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"Que nos jeunes retrouvent l'Islam du juste milieu"

INTERVIEW - Benaïssa Chana sera le prochain président du conseil régional du culte musulman. Sa priorité : faire en sorte que les jeunes qui ont accès à "des prêches dangereux" sur Internet embrassent une religion de tolérance. Et pour cela, il veut ouvrir le chantier de la formation des imams.

En dépit d'une participation faible, son mouvement l'a emporté ce week-end, avec 86,4% des voix. Benaïssa Chana, chef de file du Rassemblement des musulmans de France d'obédience marocaine sera le prochain président du conseil régional du culte musulman, intronisé le 12 juin prochain. Agé de 47 ans, ce Villeurbannais est père de trois filles. Né à Khemisset, entre Meknès et Rabat, il est arrivé en France en 1985 afin de poursuivre ses études. Ingénieur informatique, il a enseigné à l'université Lyon 2 et lyon 3, avant de créer une entreprise de formation et de conseil en systèmes d'information. Il est depuis directeur France de l'ONG Human Relief Fondation. Il est vice-président du conseil régional du culte musulman depuis 2008.

Lyoncapitale.fr : Un mot d'abord sur votre prédécesseur, Azzedine Gaci. Quel regard portez-vous sur son bilan ?

Benaïssa Chana : Il a fait avec son équipe un travail formidable. Mais ce n'est pas seulement le travail de monsieur Gaci mais de l'ensemble du bureau dont je faisais partie. Tout ce que je dois faire, c'est poursuivre cette action. Assurer la continuité.

Quelles sont les différences entre votre mouvement, le RMF et l'UOIF dont était proche Azzedine Gaci ?

On présente l'Islam modéré, du juste milieu.

Vous êtes centriste ?

Voilà (rires).

Et Azzedine Gaci ne l'est pas ?

Je ne veux pas être accusé de m'être attaqué à Azzedine Gaci. Tout le monde connait les positions de l'UOIF.

Messieurs Gaci et Kabtane ont boycotté le scrutin. Et moins d'un lieu de prière sur cinq a participé au scrutin. Ne souffrez-vous pas d'un manque de légitimité ?

Pourquoi ? On ne va pas les obliger à participer au vote. Il faut participer aux élections pour reformer le système. On n'avait jamais parlé de ce problème de mode de scrutin avant. Il faut poser les problèmes et en discuter. Je suis ouvert pour unir toutes les énergies.

Quelles sont vos priorités pour les mois qui viennent ?

La priorité, c'est la jeunesse. On a besoin que nos jeunes retrouvent l'Islam du juste milieu. Un Islam d'ouverture, de justice, de paix, de fraternité. Or certains qui embrassent l'Islam en font une lecture fausse. Ils trouvent sur Internet des prêches dangereux. Il faut mener un travail de proximité entre le CRCM et les imams. Cela nous conduit à développer leur formation.

Souhaitez-vous la création d'un institut de formation pour imams ?

Il faut voir avec les autorités. Nous n'avons pas forcément besoin d'un institut mais de formations au sein des mosquées.

Parmi les demandes de musulmans, il y a les sites d'abattage pour l'Aïd et les carrés musulmans dans les cimetières…

On va avoir de gros problèmes car les carrés déjà attribués ne vont pas suffire. Beaucoup de jeunes demandent à ce que leurs parents soient enterrés en France. Ils veulent un contact avec leurs défunts.

Quid des aumôniers en prison, dont on dit qu'il en manque beaucoup ?

A Villefranche, 70% des détenus sont de confession musulmane et monsieur Gaci est le seul aumônier. Il en manque aussi à la maison d'arrêt de Corbas et un peu partout.

Faut-il construire de nouvelles mosquées ? Y a-t-il des zones blanches où il en manque ?

Nous allons poser la première pierre de celle de Vaulx-en-Velin, le 25 juin prochain. Mais il y a des problèmes de débordement dans des lieux de prières trop petits, comme à Baraban ou avenue Felix-Faure, dans le 3e arrondissement.

Allez-vous lancer des initiatives pour lutter contre l'islamophobie en recrudescence ?

C'est une action engagée au niveau national par le conseil français du culte musulman.

Pour vous, le dialogue inter-religieux est important, n'est-ce pas ?

Tout à fait. Mgr Barbarin est pour moi un modèle. C'est un homme très ouvert, avec un très gros coeur. Il oeuvre pour le vivre ensemble.

Et le Grand Rabbin ?

J'ai été félicité par la communauté juive. Les Juifs, ce sont nos frères, nous partageons beaucoup de choses. Il faut travailler sur les valeurs de toute l'Humanité.

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