Il est arrivé dans le jeu pour sortir LREM de la panade. Le parti présidentiel était menacé d’humiliation dans la deuxième région de France. Les cadres du parti présidentiel redoutaient de ne pas passer la barre des 10 % et d’être donc absents du 2e tour. Les ministres Olivier Véran et Olivier Dussopt ont passé leur tour, retenus par leurs délégations ministérielles tout autant que par un contexte électoral peu engageant. Le parti présidentiel n’est à l’heure actuelle en mesure de l’emporter dans aucune région.
La République en marche mise donc sur le fort en gueule Bruno Bonnell pour exister dans une campagne qui aurait pu se focaliser sur le face-à-face entre Laurent Wauquiez et la revenante Najat Vallaud-Belkacem. Le député de Villeurbanne est l’un des membres fondateurs de la macronie dans la région. Ce chef d’entreprise médiatique – il avait participé à la version française de The Apprentice (le télé-crochet qui a beaucoup fait pour la notoriété de Donald Trump aux États-Unis) – avait rejoint l’aventure En Marche dès son lancement. L’ancien P.-D.G. charismatique d’Infogrames a toujours gravité en marge du monde politique.
Un positionnement central
En 2001, il était l’un des rares soutiens de Gérard Collomb parmi le monde économique. “Dans cette campagne, on essaie de nous faire croire que le clivage gauche-droite est de retour, mais c’est blanc bonnet et bonnet blanc. Ce que le PS reproche à Laurent Wauquiez, c’est ce que Laurent Wauquiez reprochait à Jean-Jack Queyranne en 2015. Je veux montrer que l’on peut faire de la politique autrement. J’ai un parcours hybride : j’ai fait de la politique, mais j’appartiens aussi à la société civile”, met en avant le député de Villeurbanne. Sur un positionnement central, il veut s’établir en alternative au “dogmatisme vert, rouge et noir”. En coulisses, un cadre du parti présidentiel admet fonder des espoirs beaucoup plus raisonnables : “Nous avons aujourd’hui six élus à la Région, l’idée c’est d’en avoir le double en juin prochain.” Un objectif plus sensé au vu de la cote de popularité du gouvernement au commencement de cette campagne des régionales. Il a aussi réussi l’exploit d’épurer les conflits qui minaient La République en marche dans la métropole de Lyon après le douloureux épisode Collomb-Kimelfeld. Mais l’union sacrée n’a été que de courte durée. David Kimelfeld a annoncé qu’il soutenait Najat Vallaud-Belkacem. Quant à l’ancien maire de Lyon, il regarde de loin la campagne des régionales et n’a pas apporté son soutien au candidat LREM.
À quelques semaines des élections, Bruno Bonnell s’imaginait en faiseur de rois. Le député de Villeurbanne estimait qu’aucune majorité claire ne sortirait des urnes. Mais si les sondages se vérifient dans les urnes le 27 juin prochain, Laurent Wauquiez n’aura pas besoin de se trouver des alliés. Avec ses pastilles sur les réseaux sociaux, son affiche décalée, posant avec un labrador, ou des propositions à l’emporte-pièce, Bruno Bonnell dynamise une campagne jusque-là un peu morne.
Bio express
Bruno Bonnell
62 ans
• Né à Alger
• Ancien chef d’entreprise
• Mandat en cours : député de Villeurbanne
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