L’ONG basée à Lyon quitte le pays en raison de son refus de mettre en place un fichage ethnique de ses employés, comme l’y oblige une décision du gouvernement.
Handicap International, association fondée et basée à Lyon (pour sa branche française), a annoncé mettre fin à ses activités au Burundi. L’organisation, qui mène des programmes de développement à destination des personnes handicapées dans plus de 60 pays dans le monde, explique sa décision par son refus d’instaurer un plan de recrutement basé sur des quotas ethniques. L’obligation en est faite à toutes les ONG étrangères présentes dans le pays, leurs activités ayant été suspendues le 1er octobre 2018 dans l’attente qu’elles se conforment à cette décision. Dans un communiqué, Handicap International affirme que "l'obligation d'établir la composition ethnique de son personnel et de communiquer ces informations aux autorités constitue une ligne rouge qu'elle n'entend pas franchir". Estimant que ce processus "et son mode de contrôle annuel imposés par les autorités burundaises peuvent être des préalables à des mesures dont nous ignorons à ce stade la portée", l’association ne veut pas être "complice d'une forme de discrimination ethnique".
Handicap International indique avoir engagé des discussions avec le gouvernement burundais pour tenter de trouver une solution, mais s’être heurtée à une fin de non-recevoir. Présente au Burundi depuis 1992, l’association "déplore le fait que les capacités d'action des ONG se réduisent de plus en plus dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres du monde". L’objectif officiel du fichage ethnique imposé aux associations est d’établir une répartition de 40% de Tutsis et 60% de Hutus. Les conflits entre les deux ethnies ont alimenté dans le passé une guerre civile qui a fait plus de 300 000 victimes, de 1993 au début des années 2000.