Le douzième congrès national des observatoires régionaux de la santé (ORS) se tient à Lyon les 9 et 10 novembre. L'occasion de faire le point sur la santé des Lyonnais et des Rhônalpins, fonction des territoires où ils vivent. Parmi les inégalités : les femmes de l'Est lyonnais qui vivent moins longtemps que les hommes de l'Ouest. Et on se suicide deux fois plus à St-Etienne qu'à Lyon.
C'est la première fois que le congrès national des observatoires régionaux de la santé (ORS) se tient à Lyon. 700 personnes sont attendues, chercheurs, professionnels des administrations, de la santé, des collectivités, élus locaux et nationaux. La ministre de la santé, Roselyne Bachelot est annoncée mardi matin à l'ouverture.
Rhône-Alpes, championne de France pour l'espérance de vie des femmes
D'ores et déjà, Olivier Guye, directeur de l'ORS Rhône-Alpes et médecin de santé publique dresse un portrait plutôt flatteur de la santé des Rhônalpins. Pour preuve, l'espérance de vie des femmes y est la meilleure de France. Les femmes de la région vivent en moyenne 85,2 ans, contre 84 ans en moyenne en France. Les hommes ne sont pas mal lotis non plus. Ils vivent jusqu'à 78,6 ans en moyenne en Rhône-Alpes, contre 79 ans en Île-de-France et 74,2 ans en Nord-Pas-de-Calais. "Sachant que chaque année, on gagne en moyenne un trimestre d'espérance de vie, c'est comme si Rhône-Alpes avait vingt ans d'avance sur la région Nord-Pas-de-Calais", décrypte Olivier Guye.
Mieux lotis à l'Ouest qu'à l'Est de Lyon
Mais si l'on regarde à la loupe les résultats, de grandes disparités existent en fonction des territoires. Dans le Grand-Lyon par exemple, une différence très nette existe entre l'Est et l'Ouest. Une situation due aux différences sociales et économiques des populations, à leur niveau d'instruction, mais aussi à l'environnement dans lequel elles vivent. "La qualité de l'air respiré dans l'Est lyonnais, le tissu industriel et routier ne conduisent pas aux mêmes expositions que dans les Monts d'or", explique Olivier Guye.
L'environnement familial et de travail jouent aussi, tout comme l'aménagement du territoire, c'est-à-dire les ressources dont disposent les populations et leur accessibilité (actions sociale, loisir, etc). L'offre de soins en constitue un bon exemple. A Lyon, le directeur de l'observatoire régional de la santé relève une présence massive de praticiens libéraux tout comme à l'Ouest, tandis qu'il y a une pénurie de médecins à l'Est. Sans parler des médecins spécialistes, très peu présents à l'Est et d'autant moins accessibles que 70% d'entre eux pratiquent des dépassements d'honoraires.
Enfin, l'ORS met en évidence l'existence d'un effet de groupe sur la santé des individus. Deux individus de même niveau socio-économique, vivant sur le même territoire, ne vieillissent pas de la même façon en fonction des groupes auxquels ils appartiennent (famille, amis, collègues de travail, etc).
Au niveau de l'agglomération cela se traduit par des différences très marquées. Dans les communes de l'Est : Vaulx-en-Velin, Saint-Fons et Vénissieux, l'espérance de vie des femmes est plus basse que celles des hommes des communes de l'Ouest Lyonnais. Idem pour le diabète, il y a deux à trois fois plus de personnes atteintes de cette pathologie dans l'Est lyonnais, par rapport à l'Ouest.
"On se suicide deux à trois fois plus à Saint-Etienne qu'à Lyon"
Enfin, au niveau régional, le territoire qui présente les plus mauvais résultats en matière de santé est Saint-Etienne, et plus généralement la Loire. "On se suicide deux à trois fois plus à Saint-Etienne qu'à Lyon, Grenoble se situant dans une situation intermédiaire, plutôt plus proche de Lyon", note Olivier Guye, directeur de l'ORS Rhône-Alpes. Le profil du territoire, plus tourné vers l'industrie, avec une situation de l'emploi qui s'est considérablement dégradée depuis vingt-ans, explique les mauvais résultats de la Loire. A l'inverse, la situation de la Haute-Savoie s'est nettement améliorée en vingt ans, en lien étroit avec la situation de l'emploi, ce qui montre qu'en matière de santé comme ailleurs, il n'y a pas de fatalité.
Et pour aider au réajustement des résultats en matière de santé en Rhône-Alpes, l'Observatoire régional de la santé (ORS) travaille actuellement à l'établissement d'un diagnostic régional qui sera remis au printemps prochain au nouveau patron de l'Agence régional de santé (ARS). Quinze mois après la promulgation de la loi "hôpitaux, patients, santé et territoires" (HPST) et neuf mois après l'ouverture de la nouvelle Agence régionale de santé (ancienne Agence régionale de l'hospitalisation) Denis Morin, directeur de l'ARS et ancien directeur de cabinet de Martine Aubry au ministère du Travail, s'appuiera sur ce document pour définir les priorités futures de la politique de santé régionale.
Plus d'informations sur le congrès 2010 des Observatoires régionaux de la santé