Désormais, la Métropole ne plantera plus d’allées de ce type, très aérée avec une seule essence de grands arbres. Les plantations seront beaucoup plus denses. (Photo HJ)

Réchauffement climatique : dans le futur à Lyon, "on verra encore des platanes, mais…"

Les températures anormalement hautes du mois d'octobre ont bouleversé la flore dans la région lyonnaise. Des arbres fruitiers ont refleuri, les feuillus n'ont pas perdu leurs feuilles… Pierre Athanaze, le vice-président de la Métropole de Lyon chargé de l'Environnement, de la Protection animale et de la Prévention des risques, nous raconte comment il travaille avec ses équipes à adapter au mieux les espaces verts de l'agglomération au réchauffement climatique. Une interview fleurie.

Quel a été l'impact de la vague de chaleur du mois d'octobre sur la végétation de la Métropole de Lyon ?

Les gens ont été impressionnés par les températures qu'on a pu avoir à l'automne. Mais pour les arbres ce qui a été très problématique, c'est la sécheresse qui a débuté très tôt cette année, dès le mois de février. Puis il y a eu la canicule qui s'est ajoutée. On avait déjà vécu cette superposition d'une sécheresse et d'une canicule lors des étés 2018, 2019, 2020. Cette année ce qui a été particulier, c'est la durée de cet épisode. On a eu plus de jours de canicule que sans canicule pendant trois mois cet été. Et nous sommes encore en situation de sécheresse. En 2021, un été plus pluvieux, il y a beaucoup de végétaux qui se sont reposés, mais ils n'ont pas pu refaire entièrement leurs réserves d'eau.

Avec cette sécheresse prolongée, est-il possible de poursuivre la végétalisation du Grand Lyon que vous prônez ?

Sur ce qu'on a planté comme arbres cette année, on a à peine plus de mortalité qu'une année normale. Nous avions en effet l'autorisation préfectorale pour arroser nos jeunes arbres jusqu'à midi cet été. Par contre, les arbres âgés de 8 à 12 ans ont beaucoup souffert. Ils n'avaient pas les réserves d'eau nécessaires et on ne pouvait pas les arroser. C'est d'ailleurs normal, on ne peut pas arroser les 100 000 arbres (hors parcs et espaces naturels) qui sont plantés dans la métropole. On arrose un arbre jusqu'à deux ans, voire trois ans.

Cet été a été très spectaculaire, mais on l'avait anticipé en discutant avec la direction départementale des Territoires (DDT). On a pu avoir l'autorisation d'arroser les arbres plantés récemment. C'est notre joker pour lutter contre le réchauffement climatique. Cela aurait été fou ne pas pouvoir planter de nouveaux arbres cette année.

Parc de la Tête d'Or
Parc de la Tête d'Or ©Romane Thevenot

Plantez-vous de nouvelles essences d'arbres pour faire face au réchauffement climatique ?

Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il n'y a pas une espèce qui va tout supporter en terme climatique. On plante toujours en fonction du lieu et de sa spécificité. Si on avait planté des tilleuls sur le cours Charlemagne, qui est un four l'été, cela aurait été un échec. On a donc planté des espèces méditerranéennes ou exotiques. Inversement, quand on plante des forêts urbaines, on va planter des espèces locales. Ces arbres vont se protéger les uns les autres. Donc il n'est pas question de remplacer tous nos arbres indigènes par des espèces exotiques, comme on nous en fait parfois la critique. Quand vous plantez une espèce exotique, il n'y a que peu de mousse ou d'insectes qui viennent se passer dessus, car c'est une espèce inconnue.

Là où il faut changer les choses, c'est dans les conditions de plantation. Il faut planter de manière plus dense. Avant, la Métropole plantait des arbres séparés de 12 à 15 mètres pour mettre des places de parking au milieu. Maintenant, on préfère planter des banquettes d'arbres qui permettent de sentir immédiatement la fraîcheur. On plante des arbres plus élevés sur les extrémités de cet alignement d'arbres et au milieu on plante des arbustes qui seront protégés par le couvercle d'ombre des arbres plus grands. On évite aussi d'entourer les arbres de bordures qui empêchent l'eau d'arriver. C'est pratiquement plus important de planter les arbres en banquette avec différentes strates, que de planter telle ou telle essence.

Le parc de Miribel-Jonage grillé par la sécheresse cet été. (Photo Hadrien Jame)

Verra-t-on encore des platanes dans quelques années sur les avenues de Lyon ?

Oui, on verra encore des platanes. Mais on a le chancre coloré qui nous pousse à abattre immédiatement les platanes touchés. La préfecture nous oblige à l'abattage dans les deux mois quand il y a le chancre et on ne peut pas replanter un platane là où il y a eu du chancre. Dans les années 1980, il y a eu 75% de platanes plantés. Il y avait un tas de raisons de le faire, car le platane est tolérant à la taille par exemple. mais on était en mono-culture et les premiers parasites sont arrivés.

Le réchauffement climatique rend-t-il les arbres plus vulnérables aux parasites ?

Un arbre qui a eu un stress hydrique va attirer des insectes et des champignons. Si vous allez dans le Jura, les épicéas sont stressés par la canicule et les scolytes viennent sur les arbres stressés. On a la même chose en ville avec le tigre du platane. On a eu très peu d'orage cet été et le tigre du platane s'est multiplié. Le soir dans les allées bordées de platanes, le tigre rentrait par les fenêtres des habitants.

 

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