Cette fois-ci les étudiants sont appelés à se mobiliser contre la loi votée en août dernier qui prévoit l'autonomie des universités. A l'exception notable de l'Unef, ce sont toujours les militants anti-CPE qui poussent à l'abrogation de la loi, dans leur fief de Lyon 2. Ils reprochent à la ministre Pécresse de préparer une privatisation rampante de l'université avec l'arrivée des financements privés dans le fonctionnement de l'université qui auraient comme conséquence la suppression des filières et des facs non-rentables.
Les dissidents de l'Unef
C'est le groupe de militants les plus nombreux et parmi les plus actifs de cette mobilisation. Regroupés au sein de la Tendance pour une Unef Unitaire et Démocratique (TUUD), ils représentent 15% de l'Unef, et une quinzaine de membres actifs à Lyon. Contrairement à la majorité, la TUUD s'est positionnée contre la loi sur l'autonomie. On les retrouve notamment à la tribune des AG, haut lieu stratégique pour mener les débats et prendre les décisions. Les tensions sont vives avec la majorité de l'Unef même si la présidente lyonnaise Elsa Ferri-Battini minimise : "il y a une seule position de l'Unef. Ces personnes agissent en leur nom propre au sein des comités de mobilisation". Mais la majorité de l'Unef ne voulant pas se faire dépasser sur le terrain revendicatif par des forces politiques concurrentes, tente une incompréhensible dialectique : désormais l'Unef se mobilise, mollement, pour des aménagements de la loi mais non pour son abrogation. "On est contre la loi sur l'autonomie mais, aujourd'hui, le retrait de la loi n'est pas atteignable, explique Elsa Ferri-Battini. Mais on peut se battre pour l'amélioration des conditions de vie des étudiants".
Les communistes
Recréé il y a six mois à Lyon par des anciens du mouvement anti-CPE, l'Union des Etudiants Communistes (organisation politique proche du PC), revendique une dizaine de militants actifs. "Face aux attaques globales du gouvernement, on doit d'abord mettre en avant les revendications des étudiants puis faire le lien avec les autres mouvements sociaux", explique Augustin Pesche, 20 ans, étudiant en Master 1 d'urbanisme et principal animateur de l'UEC à Lyon.
Un autre groupe, l'"Union pour le communisme", d'une dizaine d'individus défend une approche plus "révolutionnaire" où les mots d'ordre étudiants ne sont qu'une partie des revendications. A l'origine notamment, on retrouve Alexandre Maupin, l'une des figures des mouvements étudiants de ces dernières années. A 23 ans, il tente de lancer une nouvelle mobilisation. "Le système capitaliste est à bout de souffle. Un changement radical est nécessaire par la grève générale".
Les trotskystes
A l'entame de ce mouvement, les trotskystes, moins nombreux que leurs camarades communistes, se montrent moins actifs que pendant le CPE. Ils sont une dizaine au total, la moitié à la LCR et l'autre à Lutte Ouvrière, fraction l'Etincelle. Ces derniers ont un fonctionnement autonome de LO en défendant une action commune avec les autres militants d'extrême gauche.
Les libertaires
Les militants libertaires représentent une quinzaine de personnes. Autrement appelés "autonomes", ils ne sont, comme leur nom l'indique, rattachés à aucune organisation, même si certains sont proches du syndicat CNT (Confédération Nationale du Travail). Moins sur le devant de la scène, ils sont les premiers à passer à l'action pour monter les "barricades" dans la rue ou pour bloquer les salles de cours. Ils ont d'ailleurs fait basculer le vote en faveur du blocage de la fac de Bron, lundi 12 novembre. Très actifs contre les mesures "sécuritaires", ils s'en étaient pris aux grilles et caméras de vidéo-surveillance fraîchement installées sur le campus de Bron. Trois personnes avaient été arrêtées en février dernier pour des dégradations.
Les syndicalistes
Deux syndicats, très proches l'un de l'autre, SUD (Solidaires, Unitaires et Démocratiques) et la FSE (Fédération Syndicale Etudiante) comptent aussi sur le succès de ce mouvement pour tailler des croupières à l'Unef. Leurs effectifs ont fortement augmenté avec le CPE même s'ils restent faibles : une vingtaine au total. Surtout, ils rêvent de faire la jonction avec les autres mouvements sociaux et marginaliser l'Unef considérée comme "corporatiste". A Lyon 2, l'avantage est à la FSE par rapport à SUD, notamment avec la présence au conseil d'administration de l'université de Samy Dichy, 21 ans, l'une des figures du mouvement anti-CPE.
Premiers blocages
Ils étaient 500 en AG jeudi à voter un premier jour de blocage du campus de Bron (Lyon 2), le lundi 12 novembre. Le jour-J venu, ils se sont retrouvés à 100 pour dresser des barricades de chaises et de bureaux pour finalement ne bloquer qu'une partie du campus. Le même jour, ils étaient cette fois-ci 1200 (toujours selon les étudiants), à revoter le blocage à l'appel de l'ensemble des mouvances politiques, exception faite de l'Unef qui ne fait que "soutenir". Une nouvelle AG est prévue lundi 19 septembre. Les meneurs pouvaient laisser éclater leur joie de voir enfin partir le mouvement. Les étudiants de Lyon 1 doivent se prononcer mardi midi et ceux de Lyon 3, jeudi à 13h. Une manifestation est prévue mercredi à 13h, au départ de la place Bellecour.
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