Guillaume Fornoni
Guillaume Fornoni

Restauration de l'église Saint-Bruno : "on se croirait en Italie"

Guillaume Fornoni, responsable des opérations de construction des bâtiments du secteur culturel de la ville de Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono.

L'église Saint-Bruno-les-Chartreux à la Croix-Rousse est désormais entièrement rénovée, plus de 30 ans après la première phase des travaux. Début octobre, la Ville de Lyon a inauguré la restauration complète de l'édifice religieux adossée au complexe éducatif privé des Chartreux. "Les façades étaient noircies y compris les façades intérieures, les entrées d'eau avaient fait en sorte que au niveau des plafonds des chapelles latérales il y a eu des phénomènes chimiques de type salpêtres du coup on ne voyait absolument plus les décors, les décors étaient cachés voire détruits, en tout cas partiellement détruits et effectivement toute la nef centrale qui actuellement est blanche, immaculée avec ses dorures était d'une couleur noire très sombre et d'ailleurs même les façades pour les lyonnais la première campagne de restauration de façade c'est en 2018, avant les façades étaient en pierre apparente, voilà donc du coup on a également, ces campagnes ont permis également de préserver le bâtiment et en recréant les enduits d'origine du XVIIIe siècle", se félicite Guillaume Fornoni, responsable des opérations de construction des bâtiments du secteur culturel de la ville de Lyon

Eglise méconnu de Lyon, Saint-Bruno-les-Chartreux se distingue par son style baroque peu commun dans la région. "Ce qu'elle a d'atypique c'est essentiellement le côté baroque de l'édifice, à Lyon il y a trois églises qui sont baroques, la chapelle de l'hôtel Dieu, la trinité et Saint-Bruno-les-Chartreux Et Saint-Bruno-les-Chartreux est la plus grande, en tout cas d'un point de vue baroque sur Lyon. Et on va dire que ce n'est pas très habituel, sous nos cieux, d'avoir une architecture baroque. Quand on rentre à Saint-Bruno, souvent les gens disent on se croirait en Italie, ou en tout cas dans le sud de l'Europe", poursuit Guillaume Fornoni.

La retranscription intégrale de l'entretien avec Guillaume Fornoni

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons Guillaume Fornoni. Vous travaillez à la ville de Lyon, vous êtes responsable culturel à la direction de la construction de la ville de Lyon, en gros vous supervisez les travaux dans les bâtiments historiques ou en tout cas d'une importance historique de Lyon, je voulais revenir avec vous sur la restauration de l'église Saint-Bruno-les-Chartreux, une restauration j'ai envie de dire au long cours, elle a duré quasiment 20 ans, alors il n'y a pas eu des travaux pendant 20 ans, en quoi les travaux qui ont été réalisés par la ville, en partenariat aussi avec l'État notamment financièrement, sont exceptionnels, sont extraordinaires ?


Alors déjà ce qui est exceptionnel c'est le temps relativement court, c'est 30 ans à peu près, la première campagne a eu lieu en 1991 et il y a eu cinq campagnes de travaux successives et les dernières se sont achevées l'année dernière, donc c'est vrai que c'est 30 ans mais pour la vie d'un bâtiment aussi somptueux que l'église Saint-Bruno-les-Chartreux, c'est exceptionnel, d'abord la première campagne de travaux a eu lieu sur la restauration du dôme parce qu'à l'époque l'église fuyait, il y a pas mal de rentrée d'eau et ensuite les campagnes se sont succédées pour arriver aujourd'hui sur une restauration complète de l'édifice afin de le mettre en valeur justement ce patrimoine.


Parce qu'il était dans quel état ? Il y a des gens notamment il y a une association qui s'est construite autour de cette église et qui disait les gens de l'association on l'avait toujours connu noir, elle était vraiment dans un état d'élabrement avancé ?


Oui disons qu'elle était effectivement les façades étaient noircies y compris les façades intérieures, les entrées d'eau avaient fait en sorte que au niveau des plafonds des chapelles latérales il y a eu des phénomènes chimiques de type salpêtres du coup on ne voyait absolument plus les décors, les décors étaient cachés voire détruits, en tout cas partiellement détruits et effectivement toute la nef centrale qui actuellement est blanche, immaculée avec ses dorures était d'une couleur noire très sombre et d'ailleurs même les façades pour les lyonnais la première campagne de restauration de façade c'est en 2018, avant les façades étaient en pierre apparente, voilà donc du coup on a également, ces campagnes ont permis également de préserver le bâtiment et en recréant les enduits d'origine du XVIIIe siècle.


Ce chantier là est ce que c'est courant que la ville de Lyon restaure de fond en comble et pour 20 millions d'euros à peu près de mémoire de ce type d'édifice...

Alors la ville de Lyon de part j'allais dire son positionnement géographique possède plus de 27 églises, possède également pas mal de monuments historiques donc du coup dans le cas des conventions signées entre l'état et la ville, l'état partenaire financier parce que l'état a soutenu la restauration de Saint-Bruno, la ville a l'habitude entre guillemets de restaurer son patrimoine y compris son patrimoine religieux, là c'est vrai que ce qui est exceptionnel c'est la suite, c'est la continuité des différentes opérations, permis aussi par effectivement la présence financière de l'état mais également par la présence d'argent privé à peu près autour de 2 millions d'euros. Oui il y a eu un mécène anonyme. Voilà tout à fait et c'est effectivement aussi ce qui a permis la complétude du dossier parce que pour la ville c'est très cher et j'allais dire que les monuments historiques une fois qu'ils sont restaurés il y a un effort financier.

Qu'est-ce qu'elle a d'atypique cette église dans le panorama de l'architecture religieuse à Lyon ?


Ce qu'elle a d'atypique c'est essentiellement le côté baroque de l'édifice, à Lyon il y a trois églises qui sont baroques, la chapelle de l'hôtel Dieu, la trinité et Saint-Bruno-les-Chartreux Et Saint-Bruno-les-Chartreux est la plus grande, en tout cas d'un point de vue baroque sur Lyon. Et on va dire que ce n'est pas très habituel, sous nos cieux, d'avoir une architecture baroque. Quand on rentre à Saint-Bruno, souvent les gens disent on se croirait en Italie, ou en tout cas dans le sud de l'Europe. C'est vraiment sa particularité et c'est aussi le fait que cette église, avant de devenir église paroissiale, était une église des frères chartreux. On l'oublie mais les pentes de la Croix-Rousse ont connu de nombreux établissements religieux, notamment les chartreux, qui ont façonné l'histoire de la ville.


A l'intérieur, il y a aussi des choses très étonnantes et en tout cas marquantes. Il y a notamment un bal d'Aquin au-dessus de l'hôtel. C'est presque unique à Lyon et presque unique en France. Oui, tout à fait. Et lui, dans quel état il était quand vous avez commencé les travaux ?


Le baldaquin fait partie d'une compagne de restauration antérieure, qui était sous maîtrise d'œuvre, architecte en chef des monuments historiques. Mais malheureusement, le baldaquin, après avoir été restauré, a été infesté d'insectes xylophages qui mangeaient le bois du baldaquin. C'est pour ça que, sur sa dernière phase de restauration, nous avons mis en place un échafaudage complet de la structure et traité par anoxie, c'est-à-dire en enlevant l'oxygène de l'air pour tuer les vrillettes et ainsi sauver le baldaquin.


Il y a aussi deux tableaux de Trémolières qui, visiblement, ont une dimension, comment dire, surtout l'un des deux, assez novatrice pour l'école. Il y a des chefs d'œuvre aussi dans cette église Saint-Bruno-les-Chartreux...


Oui, effectivement, au-delà d'être un bâtiment magnifique avec ses dorures, cette luminosité, c'est aussi une église qui abrite de nombreux tableaux. J'allais dire que c'est presque un musée Saint-Bruno à elle seule, notamment un tableau de Charles Trémolières qui se trouve au niveau du cœur, à droite au niveau de l'hôtel, et qui a, soyons entre guillemets honnêtes, révolutionné la peinture. C'est-à-dire que c'est un tableau qui a, on va dire, modifié la perception et qui a entraîné le style Louis XV en France. Donc c'est vraiment un tableau remarquable et qui, effectivement, fait l'objet d'une restauration assez profonde, assez poussée, aussi bien du cadre du tableau qui est exceptionnel que de la peinture en tant que telle.

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