projet barrage sur le rhone
Le projet « Rhônergia » de nouveau barrage sur le Rhône. © CNR

Rhônergia, le projet de barrage sur le Rhône qui inquiète jusqu'à Lyon

Alors que la dernière concertation publique sur le barrage Rhônergia doit se tenir le mardi 27 février, les opposants au projet manifesteront leur désaccord ce vendredi.

Depuis son annonce en novembre dernier, le projet Rhônergia rencontre une forte opposition. Une levée de boucliers notamment due aux conséquences que pourrait avoir le barrage sur la faune et la flore du Rhône. Porté par la Compagnie nationale du Rhône (CNR), le projet a pris forme fin 2023 pour une mise en service en 2033. Les prémices de ce barrage qui sera érigé entre les communes de Loyettes, dans l’Ain, et de Saint-Romain-de-Jalionas, en Isère, remontent cependant à plusieurs années.

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Un barrage attaqué de toutes parts

Dès 2018, de premières estimations faisaient ainsi état d'un budget de 230 millions d'euros pour mener à bien le projet. Un chiffre qui a depuis été réévalué à 330 millions d'euros, de quoi faire grincer des dents ses détracteurs, inquiets de son coût et de son impact environnemental. "À cette allure, à plus de 100 millions d’euros tous les 5 ans, ce barrage nous coûtera 530 millions d’euros dans 10 ans", s'inquiète Margot Savin, secrétaire régionale du groupe Les Ecologistes. Selon elle, il s'agit d'un coût "impensable et démesuré pour une très faible production d’énergie projetée". Une fois construit, le barrage devrait produire 140 GW/h, d'après la CNR. Ce qui équivaut aux besoins électriques annuels de 60 000 habitants, soit la population de Valence ou de Vénissieux.

"À cette allure, à plus de 100 millions d’euros tous les 5 ans, ce barrage nous coûtera 530 millions d’euros dans 10 ans"
Margot Savin, secrétaire régionale Les Ecologistes
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Les Ecologistes pointent également du doigt la fin du chantier fixée à 2033, au regard de l'objectif de 33% d'énergies renouvelables en 2030 affiché par le gouvernement. "2033 comme objectif, c’est déjà partir avec 3 ans de retard". Les conséquences du projet sur l'environnement sont également au cœur des préoccupations. À Saint-Romain-de-Jalionas, un collectif citoyen de 80 personnes s'est ainsi créé au mois de novembre. Ce dernier se soucie notamment de la vie piscicole sur le tronçon de 26 kilomètres du fleuve impacté par le barrage.

En aval, c'est du côté de la Métropole de Lyon que des inquiétudes commencent également à poindre. Début février la collectivité territoriale aux mains des écologistes avait partagé ses interrogations sur "la pertinence du projet" après avoir identifié "de nombreux enjeux et risques pour la ressource en eau à ce stade des études". Outre "la modification majeure du lit du fleuve et de déstockage de polluants", les élus de la Métropole de Lyon s'inquiètent notamment des "potentielles incidences du projet sur la qualité des eaux de surface et souterraines en très grande proximité du champ captant de Crépieux-Charmy qui fournit 97% de l'eau consommée sur le territoire".

"Pour la Métropole de Lyon, le besoin de répondre à la décarbonation de la production d’électricité doit faire l’objet d’une évaluation sérieuse du rapport bénéfices/risques"
Anne Grosperrin, vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge du cycle de l’eau
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Demandant "à être largement associée à la prise de décision finale", la Métropole de Lyon souhaite par ailleurs que des études approfondies soient menées "sur les répercussions de ce barrage concernant les débits et la température des eaux du Rhône, ainsi que les effets pour les territoires en aval".

La CNR se veut rassurante

Face à ces inquiétudes, la CNR se veut rassurante. "On prévoit d'ores et déjà la continuité piscicole et sédimentaire. On a déjà pris en considération les problématiques environnementales dans l'étude de faisabilité et on le fera encore dans les études de détails à venir", a confié à nos confrères de Radio Scoop Olivier le Berre, directeur de projet à la CNR. L'organisme affirme également avoir un rôle dans "la lutte contre le changement climatique et l'indépendance énergétique de la France".

"On a déjà pris en considération les problématiques environnementales dans l'étude de faisabilité et on le fera encore dans les études de détails à venir"
Olivier le Berre, directeur de projet à la CNR
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Une dernière réunion publique sera organisée par la CNR mardi 27 février de 19 à 21 heures à Pont-de-Chéruy, en Isère. Ce sera ensuite à l'Etat de se prononcer mi-2024 sur la poursuite ou non du projet. Après cela, une nouvelle enquête publique et un arbitrage final devraient avoir lieu en 2027. Avant cela, déterminés à faire entendre leurs inquiétudes, les Ecologistes annoncent une mobilisation devant le siège de la CNR, situé dans le 4e arrondissement, le vendredi 23 février à partir de 17 heures.

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