La nouvelle adjointe aux affaires scolaires s’est jetée, lundi, dans le grand bain de la politique locale. Face au conseil municipal, elle a défendu le projet de la Ville de Lyon pour les rythmes scolaires. Récit.
À trois semaines du début des inscriptions scolaires pour l'année 2014-2015, Anne Brugnera, nouvelle adjointe à l'éducation de Gérard Collomb, a présenté lundi soir la proposition de la municipalité pour l'organisation du temps scolaire et périscolaire l'année prochaine dans les écoles élémentaires et maternelles.
L'adjointe a expliqué pourquoi elle s'était saisie il y a tout juste deux semaines du décret d'assouplissement proposé par Benoît Hamon, qui permet, dans une deuxième mouture du projet lyonnais, de regrouper les activités périscolaires le vendredi après-midi, avec le mercredi matin travaillé et les lundis, mardis et jeudis inchangés.
©Lyon Capitale TV
Veto des associations aux 45 minutes chaque soir
"Nous avons proposé aux associations lyonnaises (MJC, centres sociaux, etc.) d'être partenaires de la réforme avec nous, avec des conditions de réussite. Elles ont posé leur condition : que les temps périscolaires ne fassent pas moins d'une heure de temps chaque jour. Aujourd'hui, elles sont partantes, elles préfèrent cette organisation à celle envisagée au départ", affirme l'adjointe.
Le premier projet est donc abandonné, qui consistait à réduire le temps d'apprentissage de 45 minutes par jour. Le second projet "nous semble plus lisible et plus simple pour les enfants et les familles, il est plus intéressant pour mobiliser les associations, embaucher des animateurs diplômés. Enfin, le vendredi après-midi permet, en termes d'activités et de locaux, un accueil de loisir beaucoup plus riche en termes de taux d'encadrement, de diplômes des animateurs. Nous nous en emparons pour améliorer notre pause méridienne, qui deviendra un accueil de loisir avec les mêmes normes que le mercredi après-midi", vante-t-elle.
Lyon n’est plus “ville amie des enfants” pour l’UDI
Mais, pour l'opposition, Lyon "tourne le dos au décret Peillon", regrette Denis Broliquier (UDI/Modem). "Les rythmes de l'enfant ne seront en rien respectés (…) La réforme est dévoyée de son objectif initial. On veut bien comprendre qu'il est difficile de respecter les 45 minutes chaque jour d'activités périscolaires, mais Lyon “ville amie des enfants” [référence à l'appel de Bobigny signé par Gérard Collomb en 2010, NdlR] ne l'est plus autant que cela dans la réalité. On préfère privilégier le confort des adultes à celui des enfants", regrette le maire du 2e.
“Une punition post-électorale” pour l’UMP
Michel Havard (UMP) voit dans le projet lyonnais "le révélateur du travail catastrophique du Gouvernement". Pour le leader de l'opposition municipale, ce qui faisait "l'essence" de la réforme est abandonné. "C'est donc une régression pour les conditions d'apprentissage de l'enfant que vous nous proposez, bref la pire des formules pour l'enfant", affirme l'élu. Par ailleurs, "le contribuable va devoir payer pour près de 9 millions d'euros une mauvaise réforme. À ce stade, ce n'est pas une erreur, c'est une catastrophe", reproche Michel Havard. Le maire de Lyon "inflige une punition post-électorale aux Lyonnais".
Au sein de la majorité de gauche, Hélène Chevalier (EELV) s'étonne que le maire ne demande pas "l'avis du conseil municipal sur la mise en place de la réforme des rythmes scolaires" et demande "une modification du projet". Nathalie Perrin-Gilbert (Lyon citoyenne et solidaire) regrette que l'on ait perdu "deux années scolaires de possible concertation pour un projet qui ne repose pas sur un projet pédagogique réfléchi et creusera les inégalités entre les enfants".
“On laisse passer une opportunité” pour Rabatel
Enfin, Thérèse Rabatel (Lyon gauche solidaire), proche de l'ancien adjoint à l'éducation de Gérard Collomb, Yves Fournel, très investi sur les rythmes de l'enfant, considère qu'"il est dommage de ne pas saisir ces opportunités d'améliorer globalement la situation sur deux heures à midi et deux heures le soir, chaque jour". Elle n'oublie pas que "les conseils d'école s'étaient prononcés à plus de 80 % pour la régularité chaque jour en juin 2013. C'est pourquoi nous ne comprenons pas la proposition soumise aux écoles aujourd'hui, alors qu'enfin – très tard certes –, l'État et la CNAF avaient répondu à nos demandes financières. Nous risquons de ne pas retrouver avant longtemps cette opportunité de réaliser un accueil de loisir pendant la pause méridienne et tous les soirs de 15h45 à 17h45".
Son groupe a indiqué qu'il voterait pour la mise en place des rythmes scolaires à Lyon lors du prochain conseil municipal le 16 juin, espérant qu'une "rectification" interviendra après. Le 16 juin, l'UDI, l'UMP et le groupe de Nathalie Perrin-Gilbert envisagent de voter contre, tout comme les écologistes qui se réuniront le 12 juin pour choisir entre l'abstention et le vote contre.
Monsieur le Maire ou ses élus ont peut être des enfants, mais ils sont surement scolarisés dans le PRIVÉ, et je pense que leurs moyens financiers leurs permettent d'avoir recours à une nourrice. En ce qui concerne les petits contribuables, ce sera surement autre chose !!!Toutes ces mamans qui ne travaillent qu'à 80% (mercredi repos) vont être pénalisées, juste pour le plaisir des nos élus du GOUVERNEMENT.
Au départ, un pretexte, le bien etre des enfants, en réalité la mégalomanie d'un homme qui a voulu donner son nom a une réforme.En dévoyant l'objectif premier de l'ecole, ces gens (les elites de gauche qui dominent l'EN) ne font que renforcer l'exaspération du peuple, çà se paie dans les urnes, c'est mérité.D'autant plus que comme le montre encore une étude ce jour, le niveau moyen des eleves baissent, ce qui est très favorables aux enfants des elites.
Petite appartée : j'etais au college avec Anne Brugnera dans les années 80 à Bellecombe : elle a connu la qualité de l'enseignement 'traditionnelle' 'a l'ancienne', prodigué essentiellement par des profs de gauche de conviction. Comment est il possible qu'aujourd'hui elle defende un projet qui s'oppose radicalement a ce qu'elle a pu expérimenter et qui a priori était un bon accommodement et permettait bcp plus qu'aujourd'hui du brassage social ? Il faut revenir a l'enseignement des années 80 ..
Lorsque 'l'enfer est pavé de bonnes intentions', c'est parce que la confusion a gagné les esprits. Reprenons la longue marche des Lumières... Pour les années 80, il y avait quatre jours et demi de classe... et avec trois semaines de vacances en moins par rapport à aujourd'hui... La division de l'Evaluation annonce aujourd'hui une chute des résultats en CE1 et CE2. Réponse de Lyon: le temps périscolaire prendra demain le pas sur le temps scolaire. Est-ce responsable?
Arrivée à Lyon il y a peu, je trouve aberrant que cette ville traite ce dossier si légèrement : la base même de la réforme, on s'assoit dessus (les enfants seront crevés en fin de semaine et les 2.5 jrs de we les déconnectent), on se met la plupart des adultes dans la poche (avec les RTT, youpi 2.5 jrs de we, pas grave si le niveau chute) et le seul argument : les activités seront de qualité, pour 19€/mois je veux ! On lit ça dans les journaux au dernier moment ! On nous prend pour des crétins ?