Réforme des rythmes scolaires à Lyon : la charge de Meirieu

Allongement de la coupure du week-end, non-allègement des journées de classe : le pédagogue lyonnais critique vertement la réforme des rythmes scolaires proposée par la Ville de Lyon.

Philippe Meirieu ne voulait pas réagir à chaud, à l'annonce des principaux points de la réforme des rythmes scolaires décidée par la municipalité lyonnaise. Il voulait voir le détail, et ne pas sombrer dans la critique obsessionnelle des actions de Gérard Collomb. Au lendemain de cette présentation, il y succombe toutefois. "J'espère qu'une majorité des conseils d'école se prononcera contre cette proposition. Et je serais surpris que l'Education nationale la valide telle quelle", nous a-t-il confié.

“La solution proposée est la pire”, résume Philippe Meirieu, soulignant ne voir "aucun allègement des journées scolaires, contrairement aux intentions de Vincent Peillon", l'ex-ministre de l'Education nationale et promoteur de la réforme. "C'est le retour des huit demi-journées de classe", analyse-t-il, le mercredi matin venant remplacer le vendredi après-midi.

Allongement de la coupure du week-end

"C'est la réforme la moins rationnelle, la plus démagogique possible." Selon Philippe Meirieu, elle vise à "satisfaire une partie de la population, des cadres moyens et supérieurs qui pourront prendre des RTT et allonger leur week-end". Le pédagogue critique le choix du vendredi après-midi pour la mise en place des activités périscolaires. "Les chronobiologistes s'inquiètent de la coupure du week-end ; et là, on décide de l'allonger encore". Lui est favorable au samedi matin travaillé : "En se couchant tard deux soirs de suite, les enfants ont du mal à se lever le lundi."

Philippe Meirieu entend l'argument selon lequel il est difficile d'organiser des activités intéressantes et des sorties en seulement 45 minutes par jour. Il préconise dès lors de réserver deux créneaux d'une heure et demie par semaine – "C'est la moins mauvaise solution, ça permet d'alléger deux jours de classe". Anne Brugnera, adjointe à l'éducation, nous a confié aujourd'hui avoir songé à cette possibilité, retenue par la Ville de Paris. Mais, "les conseils d'école ont voté contre l'an dernier", dit-elle.

“Des activités occupationnelles plutôt qu’éducatives”

S'il reconnaît que le taux d'encadrement "est plutôt bon", le vice-président du conseil régional regrette de ne pas avoir d'indication sur le contenu des activités proposées. Une incertitude qui dénote, pense-t-il, l'absence de réflexion sur "la mise en place d'un véritable projet éducatif de territoire". "On est dans un jeu de pousse-pousse des 45 minutes de périscolaire quotidiennes". Selon lui, seront proposées "des activités occupationnelles plutôt qu'éducatives". Au nom de la justice sociale et de l'accès à tous à la culture et aux pratiques artistiques, Philippe Meirieu souhaiterait la gratuité de ces activités périscolaires.

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