Retraités, malades et en cours d'expulsion

Fin de la trêve hivernale oblige, les expulsions locatives ont repris depuis le 15 mars, mettant des centaines de familles en difficulté . Parmi elles, Frantz et Geneviève Clément, couple de retraités qui réside depuis 18 ans dans le troisième arrondissement de Lyon. Depuis juillet 2009, ils sont menacés d'expulsion pour des défauts de paiement vieux de quatre ans.

Âgé de 68 ans, Frantz Clément est un ouvrier du bâtiment à la retraite. Son épouse, Geneviève, 65 ans, est une ancienne secrétaire. Il y a quatre ans, le couple rencontre des problèmes financiers qui entrainent des retards de paiements de leur loyer. Le propriétaire, la SCI La Trinité, porte plainte et le tribunal décide de la résiliation du bail. Trois ans plus tard, le 21 juillet 2009, le tribunal accorde au propriétaire un avis d'expulsion avec le concours de la force de police. Le couple bénéficie néanmoins de la trêve d'hiver et obtient un sursis... de courte durée car dès la fin de la trêve, l'huissier de justice demande l'expulsion du couple.
Entre temps, le couple paie une indemnité d'occupation s'élevant à plus de 5000 euros pour l'année 2009 et s'acquitte de ses dettes. Frantz Clément contracte également un cancer de l'œsophage. Il est hospitalisé et reconnu invalide à 100% à la fin du mois de mars. Le couple a alors fait appel de la décision du juge des expulsions. En attendant la décision le 22 mai prochain, le couple reçoit l'appui des habitants du quartier organisé en collectif réseau solidarité logement (RSL). Créé depuis presque un an, ce dernier lutte contre les expulsions locatives dans les 3ème et 7ème arrondissements. Pour ce dernier, cette expulsion est scandaleuse et "reviendrait à un assassinat, au vu de l'état de santé de M. Clément".

Des solutions inadaptées aux besoins du couple

Pourtant, Geneviève Clément avait déjà fait des démarches dès juillet 2009 pour trouver un nouveau logement. En vain. Selon son fils, une assistante sociale leur aurait même proposé deux logements pour vivre séparément et avec des loyers élevés. Samuel, membre du collectif juge ces réponses insatisfaisantes : "la SACVL avait fait une proposition oral de relogement mais avec un loyer de plus de 760 euros par mois pour un revenu mensuel de 1800 euros pour les deux.". Un logement que le couple était finalement prêt à accepter mais qui leur a été refusé, faute de garant. Et impossible pour leur fils au chômage de se porter caution. Bref, une situation complexe à laquelle les pouvoirs publics peinent à répondre. "Ma mère a envoyé des courriers à la mairie et à la préfecture mais n'ont jamais eu de réponses" explique le fils du couple.

Les autorités se renvoient la balle

Suite à une rassemblement du réseau dénonçant le jeu de la patate chaude entre les institutions, le couple a finalement été reçu par les élus de la mairie du 3ème arrondissement. Catherine Panassier (Modem), adjointe à l'urbanisme et à la politique de la ville et Roland Jacquet (PC), conseiller d'arrondissement délégué à la citoyenneté leur ont notamment proposé un bail dans une résidence pour personnes âgées à 900 euros par mois. "Encore insatisfaisant" pour RSL étant donné les revenus du couple. Si la situation n'est toujours pas réglée, du côté de la mairie, on se veut rassurant : "Bien entendu, la mairie suit ces questions et met tout en œuvre pour accompagner la famille mais il n'y a pas de solution miracle." explique Roland Jacquet pour qui cette situation illustre une crise du logement au niveau national. "Je suis pour qu'on règle les problèmes par le haut en interpellant les vrais responsables." ajoute le conseiller d'arrondissement. Argument jugé trop simple pour Samuel : "La mairie a un pouvoir d'attribution des logements sociaux et peut donc faire quelque chose à son échelle." Le couple et l'association en appelle donc à une réelle prise de position municipale avec l'espoir d'une solution à plus grande échelle.

> Repères
En 2009, selon la préfecture du Rhône, 3657 ménages ont reçu une assignation en vue d'une résiliation de bail. 1406 demandes d'expulsion avec le concours de la force publique ont été accordées sur l'arrondissement de Lyon et 284 ont été effectuées.

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