"Décision stratégique", "redressement de la France", "danger pour la démocratie", deux jours après la dissolution de l'Assemblée par Emmanuel Macron, les Lyonnais montrent des avis partagés. Reportage sur les marchés de La Croix-Rousse et du quai Saint-Antoine.
Les avis sont mitigés chez les Lyonnais, deux jours après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République. Certains ne savent pas vraiment quoi penser de cette décision, d'autres soutiennent cette annonce, d'autres encore déplorent un "danger pour notre démocratie".
"Quel danger ? Il n’y a pas de danger à voir"
Au marché de la Croix-Rousse, la dissolution de l'Assemblée nationale est sur toutes les lèvres. Dans le 4e arrondissement, les listes de gauche ont obtenu plus de 50 % des suffrages exprimés. Marie, une Lyonnaise de quarante-huit ans, vient sur ce marché depuis plus de vingt ans. Accompagnée de son fils, elle condamne fermement la décision du président de la République : "Je ne comprends pas. Comment est-ce qu'il peut prendre ce risque de faire monter au pouvoir l'extrême droite ?". Elle regarde son fils et poursuit, "c'est une décision qui me fait très peur, et quand je pense à mes enfants, je trouve ça triste de me dire que c'est dans ce monde que l'on vit aujourd'hui".
Lire aussi : Élections législatives : quelles sont les dynamiques dans les 14 circonscriptions du Rhône
Cet avis n'est pas partagé par tout le monde, c'est le cas pour Débora, vendeuse sur des marchés de créateurs, qui quant à elle, appuie la décision d'Emmanuel Macron. Elle estime "qu'avec tout ce qu’il se passe, il est temps de réagir un petit peu", bien qu'elle ne pensait pas que le président aurait "le culot" de dissoudre l'Assemblée. À une question concernant son avis sur les potentiels dangers de cette décision, elle ajoute : "Quel danger ? Il n’y a pas de danger à voir, je n’ai pas peur du tout. C’est juste le temps de redresser un peu la France, c’est tout".
"Ce qui me fait peur c’est la place qui est laissée à l’extrême droite"
Henri et Charly sont tous deux des agriculteurs lyonnais. Alors qu'il range ses fruits et légumes dans son camion, Henri ironise : "Tout le monde ne parle que de ça, ça fait mal à la tête". Lui non plus ne s'attendait pas du tout à un tel séisme politique. Comme il le dit, "je m'attendais à ce que Macron prenne une claque, mais pas à une dissolution". À côté de lui, Charly ajoute : "C’est bien, c’est la démocratie". Henri, lui, qualifie cette décision "d'erreur", estimant qu'il se met en danger après les résultats de dimanche soir. Il ne voit pour autant aucun danger pour la démocratie. "Le peuple a voté, les résultats étaient clairs, c'était sa seule option", juge-t-il.
Lire aussi : Le maire de Tassin-la-Demi-Lune, candidat LR aux élections législatives
Quai Saint-Antoine, dans le 2e arrondissement de Lyon, on pense plutôt à une décision stratégique de la part du chef de l'Etat. Dorothée est étudiante à Sciences Po Lyon. C'est la seule de son groupe d'amis à avoir accepté de répondre. Elle non plus, ne s'attendait pas à une telle décision du président. "Je pense que c’est un choix stratégique, Emmanuel Macron veut permettre à l’extrême droite ou à la gauche d'arriver au pouvoir pour se dédouaner des potentiels crises politiques et dysfonctionnements des trois prochaines années". Ce qui est clair pour cette étudiante, c'est que cette situation présente selon elle un grand risque : "Ce qui me fait peur c’est la place qui est laissée à l’extrême droite, ce qui est en train de se passer est un vrai danger pour notre démocratie".
"Je pense que c’est un calcul qui lui paraît stratégique cela me semble dangereux ou risqué"
Cet avis d'un choix "stratégique" est largement partagé par Alice, une pharmacienne de trente-sept ans : "Je pense que c’est un calcul qui lui paraît stratégique cela me semble dangereux ou risqué". Comme la plupart, elle n'aurait pas misé sur une dissolution de l'Assemblée, et raconte sa réaction et celle des gens qui étaient autour d'elle : "J'étais avec des amis dimanche soir, on réagissait aux résultats et on a entendu l'annonce. Le mot "peur", c'est la seule chose qui ressortait : la possibilité d’avoir l’extrême droite au pouvoir, accentuée par les derniers résultats, le peu de temps pour s’inscrire sur les listes puis le peu de temps de campagne disponible, c’est sûr que ça fait peur".
Elle a du mal à croire qu'Emmanuel Macron pourrait se retrouver gagnant à l'issue du 7 juillet, en ajoutant : "On peut dire un point pour la démocratie, quoique 50 % de participation rend la notion de démocratie discutable, mais vu le peu de temps accordé, je trouve ça risqué". Des avis mitigés donc pour les Lyonnais, qui ont en majorité voté en majorité pour Raphaël Glucksmann (Place publique), Manon Aubry (LFI) et Valérie Hayer (Renaissance).
Lire aussi :
- Élections législatives : Loïc Terrenes est candidat dans la 2e circonscription du Rhône
- Élections législatives : Béatrice de Montille candidate dans la 3e circonscription du Rhône
- Elections législatives : et si Pierre Oliver, maire du 2e arrondissement de Lyon, était candidat ?
- Le président de Lyon-La Duchère est candidat aux élections législatives
- Élections législatives : Anne Brugnera est candidate dans la 4e circonscription du Rhône
- "Un fort sentiment de responsabilité" : Nathalie Perrin-Gilbert est candidate aux élections législatives à Lyon
- Législatives dans le Rhône : les candidats dans votre circonscription
"mais vu le peu de temps accordé, "
oui, c'est surtout ça le problème. Déjà qu'habituellement 15j de campagne ne permet pas aux citoyens de faire connaissance avec tous les candidats et programmes... ni de faire des débats complets...