Ces laboratoires " environnement " sont chargés d'effectuer quotidiennement divers prélèvements, ainsi que des mesures de radioactivité à partir des données fournies par des balises situées dans un périmètre de 1 à 5 kilomètres autour de chaque site. Ils permettent la rédaction de bilans radioécologiques concernant le sol, l'herbe, les végétaux, le lait, certaines denrées agricoles, les cours d'eau, les eaux souterraines et fluviales, la flore et la faune aquatiques. Une mission primordiale, donc.
" Un système de triche nationale "
Dans ses quatre décisions, l'ASN a souligné " des biais* de mesure incompatibles avec la qualité requise pour assurer la surveillance de la radioactivité de l'environnement autour de sites nucléaires ". Autrement dit, les mesures d'EDF ne sont pas assez précises, les méthodes de quantification de la radioactivité sont défaillantes, concernant le tritium dans l'air et dans l'eau et le rayonnement bêta dans l'eau et les poussières (sur lesquelles peuvent se fixer des radioéléments). " Les calculs d'EDF peuvent conduire à des rejets supérieurs de 40 à 50% de ce qui est autorisé, explique Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, basé sur les pentes de la Croix-Rousse à Lyon, qui a révélé l'information. C'est un système de triche nationale qu'EDF a mis en place. Cela permet de cacher la réalité des rejets radioactifs dans l'environnement ".
Du côté d'EDF, le refus d'agrément doit être minimisé : " nos mesures sont supérieures aux valeurs réelles, cela prouve par conséquent que le suivi environnemental est bon. Il faut simplement que nous les ajustions par rapport au réseau national de mesures de la radioactivité qui doit être mis en place prochainement".
Pourtant, ce nouveau réseau ne modifie en rien les calculs. Les anti-nucléaires viennent d'écrire au ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo pour lui poser plusieurs questions : quelle est l'ampleur des rejets effectués depuis des années par les centrales nucléaires au-delà des limites légales ? Qui réalise actuellement les mesures exigées par les arrêtés autorisant EDF à exploiter ces centrales ? Depuis quand ces défaillances existent-elles ?
Ce matin, l'ASN était injoignable. Son silence (les décisions ont bien été mises en ligne, encore fallait-il être informaticien pour les dénicher sur le site) interroge pour le moins.
*erreur dans la méthode, le non-respect des règles de protocole, qui engendre des résultats erronés.
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