"L'école automobile lyonnaise" sera à l'honneur du 45 salon Epoq'auto, à Lyon.
À l’occasion de la 45e édition d’Epoqu’auto, la Fondation Berliet met à l'honneur "l'école automobile lyonnaise". En cette fin de 19e siècle, en 1896 exactement, rappelle la Fondation Berliet, 1 186 automobiles sont produites dans le monde : 100 aux Etats-Unis, 750 en France, 250 en Allemagne, le reste se partageant entre la Grande-Bretagne, la Suisse, l'Italie, la Belgique et l'Autriche-Hongrie.
Et les deux grands pôles de développement de ce nouveau mode de locomotion sont Paris ...et Lyon. La ville qui donna naissance à une centaine de marques de véhicules. Le terreau y était favorable : l'abondance de matières premières (charbon et acier du bassin stéphanois, houille blanche du Rhône et des Alpes), un tissu industriel, notamment mécanique, particulièrement dense, la présence de capitaux dus à l'assise financière de soyeux et de banquiers, et la conviction chevillée au corps d'une poignée d'hommes, d'inventeurs qui ont eu conscience de l'importance qu'allait prendre ce nouveau mode de locomotion.
Robustesse et puissance des voitures lyonnaises
On a alors parlé d' "école lyonnaise" – grâce à un important écosystème (carrossiers, carburateurs, , sellerie, équipements pneumatiques, etc.) – réputée pour la résistance de ses voitures, leur excellent freinage, leur légèreté et leur puissance.
"L'écosystème lyonnais est parti de la soie, souligne Philippe Brossette, président de la Fondation Berliet et l'un des nombreux petit-fils de Marius Berliet, parce qu'il y avait la mécanique avec les métiers à tisser, il y avait la chimie avec les colorants. Et d'ailleurs, Marius Berliet a démarré en étant réparateur de métiers à tisser."
"Alors l'école lyonnaise... il fallait passer les cols des Alpes. Il fallait donc des voitures puissantes et fiables. D'ailleurs, Berliet a été choisi par l'American Locomotive Corporation, en 1905, qui cherchait un licencié en Europe parce que c'était des voitures solides, c'était des voitures puissantes et qui, après, ont pu être fabriquées aux Etats-Unis."
A l'occasion du salon Epoq'auto, qui se tient à Eurexpo les 8, 9 et 10 novembre, la Fondation Berliet met à l'honneur ce qu'on a appelé "l'école automobile lyonnaise" qui se caractérisait notamment par la puissance et la robustesse de ses moteurs, la puissance de ses freins. Car à Lyon et dans la région entre les cils des Alpes et les montées et les collines, il fallait pourvoir grimper et... freiner en descente.
Un "monument historique" à Lyon
La Fondation présentera plusieurs modèles :
Camion Berliet M 1910, classé Monument Historique le 2/11/1988 en qualité de représentant de la 1ère génération de camion. Ses organes ont été spécifiquement conçus et fabriqués pour transporter 3 tonnes de charge utile.
Moteur 4,5 l. de cylindrée, 22 HP / radiateur en nids d’abeille / freinage sur boîte de vitesses et essieux.
Landaulet Berliet, AK 4, 1911. Ancêtre du van, il était aussi appelé « coupé docteur » en raison de sa caisse AR qui pouvait accueillir les dons en nature des patients.
Moteur 4 cyl. vertical 70 x 100, 1,5 l. de cyl. /boîte 4 vitesses AV + 1 AR.
Camionnette Rochet-Schneider 12 HP, 1912. Réceptionné aux Mines le 24 décembre 1911, ce châssis a servi de base à des utilitaires légers jusqu’au milieu des années 1920. Le modèle présenté a été restauré dans la configuration des Rochet-Schneider qui ont équipé l’expédition du Général Laperrine Alger-Ouargla et retour en 1920.
Moteur monobloc 4 cyl. 80 x 130, 2 l. de cyl. / transmission par cardan spécial / pont AR à double démultiplication.
Porte-fûts Luc Court, 1911. Retrouvé près de Libourne en Gironde, son plateau constitué de 4 brancards est spécifique du transport de fûts. Luc Court, qui déposa 24 brevets entre 1898 et 1921, construisit des véhicules de 1899 à 1952.
Moteur monobloc 4 cyl. vertical 70 x 140, doté d’un système breveté LC portant sur la commande par culbuteurs des soupapes d’admission placées au-dessus des soupapes d’échappement / boîte 3 vitesses AV + 1 AR.
Autopompe Rochet-Schneider, 1921. Réceptionné aux Mines en octobre 1919, ce modèle de la série 18400 – 40 830 km au compteur – est doté d’un équipement incendie Delahaye. Acquis par la Chocolaterie Menier, il porte l’inscription Ville de Noisiel car c’était le véhicule commun à l’usine et au village, les deux vivant en étroite symbiose.
Moteur monobloc 6 cyl. 100 x 130, 6,250 l. de cyl. /boîte 4 vitesses AV + 1 AR / transmission par cardan.
Roadster Cottin-Desgouttes, 1929. Dotée de la révolutionnaire suspension « Sans Secousse » sur 4 roues indépendantes dont le premier modèle sort en 1925, cette voiture est carrossée dans la configuration du rallye saharien de 1930 Alger-Niger-Alger. Ce périple de 7 000 km est remporté par l’équipe Cottin-Desgouttes à la moyenne de 50 km/h devant les Bugatti, Delage, Hotchkiss, Renault…
Moteur 6 cyl. 65 x 100 / 3 soupapes par cyl. / carburateur Zénith / dynastar Paris-Rhône.
Limousine Berliet, VRD 19, 1933. Offert par la famille lyonnaise Legros, restauré grâce au soutien de la Fondation du patrimoine, Motul, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de 140 souscripteurs, ce modèle a été réceptionné aux Mines le 28 novembre 1932. Sur les 999 fabriqués, NEUF seulement ont été traités « en version de grand luxe et grand tourisme » tel que celui-ci.
Châssis extra-surbaissé / moteur 4 cyl. 90 x 130 / boîte 4 vitesses AV dont 3ème et 4ème silencieuses / servo-freinage sur les 4 roues.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Philipe Brossette
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Philippe Brossette, bonjour.
Bonjour.
Vous êtes président de la Fondation Berliet qui a été créée en 1982 par les descendants de Marius Breliet ,dont vous êtes l'un des petits-fils, et Renault Véhicule Industriel (RVI). Alors si on vous invite ici c'est pour parler d'Epoq'auto. Époque Auto, un salon vous me disiez en amont de l'émission, organisé par des bénévoles pour des passionnés. Epoq'auto, c'est le salon pour les amateurs de vieilles motos et de voitures anciennes. Il se déroule sur trois jours, les 8, 9 et 10 novembre. 95 000 visiteurs se sont déplacés lors de la dernière édition. 1500 véhicules 200 motos seront présentées cette année. Il ya aura le centenaire de la marque MG, un plateau dédié aux voitures japonaises des années 80, un autre sur les voitures rallye et puis, j'en viens à vous, un plateau dédié à la fondation Berliet qui va mettre à l'honneur l'école automobile lyonnaise.
Lyon a été un des gros pôles de développement de l'automobile lyonnaise.
Absolument. De 1895 jusqu'avant la Première Guerre mondiale. Donc ça a été un nombre impressionnant de constructeurs.
Il y avait quoi 100, 150 constructeurs ?
Une centaine, oui. Alors il y en a qui ne faisaient pas beaucoup de voitures mais donc il y en a qui ont survécu après.
Est-ce que parce que effectivement là on parle de constructeurs automobiles mais est-ce que finalement à Lyon à cette époque-là fin 19e il y avait un écosystème ? C'est-à-dire que j'imagine qu'il y a le constructeur mais après il y a des carrossiers, des carburateurs, des selleries, etc.
Alors l'écosystème lyonnais est parti de la soie, parce qu'il y avait la mécanique avec les métiers à tisser, il y avait la chimie avec les colorants. Et d'ailleurs, Marius Berliet, ia démarré en étant réparateur de métiers à tisser.
D'accord donc on peut dire qu'il y avait un terreau sur la matière première il y avait déjà un terreau favorable.
Absolument.
La soie, la chimie, il y avait aussi l'abondance de matière première notamment à Lyon et dans la région à côté stéphanoise, non ?
Oui, bien sûr. Il y avait dans toute la région, disons la possibilité, à Ugines (Savoie, NdlR) par exemple d'avoir de l'acier, d'avoir différentes choses comme ça donc c'est un carrefour Lyon. Et donc il y avait toutes ces matières premières qui étaient disponibles.
Et puis donc, à côté, on l'a dit tissu industriel, matières premières disponible, et puis après j'imagine la conviction de certains hommes de se dire que Lyon on peut innover, construire...
Il y avait des écoles comme l'Ecole centrale lyonnaise, beaucoup de gens étaient là. Et puis il y avait aussi l'Ecole de formation du Rhône. Berliet lui était un élève de la SEPR, la société d'enseignement professionnel du Rhône.
Ce qui fait que finalement, bout à bout, on avait un véritable écosystème qui allait faire de Lyon un des pôles de développement de l'automobile.
Tout à fait. Marius Berliet était à la SEPR où il a un peu étudié la mécanique, il avait un certificat d'études. Et il a appris l'anglais aussi, ce qui l'a servi d'ailleurs, énormément.
On parle d'école automobiles parisienne, d'école automobile lyonnaise. Qu'est-ce qui fait de la caractéristique quelles sont les caractéristiques de cette école automobile lyonnaise ?
Alors l'école lyonnaise... il fallait passer les cols des Alpes. Il fallait donc des voitures puissantes et fiables. Et donc c'était ça. Et d'ailleurs, Berliet a été choisi par l'American Locomotive Corporation, en 1905, qui cherchait un licencié en Europe parce que c'était des voitures solides, c'était des voitures puissantes et qui après ont pu être fabriquées aux Etats-Unis.
Il fallait monter les cols des Alpes mais aussi Fourvière, la Croix-Rousse aussi.
Exactement. Alors qu'ailleurs par exemple côté Paris, on roule à plat.
Oui donc des moteurs moins résistants avec des systèmes de freinage aussi moins puissants...j'imagine
Tout à fait.
Donc, à Lyon, c'est la robustesse du moteur, le système de freinage puissant pour redescendre les cols.Qu'est-ce qu'il y avait d'autre ?
Il y avait une adaptation aux besoins des clients aussi. Il y avait des clients qui étaient très variés et donc ils se sont adaptés à tous ces clients-là.
Alors on va revenir sur Salon Epoq Auto. Vous présentez quelques modèles qui sont assez étonnants. Présentez-nous votre coup de cœur dans tous les modèles sur place.
Alors on a bien sûr disons que dans notre collection de 300 véhicules on a 31 qui sont des voitures lyonnaises ou des camions français. Alors on est sur la voiture lyonnaise à Epoq'auto . On a notre monument historique qui est le véhicule "M" de 1909, qui a été l'un des premiers camions qui roule encore aujourd'hui. y a aussi des gens comme Rochet-Schneider qui était la Rolls de Lyon et on a une autopompe, assez belle qui était donc une autopompe pour la chocolaterie Menier, à Noisiel.