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Rue Paul-Bert : la démolition annoncée suscite l'émotion

Une vive émotion s'est emparée du quartier Moncey (Lyon 3e) depuis quelques semaines. En effet, le Grand Lyon a annoncé le 21 mai la démolition de trois immeubles situés au 11 rue Paul Bert, 10 et 12 rue Moncey, qui font partie intégrante du patrimoine du quartier.

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Pour comprendre cette affaire complexe, il faut revenir dix ans en arrière. Entre 2000 et 2002, la Ville de Lyon rachète trois immeubles situés derrière le CLIP, immense immeuble vitré situé au croisement du Cours de la Liberté et de la rue Paul Bert à Lyon 3e, dans le quartier de la Guillotière. Les immeubles sont occupés à l'époque. En 2004, les derniers locataires quittent les lieux et les logements des étages sont murés. Aujourd'hui, il ne reste plus que deux commerçants au rez-de-chaussée, Monsieur Abrit et Monsieur Hachmi. Ils ont jusqu'à la fin du mois de juin pour quitter les lieux.

La démolition des trois immeubles situés au 11 rue Paul Bert et au 10-12 rue Moncey a été programmée pour début 2013. Leur destruction doit permettre de créer une voirie ouvrant la partie sud du quartier (côté Paul Bert) sur la rue Moncey. Un projet qui s'inscrit dans celui plus global de requalification de la place Pierre-Simon Ballanche, située derrière le CLIP. Le coût global des travaux est estimé à 1,970 millions d'euros par le Grand Lyon.

"Un projet flou, coûteux, inefficace et dangereux"

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Pour Marie-France Antona, présidente du Comité d'habitants et de commerçants du Quartier Moncey, c'est une aberration. "Un projet flou, coûteux, inefficace et dangereux", selon elle. "Surtout que nous n'avons jamais été consultés à ce propos !". La présidente défend l'intérêt patrimonial que représentent ces immeubles, construits en 1826 par l'architecte lyonnais Frédéric Hotelard. Mais aussi les commerces qui font partie de l'histoire du quartier. "Le restaurant l'Abeille Dorée existe depuis 40 ans, c'est un crève cœur de le voir fermer", affirme-t-elle.

Selon elle, les appartements, bien qu'inhabités depuis près de dix ans, sont encore en bon état et on pourrait y développer "un projet d'habitat et de locaux commerciaux ou d'activités alternatif, coopératif, intergénérationnel, culturel et innovant, qui donnerait une valeur ajoutée du point de vue social et patrimonial". Pour le comité d'habitants, au-delà de la requalification du quartier en cours, le Grand Lyon veut surtout résoudre le problème du CLIP, cet immense immeuble vitré qui casse l'architecture du quartier depuis sa création en 1988. Mais pour eux, ces démolitions n'apportent aucune réponse et laissent au contraire présager d'une nouvelle décennie de travaux. "On a un vrai ras-le-bol des chantiers, c'est vrai que notre peur de voir se détruire le quartier tourne peut être à la paranoïa", avoue Marie-France Antona.

L'appel au calme de Thierry Philip

Thierry Philip, le maire socialiste du 3e, appelle quant à lui "au calme". Pour lui, ces démolitions font partie d'un projet précis afin d'apporter davantage de vivre-ensemble, de calme et de sérénité au quartier. "La démolition de ces immeubles permettra d'aérer le quartier en construisant une voirie", précise-t-il. Pour le maire qui contredit Marie-France Antona, "la rénovation de ces immeubles qui tombent en morceaux coûterait des millions d'euros".

Pour l'heure, seule une esquisse de projet aurait été réalisée et aucun projet concret n'aurait encore été acceptée par le Grand Lyon. 330 riverains ont signé une pétition contre les démolitions. Un dossier a également été envoyé à Gérard Collomb la semaine dernière, resté à notre connaissance sans réponse.

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