Pierric Chalvin, délégué général d'Unitex, présente, dans "6 minutes chrono", Silk in Lyon, le festival dédié à la soie.
Lyon est une ville incontournable dans l’écosystème de la soie. Si elle n'est plus la capitale incontestée qu'elle a été au XVIe siècle, "néanmoins, elle a une force d'attractivité internationale" explique Pierric Chalvin, délégué général d'Unitex, principale organisation professionnelle textile de France. Pour preuve, une quinzaine de délégations étrangères d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Sud, d'Europe se rendent pendant quatre jours à Lyon pour Silk in Lyon.
Malgré tout, Lyon reste le centre névralgique de la filière soie française. Sa force est de rassembler l'ensemble des métiers de la filière, de la conception à la distribution. Quelques manufactures prestigieuses, comme les maisons Tassinari et Chatel (1680), Prelle (1752), Guigou (1826), Sfate & Combier (1850), Bianchini-Férier (1888), aujourd'hui propriété de Brochier Soieries (1890), Malfroy et Million (1939), sont encore en activité.
Repères : le textile en Auvergne-Rhône-Alpes
- 600 établissements
- 17 000 salariés
- 3,3 milliards d’euros de CA
- 1/4 de la production nationale et entre 28% et 30% du chiffre d'affaires national
30 exposants, 10 expos, 7 ateliers, 6 conférences
Pour cette 5e édition de Silk in Lyon, plus de 30 exposants seront présents pendant les quatre jours du festival. Des jeunes créateurs aux prestigieuses maisons, chacun mettra à l’honneur son savoir-faire et ses talents.
Au programme : 10 expositions mettant en avant le patrimoine industriel et historique lyonnais, 7 ateliers participatifs, faisant la part belle à l’upcycling, en passant par 6 conférences.
Toujours intéressant à voir, l'apprentissage de l’art du tissage à travers des démonstrations sur différents métiers à tisser miniatures. Reproductions à l’échelle, créations originales ou jouets, ces métiers seront mis en fonctionnement par les bénévoles du Musée du Tissage et de la Soierie de Bussières, dans la Loire.
Lire aussi : L'histoire de la soie à Lyon à travers les siècles
Le parcours des savoir-faire de la soie
Et, temps fort traditionnel de Silk in Lyon, le parcours ses savoir-faire : cet atelier permet de comprendre comment se fabrique un carré de soie. Grâce à six étapes clés, les participants découvrent les secrets de cette précieuse étoffe en compagnie d’entreprises et d’étudiants de la filière textile. De l’élevage des vers à soie en passant par le tissage, le dessin et l’impression, ce parcours
didactique allie émerveillement et apprentissage.
Silk in Lyon
- du 16 au 19 novembre 2023
- Palais de la Bourse (Lyon 2e)
- Tarifs : Pass SOIE 1 Jour : 7 € (6 € en prévente web), Pass SOIE 4 Jours : 15 € (14 € en prévente web) – 1 ticket pour les 4 jours de la manifestation Gratuit pour les moins de 18 ans Gratuit pour les étudiants en Mode & Textile (sur présentation de la carte d’étudiant)
La retranscription intégrale de l'entretien avec Pierric Chalvin
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Pierric Chalvin bonjour.
Bonjour.
Pierric Charvin, vous êtes délégué général d'Unitex Auvergne-Rhône-Alpes, la plus importante organisation professionnelle de textile de France. Alors du 16 au 19 prochain, le Palais de la Bourse accueille la 5e édition de Silk in Lyon, un grand rendez-vous à la fois grand public et professionnel pour découvrir les métiers de la soie. Et cette année, Lyon est à l'honneur. Alors, choix logique mais expliquez-nous un peu pourquoi.
Alors lors des éditions précédentes nous mettions à l'honneur des villes étrangères qui avaient une tradition avec la soie, notamment des villes chinoises, des villes japonaises, des villes italiennes. Et on s'est dit, finalement, que c'était intéressant qu'on réexplique aux Lyonnais leur héritage avec la soie, c'est pour ça qu'on a voulu mettre cette année Lyon ville à l'honneur.
Lyon qui était effectivement, on le rappelle, il y a 350 ans d'histoire de la soie, prospérité dès le 16ème siècle. Aujourd'hui Lyon, sur l'échiquier international, au niveau de la soie comment elle se situe ?
Alors, Lyon, aujourd'hui, il faut être raisonnable, est un petit acteur de la soie au niveau international. Néanmoins, elle a une force d'attractivité internationale. Preuve en est, nous recevons une 15aine de délégations étrangères durant Silk in Lyon, qui viennent d'Asie, d''Amérique du Sud, d'Europe évidemment, pour célébrer la soie à Lyon durant ces quatre jours.
Cela veut donc bien dire que s'il y a autant de délégations étrangères qui viennent à Lyon pour Silk in Lyon, c'est qu'elles reconnaissent le savoir-faire l'expertise du textile et de la soie notamment lyonnaise.
Complètement, puisqu'il faut savoir que la soie, aujourd'hui, toutes les matières et tous les produits fabriqués dans notre pays, évidemment à Lyon et en Auvergne-Rhône-Alpes, s'exportent dans le monde à plus de 80%.
J'écoutais le président de Silk in Lyon, Xavier Lépingle, qui disait que la soie était un métier d'avenir. Alors c'est vrai que si on regarde de manière générale en France les difficultés de recrutement touchent absolument tous les domaines tous les secteurs. Est-ce que le textile et la soie est-ce que vous avez les mêmes difficultés de recrutement ou inversement c'est plus facile vous avez plus de demandes d'offres ?
Alors on a les mêmes difficultés de recrutement, peut-être avec encore un degré supplémentaire, dans le secteur de la soie, parce qu'en fait c'est évidemment un métier d'excellence sur des matières nobles, où les savoir-faire sont encore plus recherchés.
Lire aussi : "Nous sommes devenus complètement sino-dépendants"
Vous me disiez, lors d'une interview qu'on avait faite ensemble pour Lyon Capitale, il y a quelques temps quelques mois, que la France était sino-dépendante sur le textile. Je crois que si je ne me trompe pas 75% de nos vêtements sont importés. Est-ce qu'on peut lutter ? Quels sont les moyens de lutter contre cette sino-dépendance ?
En fait, on est dans une économie globalisée depuis bien des années. Le secteur du textile a été l'un des premiers secteurs à rentrer dans cette globalisation des échanges, et aujourd'hui, ne serait-ce que la fourniture du fil de soie nécessite, que nous nous adressions à des fournisseurs étrangers, notamment chinois mais également brésiliens. Donc évidemment sans ces pays nous ne pourrions pas fabriquer de la soie.
Je reviens un petit peu sur l'actualité. Le gouvernement a récemment lancé un "bonus réparation textile". Le symbole est bon, qu'est-ce que vous en pensez ?
Sur le papier, c'est vertueux, c'est bien. Je ne sais pas si vous avez décodé le mécanisme pour arriver à obtenir ce bonus. C'est une machine à gaz, c'est ube-esque. On a l'impression que Ubu roi est de retour chez nous. Je vous appelle vraiment à regarder ce dispositif qui est complètement farfelu sur le papier. Encore une fois, c'est bien de moins gaspiller. Après, le chemin pour y parvenir, ce n'est pas forcément le plus facile qui a été utilisé.
J'ai vu, j'ai lu, ce sont nos confrères de Lyon Décideurs qui ont sorti l'info, qu' Unitex et Mode Habillement Auvergne-Rhône-Alpes allaient se préparer à fusionner à l'été 2024. Qu'est-ce qui a motivé la démarche ? Quel est le but de ce rapprochement?
Alors, l'habillement, effectivement, nous avons deux organisations distinctes. Unitex qui représente la filière amont, les métiers de production textile. Et puis Mode Habillement Auvergne-Rhône-Alpes qui représente plutôt les marques et les marchés de l'habillement. Je trouve que l'habillement est un des marchés de destination du textile, ce n'est pas le seul. C'est un des marchés qui représente aujourd'hui à peu près 40% du chiffre d'affaires du textile. Et donc, il nous est paru assez logique, dans cet univers où on essaye de simplifier les structures, où on essaye de consolider les forces en présence, de nous rapprocher pour pouvoir apporter une solution plus globale d'accompagnement aux entreprises sur le territoire.
Et puis quand même on va terminer sur Silk in Lyon, je vous rappelle au Palais de la Bourse du 16 au 19 prochain. Donnez-moi un des temps forts de cette cinquième édition?
Alors un des temps forts, il va y en avoir pas mal. Il va y avoir des battles organisées avec le couturier Nicolas Fafiotte, et des créateurs. Ça c'est une nouveauté qui devrait être assez sympa à suivre et qui devrait quand même stimuler la création, autour, toujours pareil, de cette fibre exceptionnelle, qu'elle soit accessible au plus grand nombre.
Ce sera le mot de la fin. Merci Pierre Chalvin d'avoir accepté notre invitation. A très bientôt au revoir.