Rhône : "non" massif contre la privatisation de la Poste

Sans cadre légal, ils se sont débrouillés seuls pour organiser un référendum. Et ça a fonctionné. Officiellement, 2 millions de personnes se sont prononcées sur l'avenir de la Poste du 28 septembre au 3 octobre en France, dont 35 427 dans le Rhône.

Dans le département, les votants se sont bousculés dans les 123 bureaux de vote improvisés dans la rue et sur les marchés, dans certaines mairies de gauche également ouvertes pour l'occasion, malgré l'avis du gouvernement. "C'est la première fois, parole de militant, que je vois autant de gens se déplacer pour signer une pétition dans la rue", s'est félicité Jean-Vincent Jéhanno, militant de gauche depuis plus de vingt ans. Son parti de gauche (PG), avait organisé le scrutin dans le Rhône, avec 18 autres organisations de gauche, dont Attac Rhône, la CGT-Postale, les Verts, le Parti socialiste notamment, toutes signataires de l'appel pour la Poste.

Après dépouillement, le résultat est sans appel : 98% des votants dans le Rhône se sont prononcés contre la privatisation de La Poste, 1.78% pour seulement. Les résultats sont sensiblement les mêmes au niveau national. Et il reste encore les résultats des bureaux de votes des entreprises à prendre en compte. Ceux-ci ne seront comptabilisés avant trois jours, selon les organisateurs dans le Rhône. D'après les estimations de la CGT-Postale, 5000 votes viendront ainsi s'ajouter mercredi aux 35 427 déjà comptabilisés, portant ainsi à près de 40 000 le nombre de votants dans le Rhône.

Un succès écrasant

Au-delà du résultat sans appel, ce "non" écrasant à la privatisation, c'est surtout la participation qui pourrait jouer dans ce scrutin sans valeur juridique. Elle pourrait, si le gouvernement n'y est pas indifférent, accélérer l'adoption de la loi organique qui instituera le référendum d'initiative populaire. "L'examen de ce projet de loi aurait déjà dû passer devant le Sénat", s'énerve Michèle Brunet du Parti communiste du Rhône qui a participé à l'organisation de la votation citoyenne.

Mais devant un tel "succès", les militants de gauche espèrent maintenant que le vote de la semaine dernière accélère le processus législatif. Le secrétaire fédéral du PS aux services publics, Yann Benhayoun, résumait ainsi lundi 5 octobre, avec un lapsus : "le parti socialiste pourrait profiter d'une niche fiscale, heu....pardon, d'une niche parlementaire pour présenter ce projet de loi rapidement devant l'Assemblée nationale".

S'il entrait en vigueur, rappelons que le référendum d'initiative populaire, permettrait d'organiser des référendums nationaux, à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement, soutenus par un dixième des électeurs inscrits. Soit dans le Rhône, 104 542 votants nécessaires. C'est un bon début.

Lucie Blanchard

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