Le débat divise autant qu’il anime : plusieurs communes et agglomérations de France mettent en place la gratuité des transports en commun pour leurs usagers. Alors qu’à Lyon la situation semble immuable, les agglomérations de Roanne et Clermont-Ferrand commencent à penser le déplacement des usagers autrement.
Roanne, dans la Loire s’adapte aux nouvelles technologies. Il est désormais possible de payer son titre de transport, pour l’instant uniquement un titre unique et les titres valables pour la journée, avec son smartphone. Grâce à un QR code placé dans le bus, les usagers peuvent payer via une application. L’agglomération roannaise a testé ce nouveau mode de paiement pendant trois semaines, sur 70 usagers. L’application, MyBus, est éditée par une société basée au Puy-en-Velay.
Vers la gratuité des transports ?
C’est une annonce qui était attendue par les habitants de Clermont-Auvergne-Métropole depuis novembre 2016, lors des rencontres citoyennes de la mobilité. La métropole a déclaré qu’une étude allait être lancée pendant six mois, afin de déterminer les impacts sociaux, économiques et environnementaux de la gratuité des transports pour ses usagers. Cette étude fait suite à l’impossibilité pour les élus de tomber d’accord quant à la gratuité des transports. François Rage (PS), vice-président chargé de la mobilité à la métropole et président du syndicat mixte des transports en commun, aurait lui préféré une tarification adaptée aux revenus que la gratuité pour tous. "Depuis 2015 nous avons adapté les tarifs aux revenus des usagers, et nous avons gagné 10 000 abonnés depuis. La gratuité ne me semble pas une solution, puisqu’en réalité rien n’est gratuit. Le prix sera assumé d’une autre manière." Les ventes de tickets ou abonnements représentent 15 millions d’euros par an. Si les usagers "n’assument plus cette participation, alors la métropole augmentera sa participation et donc les impôts. Le versement transport des entreprises pourrait aussi être augmenté", soulève François Rage qui estime qu’il serait préférable d’améliorer le service de transport plutôt que de le rendre gratuit.
Gratuit à bon escient
"Les gens ne sont pas dupes, ils comprennent que s’ils ne payent pus le bus, ils paieront plus ailleurs. La tarification solidaire a en revanche été très bien accueillie lorsqu’elle a été mise en place." Un appel d’offres a été mis en place pour déterminer qui sera le bureau d’études qui se chargera de l’enquête dès le mois de juin. Les premiers résultats sont attendus pour début 2019.
Clermont n’en est pas à son coup d’essai en matière de gratuité des transports en commun. Mis en place en septembre dernier, le bus de nuit gratuit, qui circule du jeudi au samedi, sera de nouveau mis en place à la rentrée prochaine. En parallèle, depuis le 10 avril, la métropole propose la gratuité de l’abonnement et de la première demi-heure d’utilisation pour les vélos en libre-service. Pour les demi-heures suivantes, le prix varie entre 1 et 2 euros selon la formule choisie. « Il est préférable de proposer des transports gratuits de manière particulière, et d’augmenter la qualité de service pour les usagers en proposant par exemple davantage de bus, plus de sécurité ou un meilleur confort aux usagers », conclut François Rage.