Début juin, le maire de Lyon se félicitait d’un recrutement en hausse de 30% des policiers municipaux. Pour Force ouvrière le compte n’y est pas en raison de départs aussi nombreux que les arrivées.
La guerre des chiffres se poursuit à Lyon sur les effectifs de la police municipale. Alors que le maire EELV de Lyon, Grégory DOUCET, se félicitait le 13 juin d’une augmentation de 30% des "recrutements de la police municipale par rapport à la précédente mandature, avec un objectif ambitieux de 365 agents", Force ouvrière (FO) relativise ces bons chiffres. "Le chiffre avancé par la municipalité est réel [à savoir 108 recrutements de juillet 2020 à avril 2023, contre 75 reculements de 2017 à 2020, NDLR], mais s’il n’est pas mis en lien avec les départs il n’a aucun sens. Les recrutements ont progressé, mais les départs ont suivi la même courbe à l’inverse. On est donc à un solde nul", explique Bertrand, le secrétaire général de FO au sein de la Ville de Lyon.
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"287 agents", 365 postes ouverts
Un constat qui se confirme sur l’année 2022 à la lecture du Rapport de la mission d’information et d’évaluation (MIE) sur la sécurité à Lyon réalisé par la municipalité à la demande de son opposition. En 2022, la ville a bien recruté 42 agents, après avoir mené 93 entretiens. Sauf que, dans le même temps, "elle a connu 42 départs dont 19 mutations, 11 départs en retraite, 19 détachements, disponibilités ou démissions", précise le rapport. Depuis le 1er janvier 2023, il y aurait par ailleurs eu 20 recrutements pour 12 départs, soit un solde positif de 8.
"On se retrouve à ne plus pouvoir exercer notre métier parce que les effectifs qui sont restés ficelés sont épuisés, laminés"
Bertrand, secrétaire générale FO ville de Lyon
"Aujourd’hui on est très précisément à 287 agents", sur les 365 postes ouverts, souligne Bertrand, tout en insistant sur le fait que "dans ce chiffre, il y a des encadrants et des administratifs qui ne vont jamais sur le terrain, des policiers blessés, malade ou formation, donc on est beaucoup moins que ça à patrouiller". Le syndicaliste qui évoque non sans lassitude des missions "toujours plus dures, toujours plus dangereuses et nombreuses" partage également son agacement sur les méthodes de communication du maire de Lyon. "Il fait de l’affichage, c’est malhonnête", peste cet agent municipal.
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Revalorisation, départ à la retraite
Par ailleurs, alors que Grégory Doucet rappelait l’engagement de sa majorité envers la police municipale, notamment grâce à un investissement de 550 000 euros "pour mieux rémunérer les policiers municipaux" tout en investissement "de 11 à 13 millions dans l’équipement", Bertrand déplore une "politique d’attractivité à l’arrêt". Selon lui, les agents pâtissent du protocole d’accord signé en 2021 entre la ville de Lyon et l’intersyndicale, auquel FO n’avait pas souhaité prendre part.
"On est à la ramasse totale et ça met les agents en danger", alerte ce représentant syndical. De son côté, la Ville de Lyon assure être au maximum de ce qu’elle peut légalement faire après avoir proposé une "revalorisation indiciaire et indemnitaire" pour les catégories C et B, une "amélioration des conditions de départ à la retraite" et une "ouverture des possibilités de déroulement de carrière".
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