Le maire de Lyon, Grégory Doucet / (Photo by JOEL SAGET / AFP)

Que pense le maire de Lyon du projet de téléphérique ? Grégory Doucet se livre à Lyon Capitale

C'est l'un des gros projets - l'un des plus commentés aussi - inscrits au plan de mandat du Sytral pour la période 2020-2026 : la réalisation d'un transport par câble entre Francheville et Lyon, en passant possiblement par Sainte-Foy-lès-Lyon et La Mulatière, à l'horizon 2026. Ce 2 juin, lors d'un comité de pilotage, le Sytral a proposé 3 nouveaux tracés qui seront soumis à une concertation de mi-novembre 2021 à mi-février 2022. Le maire de Lyon, Grégory Doucet, n'avait pas encore évoqué le sujet publiquement. Il s'exprime longuement dans Lyon Capitale.

Ce projet déchaîne les passions dans l'ouest lyonnais depuis son annonce, mi-décembre 2020. Six mois après l'annonce détonante et très commentée, le Sytral a annoncé ce mercredi 2 juin avoir retenu 3 hypothèses de tracés qui seront soumis à la concertation de mi-novembre 2021 à mi-février 2022.

  • Gare de Francheville - Gravière/Taffignon - haut de Sainte-Foy-lès-Lyon - Perrache (Lyon 2e, métro A)  ou Jean-Jaurès (Lyon 7e, métro B)
  • Gare de Francheville - Gravière/Taffignon - centre de Sainte-Foy-lès-Lyon - La Mulatière - Gerland (Lyon 7e, métro B)
  • Gare de Francheville - Gravière/Taffignon -  sud de Sainte-Foy-lès-Lyon (pour éviter le centre) - La Mulatière - Gerland (Lyon 7e, métro B)

LyonCapitale.fr vous a proposé plusieurs longs articles sur le sujet depuis décembre. A retrouver ici :

Le maire EELV de Lyon, Grégory Doucet, n'a pas encore évoqué publiquement le sujet. N'a pas encore donné son avis sur ce projet. Quel est-il ? Il se confie à Lyon Capitale.

Lyon Capitale : On a très peu entendu, voir pas du tout, le maire de Lyon sur ce projet de téléphérique, qui arrive à Lyon. Grégory Doucet, qu’en pensez-vous ?

GREGORY DOUCET. C’est un projet du Sytral. J’ai laissé le président du Sytral (Bruno Bernard, qui est aussi le président de la Métropole de Lyon) présenter le projet. C’est tout à fait normal que le maire de Lyon n’ait pas cherché à être dans la lumière sur ce sujet dans un premier temps.

Dans un premier temps, certes, mais aujourd’hui trois hypothèses de fuseaux ont été annoncées par le Sytral. Tous les fuseaux arrivent à Lyon... Quelle est votre position ?

Ma position est simple. Lyon est une ville très particulière, avec une topographie et une géographie vraiment très particulière. On a deux grands cours d’eau, des lignes ferroviaires et des reliefs importants. Autant d’obstacles pour lesquels le franchissement n’est pas simple, notamment quand il s’agit d’établir des tracés de transports en commun.

On sait qu’on a besoin de mieux desservir l’ouest lyonnais, qu’on a besoin de connecter au cœur de la Métropole l’ouest lyonnais qui aujourd’hui – j’enfonce une porte ouverte en disant cela – est mal accroché au cœur de la Métropole. Pas seulement la ville de Lyon, mais aussi Villeurbanne etc.. On sait que c’est un besoin. Maintenant, la question est : comment on le fait ?

Explorer une technologie qui a pu être mise en place dans un certain nombre de grandes villes, soit des projets réalisés, soit des projets en cours - je pense en particulier à la ville de Toulouse qui vous devez le savoir est engagée sur un projet de transport par câble - ça me parait tout à fait pertinent. Non pas de le réaliser avec certitude, mais de l’explorer. De rechercher de nouveaux moyens innovants pour pouvoir permettre le déplacement en nombre très important depuis l’ouest lyonnais de personnes pour rejoindre le cœur de la Métropole. Ca me paraît totalement pertinent de lancer cette exploration.

Le choix fait par le président du Sytral et de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, de soumettre à la concertation les trois fuseaux mais aussi l’opportunité du projet, je trouve ça extrêmement pertinent. C’est ce qui fallait faire. Aujourd’hui, on explore. Si les résultats de la concertation confirment la pertinence d’aller implanter un transport par câble, allons-y. Il restera à choisir les emplacements des pylônes de manière à ce qu’ils soient les plus respectueux du paysage, des habitations. Sur le principe, je pense que c’est une excellente idée que d’explorer.


"J'ai une préférence pour le tracé nord"


Que pensez-vous des trois hypothèses de fuseaux retenus ?

Les deux options du fuseau (nord) arrivant soit à Perrache (Lyon 2e), soit à Jean-Jaurès (Lyon 7e) me paraissent intéressantes. C’est difficile aujourd’hui de vous dire vers quel fuseau ma préférence irait. Il faut rentrer dans le détail des emplacements pour voir comment s’insérerait ce transport par câble. Les deux options présentent des intérêts manifestes. Relier l’ouest à Perrache, ça permet aux gens d’arriver directement dans une grande gare, en plus desservie par les transports en commun lourds et de se rediriger facilement dans la ville. Arriver à Jean-Jaurès, ça connecte aussi très bien à la ville (et au métro B). D’autant plus que le quartier des Girondins est un quartier en plein renouvellement, avec par exemple l’arrivée de l’EM Lyon prochainement. Pour ce quartier, avoir un mode de transport supplémentaire présente un grand intérêt.

Et les deux fuseaux qui iraient à Gerland, dans le 7e ?

Gerland est aussi un quartier en train de bouger. Pourquoi pas. Vous aurez presque, à demi-mots, compris que j’ai une préférence pour le tracé jaune (rires) (le tracé jaune est le tracé qu'on pourrait appeler "nord", NDLR)

Le tracé jaune, s’il arrive à Jean-Jaurès (Lyon 7e) survolerait le quartier de Confluence, ce n’est pas un problème ?

Il faut voir où ça arrive mais non je ne crois pas que ce soit un problème.

Le maire de Lyon, Grégory Doucet / (Photo par Joël Saget, AFP)

Depuis son annonce, fin décembre 2020, un enjeu revient beaucoup dans les différentes prises de parole : l'acceptabilité de la population pour ce projet. Faudra-t-il une véritable acceptabilité de la population pour réaliser ce projet ?

Le président de la Métropole de Lyon et du Sytral l’a dit. La concertation, elle a besoin d’être rigoureuse, approfondie, d’objectiver les besoins, d’informer aussi. Vous parlez d’un niveau d’acceptabilité nécessaire, j’en conviens. Bien évidemment. Pour l’instant, on n’a encore donné que très peu d’éléments à voir. Bruno Bernard l’a répété, c’est sur l’opportunité même du projet que la concertation va porter. C’est maintenant que les choses commencent. Les premiers émois qui ont été entendus ici et là dans la presse et certaines personnes se sont positionnées tout de suite comme étant des opposants, on en prend acte. Mais pour l’instant, on ne peut pas se référer uniquement à ces premières expressions pour se faire un avis. Entendons aussi les gens pour lesquels c’est important de pouvoir être "transportés" de l’ouest vers le cœur de la Métropole.


"Mon avis n'est pas complètement arrêté, je suis plutôt favorable au principe"


J’ai entendu le maire de Francheville, Michel Rantonnet (LR), mercredi (le 2 juin) s’exprimer de manière extrêmement enthousiaste pour le transport par câble, il a rappelé à quel point le Sytral avait une expertise approfondie en matière de concertation publique. La commission nationale du débat public est mobilisée sur le sujet. On réunit tous les éléments pour que la concertation se passe bien et pour qu’un avis solide puisse être donné. La méthode posée me paraît garantir un résultat - s’il est favorable au transport par câble - qui aura aussi intégré la notion d’acceptabilité. On pourra la mesurer. Je suis très rassuré par la méthode, je suis intéressé globalement par la démarche.

Mon avis n’est pas complètement arrêté parce qu’encore une fois, j’ai besoin moi-même, même si j’ai participé au comité de pilotage mercredi (le 2 juin) de continuer à creuser. Mais je ne suis pas en opposition de principe. Je suis plutôt favorable de principe. Et je cherche à en savoir plus, et aussi à discuter de ces éléments avec les acteurs et les élus concernés aussi sur la ville. Il y aura assurément des discussions à avoir avec la maire du 7e arrondissement (Fanny Dubot, EELV), le maire du 2e (Pierre Oliver, LR), la maire du 5e (Nadine Georgel, EELV) si jamais un tracé devait passer par là.

Le maire du 2e arrondissement de Lyon, Pierre Oliver, s’émeut aujourd’hui de ne pas avoir été invité au comité de pilotage du Sytral alors qu’une hypothèse de fuseau passe clairement dans le 2e arrondissement...

Je ne suis pas responsable des invitations du Sytral. Le maire du 2e aura de toute façon, comme tous les autres acteurs, l’occasion d’être impliqué. Vous savez, la maire du 5e n’était pas non plus dans le tour de table mercredi. On ne connaît pas le tracé définitif, il pourrait être possible que l’un des tracés passe par le 5e. La concertation ne fait que commencer. Les informations vont être données. Dire « aïe » avant d’avoir mal, ça ne me semble pas la bonne posture à adopter aujourd’hui.

© Antoine Merlet / Simulation Lyon Capitale

Vous citez le maire de Francheville, en effet favorable à ce téléphérique, ce n’est pas le cas des autres maires des communes directement concernées par les fuseaux, notamment à Sainte-Foy-lès-Lyon et La Mulatière, est-ce que vous comprenez les réticences et les inquiétudes ?

Les maires de Sainte-Foy-lès-Lyon (Véronique Sarselli, LR), de La Mulatière (Véronique Déchamps, LR), d’Oullins (Clotilde Pouzergue, LR) se sont en effet exprimées lors du comité de pilotage (mercredi 2 juin) en disant qu’elles étaient opposées au projet. Est-ce que ça reflète l’intégralité de leur conseil municipal ? Je n’en sais rien. Le processus de concertation ne fait que commencer. Avoir un avis définitif me semble pour le coup prématuré. En tout cas, moi je réserve le mien. Même si je pars avec un a priori plutôt favorable. Mais je comprends que certaines personnes puissent être inquiètes, c’est nouveau. Certains sont inquiets par la nouveauté, même si pour le coup ce n’est pas nouveau.


"Je dis : pourquoi pas, explorons"


Pour bien comprendre votre pensée, vous êtes plutôt favorable dans l’idée mais avec quelques réserves ?

Je trouve que c’est un mode de transport en commun innovant et intéressant par nature. Je suis très en confiance par la méthode de concertation qui a été posée. Je dis : « pourquoi pas », « explorons ». Si les questions qui peuvent poser problème, vous parliez d’acceptabilité, ça en est une, mais aussi l’implantation dans le paysage, l’efficacité en matière de transport, si sur tous ces sujets on a des réponses, allons-y. Ce ne sont pas des réserves, on n’a pas encore tous les éléments.

Grégory Doucet et Bruno Bernard © Antoine Merlet
Grégory Doucet et Bruno Bernard © Antoine Merlet

Monsieur Doucet, si la majorité des habitants de Sainte-Foy-lès-Lyon, de La Mulatière ou de Lyon 2e par exemple ne veulent pas de ce transport par câble, est-ce qu’on peut faire un tel projet sans que les habitants concernés ne soient d’accord ?

Vous êtes en train d’inventer des règles qui n’ont pas été posées. Ce qui a été dit, c’est que c’était une concertation d’ensemble où on interrogeait l’ensemble des populations concernées. Il faudra tenir compte des avis des habitants de La Mulatière comme il faudra aussi tenir compte des avis des habitants de Francheville etc… Arrêtons d’opposer les gens les uns contre les autres et voyons l’intérêt général dans la globalité. Et sur la base des informations qui auront été transmises. Faisons un peu confiance à l’intelligence collective plutôt que de se dire « si untel n’est pas d’accord, est-ce que vous allez le mettre en face d’untel qui est d’accord », on n’en est pas là pour le moment. Il n’y a pas besoin de fixer cette règle-là, qui viserait à monter les gens les uns contre les autres, ça n’a pas de sens. Ce n’est pas ça le sens de la concertation. Quand on parle de co-construction, et on en parle souvent, on définit des règles qui visent à chercher le consentement, le consensus et pas à définir des règles qui d’emblée poseraient des clivages, c’est justement ce que l’on veut éviter.

Un processus a été posé mercredi (le 2 juin) lors du comité de pilotage. Il y a eu des garanties de transparence. Je trouve que la façon dont la concertation a été posée est exemplaire. Les choses ont été faites proprement, dans les formes. Avec un comité de pilotage, puis une conférence de presse (du président du Sytral). Franchement, je trouve qu’on devrait se réjouir de la façon dont les choses sont posées. Alors oui, il y a eu un peu de bruit avant qui a été fait, car des informations ont été glanées ici ou là, il y a eu des bruits de couloirs, mais ce qui m’intéresse c’est ce qui a été posé. Le Sytral fait très bien le job. Et pose un processus de concertation que je considère moi rigoureux, très ouvert. Je me réjouis de pouvoir continuer à creuser le sujet, y compris avec les élus lyonnais, pour qu’on puisse explorer les avantages et les contraintes de ce mode de transport en commun, que je trouve vraiment intéressant.

Vous avez déjà parlé avec les élus lyonnais de ce projet, quel est le sentiment général ?

J’en ai parlé mercredi (le 2 juin) avec la maire du 7e, c’est tout. Non, je n’en ai pas parlé avec les autres élus de ce projet puisque les informations, je les ai recueillies mercredi.

 

Lyon Capitale vous proposera ce vendredi 4 juin un vaste recueil des réactions d'élus de Francheville, de Sainte-Foy-lès-Lyon, de La Mulatière, d'Oullins et de Lyon 2e sur ces trois hypothèses de fuseaux présentées par le Sytral le 2 juin.

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