Rachida Dati présente sa "prison du 21ème siècle"

Accueillie à la prison Saint-Paul (Perrache) par une pluie d'insultes proférées par des détenus, Rachida Dati ne s'est pas démontée. Elle s'est même fendu d'un bref échange avec un prisonnier par sept fois multirécidiviste, auquel elle a donné des conseils pour obtenir enfin un bracelet électronique. "L'objectif de cette loi est de désengorger les prisons, en privilégiant notamment les aménagements de peines", a-t-elle ainsi rappelé. Le concept de "prison hors les murs" entre pour la ministre dans un "grand projet de réforme", dans lequel les magistrats lyonnais sont d'ores-et-déjà apparus comme de bons élèves. Le taux d'aménagement des peines est de plus de 18% à Lyon contre 10% pour la moyenne nationale. Autre cheval de bataille de la ministre et autre moyen, selon elle, de répondre au problème de surpopulation : la construction de nouvelles prisons. C'est donc avec une certaine satisfaction que Rachida Dati a ensuite visité le chantier quasi abouti du futur centre pénitentier de Corbas, qui remplacera les vétustes maisons d'arrêt Saint-Paul, Saint-Jospeh et Montluc. Des cellules individuelles avec sanitaires et patères anti-suicide, mais aussi une unité de soins médicaux, des lieux d'accueil pour la famille, il s'agit ici pour Rachida Dati d'"un lieu de détention digne et moderne". "C'est la prison du 21è siècle", a-t-elle finalement conclu.

En marge de la visite, Jean-Olivier Viout, procureur général de Lyon, a quant à lui confié qu'il se batterait "contre les matelas posés à même le sol" dans les cellules, afin de parvenir à l'un des principes du projet de loi, "un détenu/une place". Si Rachida Dati assure se soucier particulièrement des personnes incarcérées, elle a toutefois réaffirmé sa position par une sentence claire: "personne n'est en prison par hasard". Et si les nouvelles maisons d'arrêt de la région seront donc plus modernes, les syndicats de personnels pénitentiaires sont loin d'être convaincus. "La ministre n'a pas pris en compte nos propositions dans son projet, estime Eric Colin, représentant de l'UGSP-CGT-pénitentiaires à Lyon. Rien n'a été pensé pour nos conditions d'exercice et pour que l'on fasse enfin un travail de réinsertion aurpès des détenus." De la même façon, Emmanuelle Perreux, présidente du syndicat de la magistrature, juge ce projet de loi "insuffisant, bien loin de la grande réforme pénitentiaire tant attendue". Les syndicats doivent être prochainement reçus par la garde des sceaux, et par les parlementaires socialistes avant que l'assemblée nationale ne débatte sur la question, en octobre prochain.

Dalya Daoud

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