Sanofi a reconnu un "échec" dans le développement de son vaccin anti-Covid
Siège mondial de Sanofi-Pasteur à Gerland© Camille Padilla

Quel avenir pour les salariés de Merial ?

L'annonce est tombée mi-décembre, juste avant les fêtes de Noël : Sanofi va vendre Merial, le n°1 de la santé animale à Boehringer Ingelheim, un laboratoire allemand. Un cadeau empoisonné pour les 1300 salariés de la région lyonnaise ?

Dans le marché international des laboratoires pharmaceutiques, comme dirait Nicolas Sarkozy, ce n'est pas "passe-moi la salade, je t'envoie la rhubarbe"* mais plutôt "passe-moi tes traitements contre la toux, je te vends mes vaccins pour les animaux". Le groupe Sanofi a annoncé qu'une transaction était en cours et "consisterait à échanger l'activité santé animale de Sanofi (Merial) valorisée à 11,4 milliards d'euros, contre l'activité santé grand public de Boehringer Ingelheim, valorisée 6,7 milliards d'euros". Au passage, petite cerise sur le gâteau, Sanofi récupérerait 4,7 milliards d'euros de cash-flow.

Mais quid des 1950 salariés de Merial en France, dont les 3/4 sont à Lyon ? L'inquiétude monte au siège mondial, à Gerland, mais aussi dans ses cinq sites, dont le centre de recherche de Saint-Vulbas, l'usine de vaccins de Saint-Priest et celle de conditionnement de Lentilly. "Il y aura forcément des doublons, notamment dans les fonctions des salariés du siège à Lyon : les ressources humaines, le juridique, le marketing, les achats ou la paie, redoute Jérémy Padilla, délégué CGT et technicien de production sur le site de Saint-Priest. On craint aussi des externalisations pour nos usines de Saint Herblon (Loire-Atlantique) et de Toulouse car Boehringer a délocalisé ses sites pharmaceutiques."

Dans un communiqué, Sanofi a assuré pourtant que "Lyon deviendrait un centre opérationnel clé de l'activité santé animale de Boehringer Ingelheim" et qu'il "s'engagera à conserver les opérations commerciales, les centres de R&D et les centres de production en France".

Se séparer de Merial est une hérésie

La CGT condamne ces choix "sans aucune finalité industrielle". "Pourquoi vendre Merial, c'est l'entreprise de santé animale la plus rentable du marché ? Olivier Brandicourt ne voit pas de synergies pourtant la rage, la grippe aviaire, la fièvre hémorragique ou encore la maladie de Lyme sont des maladies transmissibles à l'homme. Et 60% des agents pathogènes qui touchent l'homme proviennent de l'animal domestique ou sauvage. Se séparer de Merial est une hérésie. La direction possède une vision purement financière et à court terme", tempête Thierry Bodin, coordonnateur pour la centrale syndicale.

Un regroupement annoncé avec tambours et trompettes

Depuis 2012, Merial a été intégré au groupe Sanofi. Un siège social flambant neuf est même en cours de construction, avenue Tony Garnier, à Gerland, et doit sortir de terre en 2017. Le grand "campus" Sanofi devait regrouper trois bâtiments Sanofi-Pasteur et un Merial. Annoncé depuis deux ans, avec tambours et trompettes, le campus qui "vis(ait) à stimuler l’innovation en favorisant les échanges entre les équipes tertiaires (1700 salariés) des différentes entités de Sanofi à Lyon" aura fait "pschitt". Et Sanofi va se retrouver avec un bâtiment en trop sur les bras...

Pour le moment, la transaction est prévue au quatrième trimestre 2016.

* L'ancien chef de l'Etat avait défrayé la toile en assénant, sur le plateau du JT de France 2, une expression légèrement écornée. La véritable expression étant "Passez-moi la rhubarbe, je vous passerai le séné".
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