Renaud Payre
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Renaud Payre : "soulagé de reprendre la mise à l'abri des mères isolées"

Renaud Payre, vice-président de la Métropole de Lyon en charge du logement, est l'invité de 6 minutes chrono.

La Métropole de Lyon a finalement fait volte-face après le tollé provoqué par sa décision de geler les entrées pour ses dispositifs de mise à l'abri des mères isolées. "Je suis extrêmement soulagé que nous soyons arrivés collectivement à cette décision qui est très claire au 1er septembre, c'est-à-dire depuis la fin de la semaine dernière, nous reprenons la mise à l'abri des mères isolés avec enfants de moins de 3 ans. C'est ça aujourd'hui ce qui compte par-dessus tout. Mais moi ce que je dis quand même, c'est que je suis fortement attaché à cette politique de l'hospitalité mais elle ne se passera pas de débat. Quand vous voyez la semaine dernière la publication du rapport de l'unicef qui nous dit quand même qu'en France il y a plus de 2000 enfants à la rue. Quand vous regardez de près ce qu'il est dit sur ces enfants, les enfants de moins de 3 ans, les mères isolés, les mères seuls, eh bien sur ces 2000 enfants, 7% sont de la compétence des départements. Donc il y a une vraie question", oriente Renaud Payre, vice-président de la Métropole en charge de l'hébergement. Il pointe notamment la responsabilité de l'Etat.

La retranscription intégrale de l'entretien avec Renaud Payre

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui on va revenir sur ce qui fut l'un des épisodes de l'été à Lyon, la question de l'hébergement d'urgence pris en charge ou non par la Métropole de Lyon. On va en discuter avec Renaud Payre. Vous êtes vice-président de la Métropole de Lyon en charge du logement, c'est vous qui avez eu le sale rôle on va dire fin juillet d'annoncer que la Métropole de Lyon ne prendrait plus en charge de nouveaux arrivants dans son dispositif d'aide, notamment en faveur des mères isolés. Il y a eu un vrai tollé des associations qui viennent en aide à ce public en difficulté. Vous avez finalement fait marche arrière ce vendredi dernier en revenant finalement sur le gel des admissions dans ce dispositif d'aide, est-ce que c'était une erreur ce que vous avez annoncé fin juillet ? Est-ce que vous regrettez la décision que vous avez prise à l'époque ?


Puisque vous évoquez mon rôle, je me permets de faire part d'une réaction. C'est un rôle qui est collectif aussi. Oui, oui et je me permets là pour le coup de faire part d'une réaction personnelle. Je suis extrêmement soulagé que nous soyons arrivés collectivement à cette décision qui est très claire au 1er septembre, c'est-à-dire depuis la fin de la semaine dernière, nous reprenons la mise à l'abri des mères isolés avec enfants de moins de 3 ans. C'est ça aujourd'hui ce qui compte par-dessus tout. Mais moi ce que je dis quand même, c'est que je suis fortement attaché à cette politique de l'hospitalité mais elle ne se passera pas de débat. Quand vous voyez la semaine dernière la publication du rapport de l'unicef qui nous dit quand même qu'en France il y a plus de 2000 enfants à la rue. Quand vous regardez de près ce qu'il est dit sur ces enfants, les enfants de moins de 3 ans, les mères isolés, les mères seuls, eh bien sur ces 2000 enfants, 7% sont de la compétence des départements. Donc il y a une vraie question.


La métropole qui est une espèce et un département ?


Bien sûr, oui vous avez raison de le préciser. Qu'est-ce qui est de l'ordre du gouvernement, des choix du gouvernement, de l'État et qu'est-ce qui est de l'ordre des départements ? Et puis une deuxième question, est-ce que les autres départements font ce que fait la métropole ? Ils n'en font pas le centième. Et troisième question, est-ce qu'il ne faut pas se poser des véritables interrogations sur les manières de prendre en charge ces enfants et leurs mères ? Et notamment est-ce que la solution à l'hôtel est une solution viable ? Non, c'est pour ça qu'on a ouvert 9 sites depuis 2020. C'est pour ça qu'on a aussi augmenté sensiblement le budget parce que je crois qu'il est important aussi de dire à tout le monde ce qui a été fait. Lorsque vous prenez un repère, c'est le repère de 2019, 800 000 euros par la métropole étaient consacrés aux mères isolés avec enfants de moins de 3 ans. En 2024, nous sommes à 11 500 000. C'est ça la réalité de notre politique.


Ce qui a pu être expliqué dans l'été et ce qui a été annoncé vendredi dernier, c'est qu'il y avait peut-être aussi des gens, Bruno Bernard a dit qu'il y avait un effet J.O. avec des mères de famille qui avaient pu être chassées de la région parisienne et qui avaient pu venir ici. Et aussi, il y a de nouvelles modalités maintenant pour être pris en charge par la métropole. Il faut pouvoir justifier finalement d'une présence sur le territoire métropolitain. Et est-ce que ça veut pas dire finalement qu'il y a un, une préférence locale, et deux, une sorte de théorie de l'appel d'air puisque vous dites on en fait plus que les autres départements…

Attention, les mots comptent. L'appel d'air ça a été une théorie développée par des personnes qui étaient hostiles à tout politique d'accueil. L'appel d'air c'est quoi ? C'est les hommes et les femmes, un ancien ministre de l'intérieur qui disait les personnes, les migrants et les migrantes font un choix et viennent là où ils sont le mieux accueillis. C'est pas ça que nous disons. Nous disons qu'il n'est pas normal que dans ce pays seuls quelques départements, voire la métropole de Lyon, jouent le rôle de l'accueil et de la mise à l'abri des mères isolées et des enfants avec leurs enfants de moins de trois ans, jouent le rôle précisément de la mise à l'abri des jeunes en recours et jouent pleinement le rôle de la mise à l'abri des mineurs non accompagnés. C'est ça la réalité. Et ce que nous disons, c'est que bien évidemment, si les autres départements ne jouent pas le rôle, soit par leur propre initiative, soit rappelé à l'ordre par le gouvernement, alors forcément tout cela ne tiendra pas longtemps. Donc ce que nous devons retenir en cette fin d'été, c'est que nous reprenons. Et j'en suis extrêmement soulagé.

Mais si vous dites que vous êtes soulagé, est-ce que ça veut pas dire que vous n'assumiez pas cette décision ?

Non, je suis pas dans une position de dire j'assume ou j'assume pas. Moi, j'appartiens à un exécutif dans lequel je suis très bien depuis 2020, mais dans lequel je défends, j'allais dire, mes dossiers. Tout cela paraît aux auditeurs et aux téléspectateurs totalement éloignés de la réalité, de la précarité d'une maman seule et d'enfants et des enfants qui sont à la rue. Mais néanmoins, depuis l'été 2020, je me bats pour une politique de l'hospitalité extrêmement ambitieuse et je suis extrêmement satisfait que nous ayons changé totalement d'échelle depuis l'été 2020. Mais oui, je me bats sur ces dossiers. Oui, je ne suis pas satisfait quand certains arbitrages ne sont pas favorables à cette politique de l'hospitalité. Mais vous savez la force de notre exécutif, c'est qu'on discute, c'est qu'on échange, c'est qu'on peut même changer de position et très clairement, c'est cela que nous avons aussi su montrer au cours d'un été qui a été éprouvant, éprouvant pour les personnes concernées, éprouvant pour les travailleurs sociaux et les travailleuses sociales, éprouvant pour les associations et les opérateurs de la métropole. C'est à l'ensemble de ces personnes que je pense et que je rends hommage parce qu'ils ont su aussi tirer la sonnette d'alarme.

En annonçant, fin juillet, que vous geliez les entrées, c'était aussi une manière de mettre la pression sur l'État, d'engager un bras de fer avec l'État. Est-ce que vous avez l'impression que le rapport de force a changé, que la préfecture a changé et collaborera plus avec vous sur ces dispositifs d'accueil ?


D'abord, on n'est pas tout à fait dans la même conjoncture que celle du début de l'été. Il ne vous échappera pas qu'il n'y a pas eu, pour le moment, un gouvernement sorti des urnes du 7 juillet 2024. Autrement dit, nous avions l'espoir au début de l'été d'avoir un gouvernement favorable à la politique de l'accueil, puisque seules les listes du nouveau Front populaire avaient fait de l'augmentation des places d'hébergement un Aujourd'hui, nous sommes dans une autre situation. Mais si vous me demandez si on a progressé en matière de continuité de la prise en charge, qu'est-ce qu'on fait aux 3 ans de l'enfant ? Si vous me demandez si on a progressé sur des solutions, notamment lorsque un nourrisson sort d'une maternité avec ses deux parents, je trouve que nous n'avons pas assez progressé et que c'est cela aussi que nous devons porter J'espère que les parlementaires vont s'emparer de cette question. Nous les avons alertés. Il faut qu'il y ait véritablement un rapport parlementaire pour comprendre ce qui se passe dans les différents départements. J'espère que les associations nationales aussi, qui nous ont apporté tout leur soutien, nous accompagneront dans ce travail pour que la métropole de Lyon ne soit pas la seule à faire ce qu'il est normal de faire. Accueillir celles et ceux et mettre à l'abri celles et ceux qui sont dans une situation véritablement de très grande vulnérabilité.

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