Une femme sur neuf présentera un cancer du sein au cours de sa vie et dans plus d'un tiers des cas, la masectomie (ablation totale du sein) est nécessaire. L'équipe du service de chirurgie plastique à l'hôpital Edouard Herriot s'est récemment engagée vers une vision nouvelle de la reconstruction mammaire. Là encore, il s'agit d'aider ces femmes à se réapproprier leur féminité.
La DIEP, esthétique et sans séquelles
Opérer sans créer de séquelles post-opératoires, telle est la vocation de la DIEP (Deep Inferior Epigastric Perforator). Développée il y a une dizaine d'années, la France est l'un des derniers pays d'Europe à l'adopter. Face à une demande croissante des patientes, l'équipe de chirurgie plastique de l'hôpital Edouard Herriot a pris la décision de se former, il y a trois ans, et de s'adapter à cette méthode.
Deux familles de méthodes cohabitent: la reconstruction prothétique (par ajout d'une prothèse) et la reconstruction autologue. Pour celle-ci, on reforme un sein à partir de tissus directement prélevés sur la patiente au cours de l'opération. A l'origine, le principe est de transférer le muscle grand droit ou le grand dorsal vers le thorax. Mais, suite à l'opération, l'absence de ces muscles à leur emplacement habituel provoque des douleurs bien réelles, même pour les mouvements les plus anodins.
La DIEP, dont le taux d'échec est évalué à 5%, est une chirurgie aux avantages non négligeables pour les patientes. Cette technique micro-chirurgicale innovante consiste à extraire de la graisse et éventuellement de la peau au niveau du ventre. Le lambeau extrait avec ses vaisseaux nourriciers est placé au niveau du thorax. Il est ensuite relié aux artères et aux vaisseaux afin d'en assurer l'irrigation. Vient ensuite la phase de modelage afin de donner une forme esthétique au sein. Les muscles sont totalement épargnés.
Une méthode qui fait ses preuves
Derrière la technique, il y a des femmes. Nicole, 57 ans, a été opérée il y a un an: "Je n'ai jamais pensé à la chirurgie plastique mais j'y suis venue par la force des choses. Je n'ai pas de regrets. J'ai retrouvé une vie sociale et intime normales."
Le CHU de Lyon effectue 100 reconstructions mammaires par an. Sur 75 opérations autologues (utilisant les tissus de la patiente), une trentaine relèvent de la DIEP. Un chirurgien souligne que la méthode reste "marginale". En effet, la DIEP nécessite un savoir-faire particulier. Aussi, l'acte n'est pas reconnu à part entière par la Sécurité Sociale. Son coût de 20 000€ fait qu'elle est pratiquée essentiellement dans le public, n'étant pas rentable pour les structures privées.
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L'ingénierie, avenir de la chirurgie réparatrice
Depuis 2003, la recherche se tourne vers la régénération de tissus par ingénierie. Ainsi, même les patientes n'ayant pas un capital graisseux suffisant pourront accéder aux méthodes naturelles, sans ajout de prothèses. Des cellules souches prélevées chez la patiente seront multipliées en laboratoire puis ré-implantées afin de créer un volume suffisant. Pour le moment, seuls des tests sur animaux ont été effectués.