Serment du jeu de paume

Quelques signes

Plus du quart des étudiants souhaitent s’expatrier. Les start-up se constituent à Bruxelles. Les détenteurs de patrimoine s’expatrient, à tout le moins placent en toute légalité (ou non) leur fortune à l’étranger. Le marché des résidences secondaires s’écroule car les étrangers s’en vont, vendent ou en tout cas n’achètent plus. Les dépenses publiques battent tous les records, il en va logiquement de même pour les prélèvements fiscaux et sociaux. Le chômage explose. Un syndicat de gauche (c’est un pléonasme) manifeste contre le Parti socialiste et se déclare trahi. La cote de popularité de Hollande s’effondre.

Que fait-on face à ces signes inquiétants, dévastateurs ?

Ce 16 avril seront publiés les patrimoines des ministres, ce sera bientôt le tour des parlementaires – s’ils votent la mesure, ce qui n’est pas sûr. Nous nageons dans une sorte de démagogie glauque à la limite de la vulgarité et en tout cas lourdement inefficace.

Imaginons un seul instant que Jérôme Cahuzac soit toujours au gouvernement, qu’il n’ait pas encore été découvert. Il rédigerait évidemment sa déclaration de patrimoine : son ou ses comptes off shore y figureraient-ils ?

En réalité, tout le mal vient de ce que nous vivons sous une imposture idéologique, celle de l’égalité. Mais l’égalité révolutionnaire n’a rien à voir avec l’aspiration irréaliste de nivellement des revenus et des patrimoines. L’égalité prônée et instaurée par la révolution était l’égalité devant la loi et devant l’impôt, en l’occurrence la suppression des privilèges de l’aristocratie et de l’Église, le 4 août 1789, c’est de cela qu’il s’agissait, de rien d’autre.

La publication des patrimoines de nos gouvernants (la question posée est bien celle de la publication et non de leur contrôle, qui est légitime) relève de ce syndrome actuel d’égalité dévoyée ; pis encore, la mesure l’entretient.

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