Le climat et l’adaptation au réchauffement climatique ne sont encore que très peu pris en compte dans les documents d’urbanisme. Pourtant des solutions existent. Tour d’horizon rafraîchissant.
Modifier le climat
Pour rafraîchir l’atmosphère, un prix Nobel de chimie, Paul Crutzen, avait proposé, il y a une dizaine d’années, d’y injecter artificiellement un million de tonnes de soufre chaque année. Selon lui, il suffisait d’envoyer des ballons gonflés à l’hélium remplis de soufre (sous forme d’hydrogène sulfurisé) à une vingtaine de kilomètres au-dessus de la Terre. Là-haut, en réaction avec l’oxygène de l’air, le soufre produisait de l’eau et du dioxyde de soufre (SO2). En se condensant, les molécules de SO2 formaient de petites particules micrométriques qui ont le pouvoir d’absorber et de réfléchir le rayonnement solaire, entraînant ainsi une diminution de quantité d’énergie solaire jusque sur la Terre. Coût du lâcher de ballon : 25 milliards de dollars tout de même. Si l’idée est tombée aux oubliettes, il n’en reste pas moins que les chercheurs du monde entier réfléchissent toujours à changer le climat. Parmi les solutions étudiées via la géo-ingénierie : sulfuriser l’air pour bloquer les rayons du soleil ou encore alcaliniser les océans pour engloutir le CO2. Dans une étude publiée fin 2018 sur ces alternatives, plusieurs scientifiques soulignent les “controverses” liées à la “manipulation pour améliorer - l’adaptation biologique et écologique”. Apprentis sorciers ?
La tour à vent
À Masdar, ville qui se veut durable et intelligente, dans l’émirat d’Abou Dabi, les architectes ont construit une tour creuse posée sur des piliers d’acier, à l’intérieur de laquelle un cylindre vertical de six mètres de large s’élève sur cinq étages. La tour avale le vent chaud par son sommet, à 45 mètres d’altitude, et renvoie de l’air frais par sa base au moyen d’un système de brumisation. “Grâce à des déflecteurs ajustables, la tour peut aussi capter les vents dominants, et ainsi ralentir la circulation d’air, l’envoyant en cascade dans les rues, afin de fournir une brise capable de faire baisser la température jusqu’à 5°C”, décrit le consultant américain en développement durable Nick Aster. Le concept ne date pas d’hier puisque les tours à vent (badguir en persan, littéralement “attrape-vent”) sont un élément traditionnel d’architecture persane, utilisées depuis des siècles pour créer une ventilation naturelle dans les bâtiments.
Le couloir de ventilation
Pour rafraîchir son down-town peu aéré, Stuttgart (Allemagne) a établi des couloirs d’air froid. La ville de 207 km2 (4,5 fois Lyon), construite sur une série de collines, et dont le point haut se trouve à 549 mètres d’altitude et le point le plus bas à 207 mètres, a créé des couloirs d’air froid. Cet air qui se produit sur les collines descend et souffle vers la vallée et la ville, réduit la pollution, nettoie l’atmosphère et la refroidit grâce à des couloirs non construits. “Si on ne réussit pas à interdire les immeubles, on peut toutefois limiter leur hauteur ou leur orientation de sorte qu’ils soient construits de façon parallèle au vent”, explique Ulrich Reuter, directeur du département de climatologie urbaine de Stuttgart. Stuttgart n’est pas une ville très dense et le prix du mètre carré y est très élevé. La municipalité aurait pu construire avec une forte densité sur les collines mais il n’en a pas été ainsi car les élus se sont penchés sur le climat depuis très longtemps et ont préservé ces collines des constructions. Pour réduire la pollution et rafraîchir l’air par la même occasion, la municipalité de Pékin envisage, elle aussi, de construire cinq couloirs de ventilation de plus de 500 mètres de large et des couloirs plus étroits, en reliant les espaces verts, les rivières, les lacs, les autoroutes et les immeubles peu élevés. Les obstacles à la circulation de l’air y seront supprimés au fil du temps, a expliqué Wang Fei, directeur adjoint de la commission d’urbanisme de la ville.
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