La quasi-totalité du personnel enseignant du lycée Camille Claudel, dans le 4e arrondissement de Lyon, a quitté son poste ce jeudi 14 octobre pour dénoncer la recrudescence des violences dans l'établissement et l’absence de sanction à l’encontre des élèves.
Ils sont en colère et ne comptent pas en rester là. Au lycée professionnel Camille Claudel, une action collective se déroule jeudi 14 octobre, réunissant les personnels enseignants et les assistants d’éducation (AED). Dans la matinée, environ 90 % des enseignants ont fait valoir leur droit de grève, empêchant ainsi la tenue des cours. Également dans le viseur des grévistes, la proviseure à la tête de l’établissement, critiquée pour son laxisme et le manque de sanction disciplinaire au moment des incidents. "Nous sommes épuisés, on aimerait retrouver un climat scolaire serein pour pouvoir travailler correctement avec les élèves, alerte une enseignante devant les grilles du lycée où elle est en poste depuis plus de 20 ans. Depuis que je suis là, je n’ai jamais vu ça ", poursuit-elle.
160 rapports d’incidents depuis le début de l’année
Ce qui inquiète les enseignants, c’est surtout la hausse de l’insécurité qui s’affirme dans l’établissement depuis la rentrée scolaire : "depuis le 2 septembre, 160 rapports d’incidents ont été rédigés. Pour un lycée de 300 élèves environ, c’est beaucoup ", dénonce cette même enseignante. L’ensemble des professeurs présents assurent que le lycée Camille Claudel était, jusqu’alors un établissement où il pouvait y avoir quelques problèmes de ce type, mais jamais autant. "On constate chaque jour une augmentation des incivilités. Il peut arriver que l’on intervienne physiquement pour séparer les élèves qui se battent. On a eu deux bagarres ces dernières semaines, dont une qui a débouché sur un traumatisme crânien ", s’insurge une autre enseignante gréviste, qui rappelle qu’un poste de surveillant est encore vacant depuis le retour des élèves en cours.
"On constate chaque jour une augmentation des incivilités. Il peut arriver que l’on intervienne physiquement pour séparer les élèves qui se battent", un enseignant gréviste du lycée Camille Claudel
Manque de soutien de la part de la direction
Même son de cloche du côté des surveillants, qui affirment enchaîner les heures supplémentaires non payées. "Outre les problèmes de drogue au sein de l’établissement, on a vu un élève venir en cours avec une arme blanche. Ils sont dans l’impunité la plus totale, car ils savent qu’ils ne seront pas embêtés par un conseil de discipline. On n’est absolument pas soutenus par notre direction ". Pour faire entendre leurs inquiétudes et revendications, les grévistes soutenus par plusieurs syndicats espèrent dialoguer rapidement avec l'académie. L'inspecteur d'académie adjoint a d'ailleurs proposé de recevoir une délégation de professeurs dans l’après-midi. Proposition refusée par l’ensemble des grévistes, qui souhaitent que "l’institution se déplace " jusqu’à eux. Regrettant que l'audience n'ait pas pu se tenir, l'académie assure être " attentive à la situation du lycée Claudel, comme de l'ensemble des établissements et en particulier les lycées professionnels, qu'elle accompagne au quotidien. Ainsi depuis le début de l'année une inspectrice établissement et vie scolaire s'est rendu à 2 occasions (le 28 septembre et le 11 octobre) au sein de l'établissement pour écouter les équipes et travailler avec elles en particulier sur la vie et le climat scolaires, poursuit la direction de l'académie. Et d'ajouter, qu des préconisations ont été faites pour améliorer les conditions d'accueil des élèves et d'exercice des enseignants. Ce travail se met en place. L'établissement a été confronté cette semaine à un absence ponctuelle d'un personnel de vie scolaire. Le recrutement d'un AED est également en cours". Concernant la direction de l'établissement, celle-ci n'a pas souhaité communiquer sur le mouvement en cours.