet, la CNDP est une instance intéressante, mais qui est liée en matière de compétences et d’attributions. Sur le sujet du transport par câble sur l’Ouest, ses marges sont réduites et c’est le maître d’ouvrage (le SYTRAL) qui maîtrise le périmètre d’action de la CNDP. La simple saisine d’un garant du CNDP est le degré 1 sur l’échelle de la concertation. Avec cette saisine c’est le SYTRAL qui détermine le périmètre de la concertation et non la CNDP",dénonçant un" RMI de la concertation".

La maire de Sainte-Foy poursuivait : "Lorsque le garant de la CNDP communiquera le bilan (logiquement) défavorable de ce mode de transport, ce ne sera qu’une pièce de l’enquête publique. Le bilan de cette concertation CNDP est strictement consultatif et n’engage en RIEN, absolument en RIEN l’arbitrage final tant du SYTRAL que de la déclaration d’utilité publique".

Une pétition contre ce projet a réuni des milliers de signatures. Localement, notamment à Sainte-Foy, le projet inquiète beaucoup un certain nombre d'habitants. Si le maire de Francheville est favorable au projet, la maire de La Mulatière s'est elle déclarée opposée.


Une concertation à l'automne 2021, très attendue...


Jean-Charles Kholhaas, vive-président délégué du Sytral, pilote ce projet au Sytral. Il est également 5e vice-président de la Métropole de Lyon, en charge des déplacements, intermodalités et logistique urbaine. Il avait longuement détaillé ce projet dans Lyon Capitale (l'interview en intégralité est à retrouver ici). Fin mars, lors de l'annonce de la concertation, il expliquait : "dans la concertation de l'automne, il est prévu qu'on puisse discuter du tracé tel qu'il aura été étudié mais aussi des alternatives possibles. Le tracé n'est pas précis. On peut imaginer plusieurs tracés autres. C'est le vrai rôle de la concertation. Si les habitants de Sainte-Foy nous disent, comme ça été exprimé aujourd'hui, pour des raisons culturelles on ne veut pas que Sainte-Foy soit survolée par un transport par câble - je dis bien les habitants, pas seulement quelque uns - on aura d'autres solutions sans doute. La concertation, c'est un vrai débat. Pour qu'il y ait débat, il faut que les gens aient les informations. Donc il faut apporter un maximum d'informations [...] On peut même remettre en cause l'opportunité du projet. On peut aussi envisager des déplacements de stations, des déplacements de pylônes, et des changements de tracés".

Dans nos colonnes, Jean-Charles Kohlhaas, vice-président du Sytral, avait déjà déclaré que si les habitants de Sainte-Foy ne voulaient finalement pas du téléphérique, il pourrait passer ailleurs. "C’est lamentable d’entendre ça, nous a expliqué Véronique Sarselli il y a quelques jours. Ca veut dire quoi ? Ca veut dire qu’on est sur un principe, qu’on applique un mode de transport hors sol. Un métro, ça ne se voit pas. Politiquement, on ne le voit pas. On ne se dira pas dans 30 ans "c’est Monsieur untel qui a fait le métro". Mais un transport par câble, il se voit, oui. Depuis Fourvière, depuis Confluence, la M7… Quand on en est là, et que Monsieur Kholhaas est capable de dire dans la presse (dans Lyon Cap), finalement "si Sainte-Foy n’en veut pas, on le mettra ailleurs", c’est que le travail n’est pas territorialisé, n’est pas contextualisé", avant de conclure : "le transport par câble, c’est un symbole politique. On ne joue pas avec les besoins des habitants avec un symbole politique".

On n'a pas fini d'entendre parler de ce projet ces prochaines semaines et ces prochains mois.

Lire aussi : Lyon : le téléphérique cristallise les débats au Sytral, une élue écologiste ironise sur "Mauvaise-Foy-lès-Lyon"

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