L’Observatoire partenarial de l’habitat présentait hier soir les dynamiques du marché immobilier dans l’agglomération lyonnaise pour 2018, à contre-courant des rumeurs qui ont pu circuler.
Ascenseurs dernier cri, bureaux modernes et vue vertigineuse depuis le 23e étage de la tour Part-Dieu, bienvenue dans les locaux de l’Agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise. Hier soir, son président, Michel Le Faou, présentait les tendances du marché immobilier du parc existant dans l’agglomération lyonnaise pour 2018, en présence de Maître Pierre Bazaille, de la chambre des notaires du Rhône. Les données ont été recueillies dans le cadre de l’Observatoire partenarial de l’habitat, un dispositif créé en 2010 par la métropole de Lyon, le Sepal (Syndicat mixte d'études et de programmation de l'agglomération lyonnaise) et l’État, et animé par l’Agence d’urbanisme. “Il est important de démystifier les chiffres, pour que le marché fonctionne sainement et ne pas tromper les acquéreurs dans leur prise de décision”, commence d’emblée Michel Le Faou. “Dans la presse, on a parlé d’une explosion des prix à Lyon, mais ça cache la réalité, renchérit Maître Bazaille. On souhaite présenter les vrais chiffres, c’est-à-dire ceux des notaires”. En effet, depuis les 1er janvier 2017, ceux-ci sont dans l’obligation d’alimenter une base de données avec les actes de vente réalisés, ce qui permet de dégager certaines dynamiques du marché immobilier dans l’agglomération lyonnaise en 2018, pour le parc existant.
Un tassement des ventes et des prix
Au niveau national, 2017 a été une année record avec au total 970 000 ventes réalisées sur douze mois glissants, contre 830 000 en 2016. Cependant, les notaires ont constaté un tassement des ventes depuis le début de l’année et prévoient un volume total de 920 000 ventes en 2018, inférieur à celui de l’an dernier. Dans le département du Rhône, 40 000 ventes ont été recensées sur un an, dont la grande majorité concentrée à Lyon. Des ventes qui se sont également tassées dans le département début 2018. Au niveau des prix, et contrairement à l’inflation annoncée, Maître Bazaille fait état d’un “assagissement” du marché, voire d’un recul des prix sur les premiers mois de 2018, avant une reprise en mars. Du 1er mai 2017 au 30 avril 2018, le prix médian au m2 des appartements a augmenté de 4 % dans le Rhône et la métropole et de 8 % à Lyon. L’évolution a été plus ténue pour les maisons avec une augmentation de 4,5 % du prix médian à Lyon contre seulement 0,9 % dans la métropole et même une légère baisse de 0,1 % dans le département. Le notaire annonce une évolution des prix au m2 des maisons à la baisse dans les années à venir, y compris dans l’ouest de la métropole. “Une progression des prix en lien avec la dynamique du territoire, importante sur quelques quartiers de Lyon, mais sinon plutôt légère”, résume-t-il.
Un classement des quartiers étonnant
À Lyon, les quartiers les plus chers restent sans surprise la Presqu’île et Tête d’or, avec un prix au m2 médian de respectivement 4 850 et 4 830 euros. Le plateau de la Croix-Rousse a quant à lui chuté de la 3e à la 11e place du classement, à l’inverse des pentes qui se hissent en 5e position avec un prix médian au m2 de 4 390 euros. Il faut noter la performance du quartier Charlemagne, auparavant classé dans les quartiers les moins chers aux côtés de La Duchère, et maintenant en 10e place du classement des quartiers les plus chers, devant le plateau de la Croix-Rousse et avec un prix médian au m2 de 4 230 euros. Quant aux quartiers les moins chers, c’est-à-dire dont le prix médian au m2 est compris entre 2 000 et 3 400 euros, c’est La Duchère qui domine le classement avec le prix médian le plus bas, soit 1 980 euros, le seul à avoir connu une baisse sur un an. À la 3e place, on trouve avec surprise le quartier Point du jour, qui chute dans le classement en raison d’un problème d’accessibilité.
Un marché fiable
“Non, les Parisiens n’envahissent pas Lyon !”, s’exclame Maître Bazaille en souriant. En effet, le marché immobilier lyonnais bénéficie d’une dynamique endogène, 60 % des biens étant acquis par des locaux. À l’échelle de la métropole, ce chiffre s’élève à 91 % d’acheteurs issus de Lyon, du département du Rhône ou de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Quant aux acquéreurs franciliens, ils ne représentaient en 2017 que 4 % contre 12 % pour Bordeaux par exemple. Un indicateur de la fiabilité du marché lyonnais et de la confiance que lui portent nos concitoyens pour le notaire. Une affirmation qui se vérifie également au niveau de la durée de détention des biens, qui s’allonge depuis 2008. Ainsi, la durée de détention d’un appartement est passée de 8 ans et 10 mois en 2008 à 10 ans et 10 mois en 2018. Idem pour les maisons, que leurs propriétaires gardent non plus 11 ans et 8 mois comme en 2008, mais désormais jusqu’à 13 ans et 4 mois. “Le marché de Lyon n’est pas un marché spéculatif”, conclut le notaire. À Lyon, les acheteurs peuvent réaliser un parcours immobilier digne de ce nom : “C’est l’avantage de Lyon, les prix ne baissent pas donc il est facile d’acheter et de revendre plus cher”, explique-t-il. De ce fait, l’âge moyen d’accession à la propriété reste assez stable à Lyon : en 2017, 16 % des primoaccédants avaient moins de 30 ans, contre 15 % en 2012 et 20 % en 2007.
Où investir à Lyon ?
“Quand on me demande où il faut investir à Lyon, je dis à Gerland”, affirme Maître Bazaille. Selon lui le quartier, pour l’instant à la 7e place du classement des quartiers les moins chers avec un prix médian au m2 de 3 320 euros, pourrait connaître le même succès que le quartier Charlemagne. En effet, l’ancienne règle des “3 E” pour Emplacement, Emplacement et Emplacement, s’est aujourd’hui transformée pour laisser place, en plus de l’Emplacement, à l’Écologie et l’Économie, ceci expliquant la performance du quartier Charlemagne, véritable bassin d’emploi à côté de Confluence. Pour le notaire, le quartier de la Part-Dieu, en pleine mutation, est également à surveiller pour de potentiels investisseurs…