Un appartement lyonnais noté A sur le diagnostic de performance énergétique (DPE) se vend 15 % plus cher qu’une passoire énergétique. Pourtant, entre la multiplicité des aides, des technologies et des annonces commerciales, difficile de s’y retrouver. Lyon Capitale fait le point.
Longtemps considérée comme secondaire, la rénovation énergétique des appartements et maisons de Lyon est aujourd’hui une préoccupation majeure des acheteurs. Les chiffres ne trompent pas : un appartement lyonnais noté A ou B lors d’un diagnostic de performance énergétique (DPE) se vend au moins 15 % plus cher qu’une passoire thermique selon la chambre des notaires du Rhône. Un écart qui s’explique aussi par les besoins de rénovation courants sur les passoires énergétiques. Concrètement, c’est 45 000 euros de différence pour un T3 noté A et vendu 300 000 euros dans le centre de Lyon par rapport à un autre bien noté F ou G. Pour les maisons anciennes dans le Rhône, la différence de prix monte à 13 % entre une bonne et une mauvaise notation du DPE. Un contraste important, aujourd’hui pris en compte par les acquéreurs : “92 % des acheteurs négocient le prix d’une passoire thermique”, selon les analystes du site SeLoger. Un argument de poids à l’heure où l’immobilier lyonnais, sous pression, ne permet pas les discussions tant l’offre est rare.
“92 % des acheteurs négocient le prix d’une passoire thermique”
Une habitude qui s’explique aussi par le contexte : les prix de l’énergie s’envolent et la facture est de plus en plus salée. Gaz, fioul, électricité… Aucun cours n’est épargné par la hausse des prix dans cette situation instable notamment à cause de la guerre en Ukraine. En parallèle, les préoccupations climatiques et environnementales modifient aussi les usages. De fait, avant les calculs comptables de la facture énergétique, c’est aujourd’hui une réalité tangible à Lyon : les montagnes russes s’accentuent sur les températures lyonnaises avec de forts et rapides contrastes. Le mois de mai 2022 restera comme l’un des plus chauds qu’a connu la capitale des Gaules depuis 1945. Le lien ? L’usage des bâtiments représente un cinquième des émissions de gaz à effet de serre de la France.
De nouvelles règles plus sévères
Paradoxe, la popularité du sujet ne le rend pas plus accessible. De prime abord, il faut comprendre que c’est le diagnostic de performance énergétique (DPE) qui détermine la note sous forme de lettre attribuée à chaque logement. Or, l’année précédente a été marquée par une réforme du DPE dans le sens d’un durcissement des contrôles. “Avec l’ancien DPE, globalement, la note se basait sur la seule consommation”, explique Thomas Teixier, diagnostiqueur chez Courtier Diagnostics, basé à Lyon. Avant, deux appartements au chauffage collectif d’une même copropriété pouvaient avoir la même note, alors même que l’un était rénové et l’autre non. L’expert développe : “Aujourd’hui, les nouvelles règles prennent en compte l’isolation des murs, des combles, les matériaux utilisés, la ventilation, etc. Les coefficients ont aussi été changés pour favoriser l’électrique et pénaliser les chauffages à énergie fossile.” Une avancée qui a ainsi fait basculer de nombreux biens vers une mauvaise notation.
25 % des appartements lyonnais concernés
Problème, un calendrier national de mesures contraignantes pour le particulier a été mis en place lors du vote de la loi Climat et Résilience l’année dernière. En effet, dès le 1er septembre 2022, les biens notés F ou G ne pourront plus être vendus sans avoir été l’objet d’un audit énergétique en plus du DPE. “Le hic c’est que nous ne connaissons pas encore les tenants et aboutissants de cet audit dont le contenu reste très flou”, explicite le diagnostiqueur. Un retard au démarrage très pénalisant pour les vendeurs, tenus de fournir cette donnée aux acquéreurs.
En 2025, les logements ayant la note G seront interdits à la location
En effet, les transactions de septembre se déroulent maintenant. Pareillement, dès le 25 août 2022, les loyers des logements notés F ou G ne pourront plus être augmentés. Une mesure forte mais peu pénalisante au regard de ce qui arrive : en 2025, les logements ayant la note G seront interdits à la location (1 % des appartements à Lyon). Ensuite, en 2028, les logements notés F seront interdits à la location (4 %). Enfin, il en sera de même pour les logements classés E en 2034 (20 %). Autrement dit, 25 % des logements de Lyon ne pourront plus être mis à la location d’ici 2034 d’après les chiffres des notaires du Rhône. Des réformes dures, incitant drastiquement les propriétaires à se mettre à la page.
Les nouvelles règles du DPE prennent en compte l’isolation des murs et les matériaux utilisés. Ici, une mousse isolante biosourcée
Isoler puis chauffer
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