Une quarantaine de camionnettes destinées à la prostitution longent la Plaine, selon Julien Plazanet. Photo : Julien Plazanet via Twitter

Prostituées à Gerland : "elles aussi ne veulent pas que les enfants les voient"

Deux députés du Rhône demandent à la mairie de Lyon de déplacer les prostituées travaillant à la plaine des jeux de Gerland. Pour les associations, ce n'est pas la solution.

Mi-novembre, une pétition a été lancée par des parents dont les enfants effectuent leurs activités sportives à la plaine des jeux de Gerland, dans le 7e arrondissement de Lyon. "Protégeons nos enfants", s'intitule-t-elle. "Les terrains de sports sont jonchés de préservatifs utilisés et de seringues souillées", détaillent les parents dont la pétition qui rassemble à ce jour, 3 286 signatures.

Ce jeudi 1er décembre, les élus du groupe Progressiste et républicain du conseil municipal notent, dans un communiqué de presse, "la problématique d’exposer de jeunes enfants aux pratiques sexuelles". Constat auquel les députés du Rhône Anne Brugnera et Thomas Rudigoz (Renaissance) se sont associés.


"Déplacer des camionnettes, ce n'est pas la solution"
Une membre d'une association en lien avec les prostituées de Gerland


En septembre déjà, face à la colère des riverains, la majorité écologiste avait voté la construction d'un brise-vue végétalisé, une opération chiffrée à 500 000 euros par Julie Nublat-Faure, adjointe à la Ville de Lyon en charge du sport. La préfecture de son côté, assure multiplier les opérations de verbalisation des clients. Du côté des associations en lien avec les travailleuses du sexe de la plaine des jeux, on souligne une certaine hypocrisie. "La situation est merdique comme ça depuis 20 ans", rappelle un membre d'une association lyonnaise. Selon nos informations, la majorité écologiste travaille de concert avec les associations et tente d'organiser une rencontre avec les parents mécontents.

Le brise-vue, un soulagement pour les travailleuses du sexe

Une autre membre d'une association ayant elle aussi souhaité rester anonyme, note que personne n'est satisfait par la situation. "Ce qu'elles nous disent ces dames, c'est qu'elles aussi ne veulent pas que des enfants les voient. Elles ne sont pas à l'aise avec cela", détaille-t-elle. Selon ses remontées, les prostituées de la plaine des jeux sont donc plutôt soulagées de la construction d'un brise-vue.

Elle ajoute : "Evidemment, déplacer des camionnettes n'est pas la solution." A plus long terme, les travailleuses du sexe craignent pour leur avenir et leurs droits notamment avec l'arrivée de la Coupe du monde de rugby à Lyon en 2023 : "Elles sont très inquiètes. Elles veulent savoir si leurs camionnettes seront enlevées", conclut-elle.

Retour de la répression ?

Rappelons que la situation n'est pas nouvelle. Sous Gérard Collomb déjà, la prostitution à Gerland préoccupait. L'ancien maire avait alors mis en place une politique répressive, multipliant les PV et les mises à la fourrière des véhicules. Le groupe Progressistes et Républicains et les deux députés rhodaniens demandent d'ailleurs la mise en place d'un arrêté pour interdire le stationnement des véhicules ne bénéficiant pas d’une "autorisation temporaire et exceptionnelle".

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