On attendait des trublions pour perturber le duel Collomb - Perben annoncé depuis 4 ans. On n'aura que le duel sans les trublions. Quelle différence avec 2001 ! Il y a 7 ans, la campagne avait été passionnante. La rédaction de Lyon Capitale s'était pleinement engagée. Il y avait deux bons candidats, Gérard Collomb (PS) et Henry Chabert (RPR), qui tous deux incarnaient alors l'émergence et le renouveau, ou au moins une certaine alternance. On savait aussi de qui on ne voulait pas : Bruno Gollnisch (FN) et Charles Millon, le couple infernal de l'affaire régionale de 1998. On avait aussi nos chouchous, les petites listes "aiguillons" comme "Dessine-moi le premier", "Participation citoyenne" ou "à gauche autrement", qui réunissait les rares "gauchistes" de la ville... Il y avait enfin Michel Mercier (UDF), empêtré dans une campagne maladroite, à la tête d'une droite un peu perdue. Et encore les jeux de l'ombre de Raymond Barre... Le cocktail a été épatant. Chaque jour a amené ses rebondissements : la chute de Chabert, la percée de Millon, qui a fait de loin la meilleure campagne, l'échec de Mercier, l'alliance Millon-Dubernard au milieu de la nuit, les négos ratées de Collomb avec les "petites listes"... et enfin, la victoire historique de la gauche. La qualité des programmes, surtout de Millon et Collomb, avait donné lieu à des débats houleux sur la voiture en ville, la garde des enfants, les lieux de nuit...
En lisant ces quelques lignes, vous sentez un peu de nostalgie ? Ce n'est pas faux. À part quelques notables qui veulent savoir s'ils garderont ou gagneront un poste, qui s'intéresse vraiment à 2008 ? À force de voir Collomb draguer à droite et Perben zieuter à gauche, on ne sait plus ce qui les différencie sur le terrain local. "Rayonnement", "développement durable", "dialogue social", "humanisme"... les mots sont les mêmes, le débat se perd dans des détails techniques. Perben et Collomb ne se ressemblent pas, mais on cherche encore à déceler les vrais clivages. C'est bloc contre bloc, mais il n'y a pas de débat. Quant à Millon et Gollnisch, ils ont disparu du champ de bataille, et avec eux la dramaturgie de 2001.
Alors on espérait beaucoup des agitateurs : les Verts Etienne Tête ou Pascale Bonniel-Chalier, les Modem Anne-Sophie Condemine ou Azouz Begag, À gauche autrement, l'aile gauche du PS... Ils se sont couchés avant même de livrer bataille. Pourtant l'alliance Perben-Millon ouvre un boulevard à un centriste. Et le sarkozysme de Collomb crée forcément de l'espace à sa gauche. Les "grandes gueules" ont renoncé. L'espace politique est toujours là. Les municipales sont propices à toutes les surprises, un candidat peut se révéler en quelques semaines. On sent que cette campagne attend celui ou celle qui saura la secouer. Alors, qui se dévoue ?
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