La CGT Santé et Action sociale Rhône-Alpes tenait jeudi 20 décembre une conférence de presse à la Bourse du Travail. L'occasion de dénoncer la mise en œuvre du Projet régional de santé (PRS) et les répercussions négatives de la crise économique sur l'accès aux soins et les conditions de travail des professionnels de santé en Rhône-Alpes.
La CGT Santé et action sociale l'avait en travers. Elle souhaitait être partie prenante des négociations sur le Projet Régionale de Santé (PRS) Rhône-Alpes, "mais la loi ne le prévoyait pas donc on nous a claqué la porte aux nez", rapporte Pascal Dumas, coordinateur régional de la CGT Santé, lors de la conférence de presse organisée par la CGT Santé et Action Sociale jeudi 20 novembre.
Cette feuille de route, entérinée le 30 novembre dernier par l'Agence Régionale de Santé (ARS) définit la politique rhônalpine en matière de santé pour les cinq années à venir. L'objectif affiché : améliorer l'accès et la qualité des soins en Rhône-Alpes et perfectionner le volet préventif.
Le PRS prévoit notamment le découpage de la région en cinq territoires, contre huit (un par département) actuellement et le groupement des différents établissements hospitaliers en neuf communautés hospitalières de territoire (CHT). Ces regroupements doivent permettre une mutualisation des moyens et des personnels des établissements, les plus petits étant ainsi rattachés aux grands centres hospitaliers.
1500 à 2000 emplois supprimés en 2013 dans la région
Le PRS, inspiré en grande partie de la loi "Hôpital, Patients, Santé, Territoires", adoptée en 2009, encourage par ailleurs les associations entre établissements publics et privés. A Lyon, de telles collaborations existent déjà, notamment le groupement d'intérêt économique (GIE) Imagerie Sud qui rassemble le Centre Hospitalier Lyon-Sud, la Clinique Charcot et du Val d'Ouest. Ces partenariats public-privé "font pénétrer des logiques lucratives, au sein des hôpitaux publics. Des médecins y vendent leurs actes médicaux. De telles pratiques portent directement atteinte au libre accès aux soins, c'est la mort du service public", dénonce Geoffroy Bertholle, délégué CGT.
Les hôpitaux publics entrent donc dans une démarche concurrentielle, les obligeant à partir à la conquête de nouvelles parts de marché. Pour la CGT, il en résulte une logique d'économie des moyens, néfaste au service public. Cette tendance serait accrue par l'Objectif National des Dépenses d'Assurance Maladie (ONDAM), en hausse de 2,6% en 2013, alors que "le simple maintien de l'activité nécessiterait une augmentation de 3,2%", selon Pascal Dumas. Ce manque de moyen devrait conduire à la suppression de 15 000 à 20 000 emplois dans le secteur de la santé sur le plan national, 1 500 à 2 000 au niveau régional, toujours selon le syndicat.
Des professionnels de santé "sous pression"
Ces destructions de postes se traduiront principalement par le non-remplacement des départs en retraite et le non-renouvellement de contractuels, prévient Mireille Carrot, secrétaire départementale de la CGT Santé de la Loire. D'ailleurs, aux HCL, la totalité des emplois du service d'entretien (800 environ) devraient être supprimés d'ici 5 à 8 ans selon les syndicats. "Nous allons en effet externaliser ce service car les prestations des sociétés spécialisées sont 30% à 50% moins chères", confirme Alain Collombet, secrétaire général des HCL. "Mais nous n'allons pas supprimer tous les postes de titulaires, conteste-t-il. Les ASH des services de soin critique, comme les blocs opératoires, seront maintenus". Au Vinatier, c'est le service psychiatrie qui est sur la sellette avec la suppression de quarante lits et la diminution du nombre d'infirmières dans le service, rapporte Marc Auray, membre de la CGT.
Et même les bonnes nouvelles ne sont qu'illusion pour Christian Esposito, secrétaire de la coordination CGT aux HCL qui explique qu'à l'hôpital Henri-Gabrielle, un nouveau service de 24 lits vient d'être ouverts mais "qu'aucun nouveau poste n'a été créé. Ils prennent le personnel dans d'autres services". La pression sur les personnels de santé n'en est qu'accrue selon la CGT, qui note d'ailleurs une très forte augmentation des arrêts maladies ces derniers mois au sein du personnel.