La Suisse contrôle le niveau du lac Léman, la porte du Rhône, sans concertation avec la France. Une incongruité historique en contradiction avec le droit international, non sans risques pour l’Hexagone à l’heure du changement climatique et du renforcement nucléaire.
La France parviendra-t-elle à mettre la main sur le robinet du Rhône ? Pour la première fois, cet été, l’État helvète s’est dit “prêt” à négocier avec Paris. Depuis toujours, les autorités suisses étaient les uniques arbitres du débit du fleuve à l’embouchure du lac Léman à Genève. Elles seules contrôlent les ouvrages régulant la hauteur du fleuve. Une incongruité historique étonnante puisqu’il n’existe aucune convention entre les deux pays sur la gestion du lac. Pourtant, 40 % de la surface du Léman se trouvent en France, et la part des eaux françaises qui alimentent le lac s’élève à 12 %. Or le lac Léman se trouve être la plus grande réserve d’eau douce d’Europe, un véritable château d’eau naturel sur une surface qui fait douze fois la superficie de Lyon. Si historiquement, les gouvernements français successifs avaient pu passer l’éponge, les prévisions climatiques ont changé la donne. L’Agence de l’eau prévoit maintenant une baisse du débit du Rhône jusqu’à -20 % dans les trente prochaines années ; alors qu’il a déjà baissé de 13 % depuis 1960. Chaque goutte compte.
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Refroidissement des centrales nucléaires, production hydroélectrique, irrigation des cultures, industrie, eau potable, navigation, tourisme, faune et flore… Les thématiques dépendantes du fleuve le plus puissant de France sont multiples et sensibles. Si la gestion des débits fonctionnait jusqu’alors en bonne intelligence entre les deux voisins, la nécessité d’un accord cadre se fait sentir afin d’éviter les tensions lorsque les intérêts divergent selon que l’on se trouve d’un côté ou de l’autre de la frontière. Dans le détail, le Canton de Genève gère, via le barrage du Seujet, le débit du fleuve en fonction de ses besoins en hydroélectricité et du respect des niveaux de lac définis dans le cadre d’un accord intercantonal suisse dont l’origine remonte à 1884. Autrement dit : la balle est du côté des Cantons de Vaud, du Valais et de Genève, cornaquée par l’État fédéral suisse.
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Les réticences de la Suisse
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