Les candidats aux régionales en Auvergne-Rhône-Alpes © Antoine Merlet © AFP © Maxppp
Les candidats aux régionales en Auvergne-Rhône-Alpes © Antoine Merlet © AFP © Maxppp

Régionales à Lyon : ce qu’il faut retenir du (seul) débat entre les candidats

Les candidats aux élections régionales s’étaient donnés rendez-vous mercredi soir à Clermont-Ferrand pour participer au seul débat de premier tour de la campagne des régionales, organisé par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. Sans surprises, Laurent Wauquiez a été chahuté par ses rivaux. Retour sur ce temps fort de la campagne.

Pendant une heure et demie à Clermont-Ferrand et sur les écrans de télévision de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, c’était un peu la fête à Laurent Wauquiez (LR). Le président sortant du conseil régional avait l’objet de charges de ses rivaux et principalement de Najat Vallaud-Belkacem (PS). La tête de liste socialiste misait sur ce débat pour créer une dynamique dans les derniers jours de campagne et “défaire des mythologies”.

Le premier thème abordé, la sécurité, a donné le ton. Laurent Wauquiez, à l’aise sur ce sujet qui lui est favorable, a rappelé que sous mandat la région avait investi ce thème pour la première fois et souligné que “la situation se dégrade”. Ses rivaux ont pointé les limites de son action. “J’entends l’autosatisfaction de Laurent Wauquiez à dépenser 160 millions pour mettre caméras et en faire encore plus, mais s’il n’y a personne derrière, le harcèlement restera le même (…) L’apaisement de la société passe par le civisme”, réoriente Bruno Bonnell. Najat Vallaud-Belkacem embraie : “Tout ce dont vous semblez si fier a été assez inutile et inefficace”. Elle avance par exemple une hausse de 20% de la délinquance dans les TER en raison de la suppression de postes de contrôleurs issue de la renégociation de la convention avec la SNCF. Fabienne Grébert (EELV) plutôt raccord avec la candidate socialiste a rappelé sa préférence pour la “présence humaine”. Après s’être déclaré surpris de l’agressivité de ses rivaux, Laurent Wauquiez les a raillés : “je n’ai entendu aucune proposition concrète. Ma seule obsession est d’agir simplement et concrètement”.

Quelle reprise économique ?

Le débat s’est ensuite porté sur l’économie, une compétence importante de la région. Un sujet sur lequel les candidats ont été plus consensuels. Najat Vallaud-Belkacem et Laurent Wauquiez proposent un plan assez similaire : un fond d’un milliard d’euros pour soutenir les entreprises. Ce qui ne les a pas empêchés de s’écharper sur la paternité de cette idée. Le président LR du conseil régional pointant cette proposition comme la suite d’un plan lancé en 2020 quand la candidate PS regrettait qu’il ait fallu qu’elle lance cette idée pour que la région s’en empare. Avant d’adresser une nouvelle, pique à Laurent Wauquiez : “Si vous aviez eu un cap économique dans cette région, ça se serait vu”. Le président sortant promet aussi de mettre un milliard d’euros pour relocaliser des industries sur le territoire de la région: “nous avons une opportunité sur le monde de l’après-Covid”.

Bruno Bonnell compte lui, s’il est élu, adresser un chèque de 50 euros par ménage à utiliser dans des établissements de l’hôtellerie et de la restauration ou des loisirs de la région. Fabienne Grébert veut, elle, investir 10 milliards d’euros pour la transition écologique et créer un pôle d’excellence pour la filière photovoltaïque. Andrea Kotarac (RN) pointe lui le danger à venir quand les entreprises fantômes vont cesser de toucher les aides du gouvernement et promet de protéger le savoir-faire industriel en citant des fleurons qui ont fermé ou sont menacés.

Le Lyon-Turin fait dérailler la gauche

Le débat s’est ensuite concentré sur les transports, LA grande compétence de la région. Fabienne Grébert a promis d’augmenter le nombre de kilomètres de ligne. Najat Vallaud-Belkacem s’est engagé à réinstaurer la tarification sociale dans les TER et pointé le manque d’avancées sur les grandes infrastructures. Laurent Wauquiez a lui rappelé sa priorité accordée aux petites lignes, citant les “800 km de lignes qui devaient être fermées et qui ont été sauvées”. À l’inverse des candidates de gauche, il s’engage aussi à investir sur le réseau routier. Bruno Bonnell a déterré l’A45 entre Lyon et Saint-Etienne. Il a aussi habilement posé sur la table le projet de ligne Lyon-Turin qui divise les socialistes et les écologistes, pour le plus grand bonheur de Laurent Wauquiez pointant un “enjeu majeur” sur lequel les deux listes sont “irréconciliables”. “Nous allons nous retrouver sur la nécessité de faire du fret ferroviaire”, suggère Fabienne Grébert. Andrea Kotarac, lui aussi opposé au Lyon-Turin, propose de dévier le budget de la région de cette ligne au désenclavement de l’Auvergne ou de la vallée du Gier.

Prime à l'expérience dans ce type d'exercice

Ce débat a souvent viré au dialogue entre Laurent Wauquiez et Najat Vallaud-Belkacem qui cherchait clairement à enfiler les habits du challenger. Les autres candidats ont souvent été relégués au second plan, peinant à exister, dans cet exercice médiatico-démocratique rythmé par les interpellations entre le candidat LR et la tête de liste PS sur tous les sujets. Laurent Wauquiez a régulièrement reproché à l’ancienne ministre son “agressivité”. Dans son rôle de grand favori, confirmé par un sondage de France 3 publié le matin même, Laurent Wauquiez avait tout à perdre dans ce débat ; c'est l'une des raisons qui l'ont conduit à décliner la proposition des télévisions locales de la région. La moitié de ces sept candidats devraient se retrouver dans deux semaines pour le débat d’entre deux tours. Entre temps, les électeurs auront notamment tranché l’identité de la tête de liste de l’union de la gauche.

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