Historiquement implantés en Europe et aux États-Unis, près des sièges sociaux des groupes, les centres de recherche des “Big Pharmas”, les grands laboratoires pharmaceutiques, mettent le cap à l’est. L’Asie et l’Inde, qui concentraient déjà les sites de production, attirent désormais les chercheurs en blouse blanche. La perte des brevets de certains médicaments et l’absence de nouvelles molécules rentables sur le marché ont conduit les trois grands leaders de l’industrie pharmaceutique à restructurer leurs services de recherche et développement (R&D).
Avec 8,4 milliards d’euros, l’américain Pfizer, numéro un mondial, est celui qui investit le plus gros budget en recherche et développement (R&D). En 2011, le premier laboratoire pharmaceutique du monde annonce la suppression de 2.400 postes au Royaume-Uni. Le centre de recherche de Sandwich, l’un des quatre plus importants du groupe, est voué à la fermeture. En ligne de mire : la réduction de 5% de ses effectifs de R&D.
Aujourd’hui, le salut des Big Pharmas passe obligatoirement par l’Asie. Pfizer ouvre, tour à tour, deux centres de R&D en Chine, à Shanghai et Wuhan, un centre d’essais à Singapour et investit 300 millions d’euros en Corée du Sud pour la recherche sur le cancer du foie.
Chez GlaxoSmithKline (GSK) et Sanofi, la stratégie en matière de recherche est identique. On dégraisse en Europe et on se tourne vers l’Asie. Entre 2009 et 2012, GSK ferme six centres de recherche sur le Vieux Continent : Tonbridge et Harlow en Angleterre, Poznan en Pologne, Vérone en Italie, Zagreb en Croatie ainsi que l’unité de R&D d’Évreux en France. Au même moment, la Chine, l’Inde et Singapour accueillent de nouvelles équipes de chercheurs, spécialisés en neurosciences.
Au sein des dix plus gros laboratoires pharmaceutiques mondiaux, cette nouvelle ligne de conduite semble faire des émules. Le groupe Sanofi se calque sur ses concurrents et se sépare de cinq centres de R&D. En 2011, 320 postes sont supprimés dans le centre de R&D de Francfort en Allemagne, 164 postes en Hongrie et 63 emplois de chercheurs à Milan. Deux sites au Royaume-Uni et aux Pays-Bas sont menacés de fermeture. Aux États-Unis, le centre de recherche de Bridgewater (New Jersey) met, lui aussi, la clef sous la porte. Sans compter les menaces de fermeture des unités de recherche de Montpellier, Toulouse et Lyon, qui mettraient à la rue plus de 1.000 chercheurs. Implanté dans l’Empire du Milieu depuis 1982, Sanofi essaie aussi de fortifier sa R&D sur place, avec le centre de biométrie de Pékin, le centre de R&D de Shanghai et son partenariat stratégique avec les Shanghai Institutes for Biological Sciences (SIBS). En 2011, 60% des dépenses de R&D du groupe français étaient réalisées hors de l’Hexagone.
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Cet article est extrait d’un dossier de Lyon Capitale-le mensuel de février, sur la situation des laboratoires lyonnais après l’annonce de deux plans de restructuration chez Sanofi et Merck.
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