Entre peur, honte et psychose, les punaises de lit envahissent notre quotidien. Jonathan Rive, technicien chez Nuisi protect à Lyon, nous fait découvrir les dessous de ses interventions contre ces insectes, devenues de plus en plus fréquentes.
A moins d'avoir vécu ces quatre derniers mois dans une grotte, vous en avez forcément entendu parler. Les punaises de lit, nouvel envahisseur des temps modernes font aujourd'hui peur et une véritable psychose s'est installée autour de ce nuisible qui existe pourtant depuis la nuit des temps. "Depuis au moins cinq ans, on a, chaque année, une augmentation de 20% des interventions autour des punaises" pose en préambule Jonathan Rive, technicien chez Nuisi protect à Lyon. "Depuis la médiatisation du problème, c'est-à-dire depuis cet été, on a eu une hausse d'au moins 50% d'intervention pour des traitements préventifs ", explique-t-il.
"Il n'y a pas plus de punaises qu'il y a un an"
Jonathan Rive, technicien chez Nuisi protect
"Mais en réalité, il n'y a pas plus de punaises qu'il y a un an. La seule différence c'est qu'avec le battage médiatique, les gens touchés se sont réveillés". Ce vendredi matin, c'est au rez-de-chaussée d'un immeuble d'habitation que le technicien a rendez-vous pour une intervention. Une intervention qui doit, comme très souvent quand il s'agit de punaises de lit, être effectuée dans la plus grande discrétion. "C'est vraiment un sujet tabou chez nos clients. Je passe ma vie à me cacher, à mentir aux gardiens d'immeubles ou aux voisins que je peux croiser" rigole Jonathan. Tantôt installateur fibre optique, tantôt plombier… le technicien doit redoubler d'inventivité pour ne pas révéler la raison de sa présence.
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"Il y a une vraie paranoïa qui s'est installée", poursuit-il. Et face à cette paranoïa, l'entreprise a dû s'adapter. "Avant on portait des polos avec notre marque Nuisi protect inscrit en gros, dans le dos. Je passais mes journées à me faire arrêter dans la rue par des gens lorsque je partais chez un client. Maintenant nos polos sont siglés en petit et sur le devant" nous montre le technicien qui exerce depuis 12 ans.
Aucun rapport entre hygiène et punaises de lit
"Et puis les gens ont souvent honte et repoussent le moment de l'intervention" complète-t-il. "La punaise ne fait pas de préférence, elle touche tout le monde. Je vais aussi bien chez des joueurs de foot ou des personnalités très connues à Lyon que chez des personnes aux revenus beaucoup plus modestes. Les punaises de lit n'ont rien à voir avec l'hygiène."
Transports en commun, cinémas, écoles, facultés… aucun lieu ne semble être épargné ces dernières semaines par la présence de ces insectes pouvant mesurer entre 4 et 7 mm à l'âge adulte. Une paranoïa et un climat de suspicion qui peut parfois être problématique pour les professionnels. "Ca m'arrive de venir plusieurs fois dans le même immeuble, chez deux voisins. Je sais qu'il y a plusieurs personnes de l'immeuble touchées mais je ne peux rien dire. Ça peut créer de grosse tension dans le voisinage".
Aujourd'hui, plus de la moitié des interventions concernent les punaises de lit pour Nuisi protect, entreprise créée en 2015. "Chaque année on a un pic entre mai et octobre, période où les gens partent en vacances et durant laquelle ils sont plus susceptibles de ramener les nuisibles chez eux. Mais cette année c'est vraiment particulier" expose le technicien.
"Un taux de réussite de 99%"
Après un premier passage pour poser le diagnostic et détecter, ou non, la présence des punaises, entre un ou deux passages sont nécessaires pour éradiquer le nuisible et permettre au client de retrouver sa quiétude. "On utilise deux techniques différentes en fonction du taux d'infestation et du budget du client : le thermique, qui peut monter jusqu'à 500 euros par pièce et le chimique, moins onéreux, qui coûtera environ 400 euros au client pour un T3" détaille Jonathan Rive.
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Après avoir enfilé son équipement de protection – combinaison intégrale, lunette et masque – Jonathan Rive pénètre au sein du petit studio qu'il va traiter. Le technicien pulvérise en l'espace de quelques minutes des produits chimiques capables de tuer quasiment l'intégralité des insectes. "On a un taux de réussite de 99%. Et très souvent, quand il y a un retour dans les semaines qui suivent, c'est que les voisins directs sont aussi infestés" estime Jonathan Rive. Un deuxième passage dans cet appartement de Villeurbanne, entre 15 jours et trois semaines plus tard, sera nécessaire pour compléter le traitement.
Un véritable business autour de la punaise de lit
Si ce sujet est devenu si présent dans l'espace public, à tel point qu'une réunion interministérielle a été organisée le 6 octobre sur ce sujet, un véritable business autour de la punaise de lit est en train d'émerger. Auparavant une trentaine de société existait en Rhône Alpes pour traiter ce type de nuisible. Aujourd'hui, ce secteur d'activité en compterait plus d'une centaine. "En ce moment 10 sociétés voient le jour chaque semaine dans ce secteur en France" annonce le technicien.
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En plus de la hausse significative de ce type d'intervention depuis quelques mois, Jonathan Rive note également un boom des achats dans sa boutique de Lyon. "De plus en plus de personnes tentent, souvent par manque de moyen, de traiter le problème eux-mêmes. Le chiffre d'affaires de notre boutique dans laquelle on vend des produits grand public testé par nos techniciens, explose depuis cet été".
Selon un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire et de l'alimentation (Anses) publié cet été, un foyer sur dix serait touché par une infestation en France. Ces petits insectes, qui se nichent dans les matelas et se nourrissent de sang en piquant leur victimes dans la nuit, n'ont pas fini de faire parler d'eux.