Des centaines de personnes se sont réunies mardi soir à Rillieux-la-Pape pour rendre un hommage à Laura P., l'une des deux jeunes femmes assassinées dimanche à Marseille.
"C'était une fille qui aimait la vie, elle était souriante, elle avait la vie devant elle, raconte Nesrine, étudiante de la même école d'infirmières que Laura P. Quand nous avons appris la nouvelle, nous étions tous bouleversés. C'était très important pour nous d'être là ce soir, pour elle et pour ses proches." À l'accueil Marcel André de Rillieux-la-Pape, ils étaient des centaines mardi soir à être venus rendre hommage à Laura, l'une des deux jeunes femmes tuées dimanche à Marseille.
"Une personnalité tournée vers les autres"
"Les mots ne sont évidemment pas suffisants dans de pareils moments, mais je voudrais dire à sa famille, à ses proches, à tous ceux qui l'aimaient et qui la connaissaient, que Rillieux-la-Pape est avec eux, que la commune est aujourd'hui meurtrie et qu'elle a perdu une partie d'elle-même", déclare, lors de son discours, le maire Alexandre Vincendet. Il rappelle que Laura allait avoir 21 ans le 10 octobre prochain. Il décrit "une élève brillante, débordante d'énergie et impliquée dans la vie de la cité". Et de poursuivre : "Ceux qui la connaissaient bien retiennent de Laura un sourire, une personnalité tournée vers les autres, un amour de l'apprentissage et de la transmission, forgé dans l'engagement au sein des Scouts et Guides de France où elle était cheftaine. C'était une jeune femme qui poursuivait sa vocation au service des autres à l'école d'infirmières Rockefeller, après avoir suivi des études de psychologie à Lyon II. Son chemin de vie était fortement imprégné de cet engagement, de cette attention portée aux autres, de cette volonté de s'impliquer dans la vie de Rillieux-la-Pape à laquelle elle était tant attachée et où elle avait donné de son temps en tant que membre du conseil municipal des enfants."
"Un niveau d'engagement exceptionnel"
Une minute de silence accompagnée des sirènes de la mairie et entrecoupée de quelques sanglots étouffés. Les applaudissements pleuvent puis les habitants font la queue pour laisser un mot dans des registres ou pour déposer des fleurs. Benoît se tient sur le côté et trouve difficilement les mots. Employé de la mairie, il est venu ce mardi soir par solidarité. "J'ai dû croiser cette petite 50 000 fois, ce visage m'est familier. J'ai trois enfants, je ne sais pas comment expliquer, mais cela me blesse. C'est inadmissible."
"C'est une perte pour nous, ses amis, sa famille, mais aussi pour la société. En plus, elle voulait être infirmière, c'est une perte gratuite." Hervé Grimaud, responsable du groupe des Scouts et Guides de France des Portes de la Dombes, connaissait Laura depuis deux-trois ans. Il cite la chanson "Juste quelqu'un de bien" pour la dépeindre. Il évoque une personne "engagée, sympathique, qui véhiculait leurs valeurs". "Elle faisait partie de deux groupes scouts, le nôtre et celui d'Ardèche, je ne savais même pas que cela pouvait se faire, il faut quand même avoir un niveau de conscience et d'engagement exceptionnel pour arriver à gérer deux équipes en même temps."
La dernière fois qu'Hervé Grimaud a parlé à Laura, c'était il y a quatre jours par e-mail. "Nous faisions les calendriers et je l'ai grondée parce qu'elle voulait prendre trop de jeunes. Mais cela signifie qu'elle en voulait et c'est cela qui était beau. Nous espérons que son exemple donnera envie à d'autres jeunes de poursuivre." Il rappelle qu'il "ne faut pas rester dans le désespoir" : "Cela ne fait pas avancer même si aujourd'hui nous avons un coup de mou, c'est clair. Il faut rebondir, il faut montrer à nos jeunes que nous devons continuer."
"Laura, nous ne t'oublierons pas"
Pour parler de Laura, Cécile préfère lire un texte écrit en collaboration avec les autres membres du groupe des Scouts et Guides de France des Portes de la Dombes. "[...] Jeune fille engagée, rayonnante, convaincue, disponible pour les autres, elle avait la fougue de la jeunesse qui veut faire bouger ce monde. Œuvrer pour la paix et le vivre ensemble était le moteur de son engagement. Avec les Scouts et Guides de France, mais aussi dans ses études d'infirmière. […] Elle va beaucoup nous manquer. Elle a été enlevée aux siens et à cette vie qu'elle aimait tant par la violence aveugle. Nous savons qu'il faut vivre désormais avec ces événements, mais nous ne voulons céder ni à la peur quotidienne ni à la haine. Nous continuerons de défendre les valeurs fondamentales de notre mouvement qui ont pour objectif de former des citoyens actifs, heureux et artisans de paix. Le vivre ensemble, la solidarité, l'engagement auprès des autres et dans la société, le sens du service, le respect d'autrui, l'éducation des jeunes à la paix, le développement de la personnalité, la vie dans la nature et le respect de l'environnement, toutes ces valeurs qu'elle partageait, avec l'énergie de son engagement. Nous nous rappelons la loi scoute, nous affrontons les difficultés avec optimisme et nous construisons un monde de justice et de paix. Laura, nous ne t'oublierons pas."
François Mandil, délégué national communication et relations extérieures des Scouts et Guides de France, explique qu'ils travaillent "malheureusement" depuis bientôt deux ans avec des médecins, des enseignants et des pédopsychiatres sur des outils éducatifs pour répondre aux questions concernant les attentats. "Une psychologue du mouvement va venir accompagner l'équipe éducative et les jeunes, assure-t-il. Cela ne sera peut-être pas suffisant, il faudra peut-être un autre accompagnement, mais c'est une première mise en place. Aujourd'hui il y a ce besoin de deuil puis sur le long terme, nous allons travailler à la reconstruction."
Après la cérémonie, des étudiants de l'école d'infirmières se sont silencieusement rassemblés en cercle et ont allumé quelques bougies en mémoire de Laura.
Plus de commentaires, comme c'est bizarre !