Alors que de nouveaux décrets assouplissant la réforme ont été annoncés ce matin par le ministre de l’Education nationale dans le journal Le Monde, le maire de Lyon a réagi, à 16h passées, annonçant qu’il allait “les regarder” et qu’il se prononcerait “lors du prochain conseil municipal”, c’est-à-dire le 26 mai.
"Le silence devient assourdissant." La formule est de Denis Broliquier, maire UDI du 2e arrondissement de Lyon, et elle résume assez bien l'état de flottement autour de l'application de la réforme des rythmes scolaires à Lyon, l'année prochaine. Alors que la municipalité s'était précipitée, en fin d'année dernière, pour consulter les conseils d'école sur d'éventuels horaires d'application des 9 demi-journées travaillées pour les enfants, le maire se donne désormais tout le temps de répondre à la question. Trop de temps ?
Cet après-midi, en conseil municipal, les Lyonnais attendaient une réponse de Gérard Collomb sur le mercredi matin travaillé l'année prochaine dans les écoles primaires et maternelles de la ville, mais le maire est resté évasif, une fois de plus. Affichant un détachement incompréhensible à "deux mois de l'été", comme l'a souligné Michel Havard (UMP). Le maire socialiste a poussé le zèle jusqu'à se féliciter de son absence de décision : "Heureusement que nous n'avons pas pris de décision, a-t-il dit, puisque de nouveaux décrets viennent de paraître. Nous allons les regarder et, dès que nous aurons pris une décision, nous dirons ce que nous faisons lors du prochain conseil municipal."
Pas de réponse avant le 26 mai
Renseignement pris, la prochaine réunion des conseillers municipaux aura lieu dans un mois, lundi 26 mai. Les parents d'élèves devront-ils encore attendre un mois pour savoir dans quelles conditions ils recrutent, éventuellement, une assistante maternelle à la rentrée prochaine ? Opération qui s'effectue généralement avant juin ! Devront-ils attendre la fin mai pour savoir comment ils organisent leur temps de travail l'année prochaine ?
Devant l'absence de décision du maire, Michel Havard, chef de file du groupe UMP au conseil municipal, a bien proposé de voter "un report de la réforme" à Lyon. "Nous n'aurons jamais le temps de la mettre en place pour le 1er septembre", a acquiescé Denis Broliquer (UDI), suggérant "un moratoire", c'est-à-dire "un gel de la réforme" et une nouvelle "consultation des instituteurs, des agents et des parents".
Pour rappel, officiellement, Gérard Collomb, réélu depuis le 30 mars et que plus rien n'empêche sur ce dossier, attend toujours le courrier du directeur de la CAF lui confirmant la participation financière de son organisation. Il attend aussi le montant exact de l'enveloppe de l'Etat – 50 euros par enfant inscrit, en principe. Ces deux inconnues lui sont pourtant acquises théoriquement.
Les nouveaux décrets ne semblent pas pouvoir intéresser Lyon
Autres données à prendre en compte : les nouveaux décrets annoncés vendredi par le ministre. Ceux-ci portent sur le nombre de demi-journées d'enseignement obligatoire, qui passe de 9 à 8, dont 5 doivent obligatoirement avoir lieu le matin. Mais la mesure concerne surtout les communes rurales qui envisagent de concentrer les temps périscolaires sur un seul après-midi. Second assouplissement, la possibilité donnée aux communes de réduire le temps scolaire hebdomadaire de 24 à 20 heures, en rattrapant les 4 heures manquantes par semaine sur les vacances scolaires. Mais on voit mal, là aussi, comment Gérard Collomb pourrait se saisir de cette modification, même si elle est bien dans l'esprit de la réforme ; cela l'obligerait en effet à allonger les temps périscolaires, qui lui coûtent déjà assez cher.
En attendant, on comprend mal pourquoi Gérard Collomb cherche encore à gagner du temps. C'est l'incompréhension dans le milieu scolaire et chez les parents d'élèves. Peut-être bientôt la colère, si le maire ne se prononce pas rapidement alors que tous ont besoin de réponses pour s'organiser en septembre.
Ce matin, à deux reprises, le ministre Hamon a parlé de 'dégringolade dans les classements internationaux' au sujet des performances scolaires des petits Français. Et voilà qu'il ouvre la porte à des dispositifs qui vont rendre notre école encore moins égalitaire et moins efficace. C'est donc la possibilité d'un retour à des semaines de 8 demi-journées de classe, avec des journées de 6 heures d'apprentissage!? Comme aujourd'hui mais en avec des rythmes décalés. Quel intérêt?
C'est une deuxième demi-journée libérée l'après-midi (en plus de mercredi) qui concentrera les apprentissages sur encore moins de temps. Le contraire de l'objectif visé. Et si c'est le vendredi après-midi qui est choisi, cela permettra à ceux qui le peuvent (les enseignants?) de partir en week-end le vendredi à midi... Et les autres devront payer pour participer aux activités de l'après-midi. Hamon parle d'égalité et organise l'inégalité. Moi je regrette Peillon. Dans la lune, mais cohérent.
Hamon a donc cédé au Snuipp, principal syndicat enseignant, qui réclamait une nouvelle demi-journée sans élèves (ils feraient mieux de changer de métier...) ainsi qu'aux maires qui invoquaient des difficultés matérielles (alors que le coût final sera le même). L'intérêt de l'enfant et le redressement du pays attendront! Cette mesure, une mascarade, était demandée par le pédagogue Meirieu, qui a pourtant fait bien des dégâts au sein de notre école. Le Front National peut lui dire merci...
Dans les années 70, l'Allemagne a concentré l'école le matin. Mais en 2000, ce fut le 'choc PISA' pour les Allemands, ils se retrouvaient relégués en fond de classement. Depuis, ils ont fait marche arrière (classe toute la journée) et leurs résultats ont progressé de façon spectaculaire (PISA 2012). En partant de plus bas que les Allemands il y a 40 ans, la France s'engage aujourd'hui dans cette voie. Quelle clairvoyance! Je vous laisse deviner l'état de la France dans 20 ans. Au boulot!
Pourquoi? 'On ne pourrait ramener l'ignorance sans rappeler la servitude avec elle' disait Condorcet, l'inventeur de l'instruction publique. La République instruit pour que chacun puisse devenir autonome, pour que chacun s'élève au point même de pouvoir contrôler les excès de la démocratie. Afin que la République, promesse universelle des Lumières, puisse offrir à tous le bien le plus précieux: la félicité ou le bonheur de l'âme.
Comment? Quand les autres se disperseront dans des activités plus ou moins vaines, les petits Lyonnais seront en classe, avec leur maître. Tous les matins de 8h30 à 11h30, tous les après-midis (sauf le mercredi) de 13h30 à 16h30. Pour l'ouverture au monde, il restera le mercredi après-midi, le samedi,le dimanche et près de 17 semaines de vacances... Pas de coût supplémentaire pour la commune, un gain de pouvoir d'achat pour les professeurs (3h hebdomadaire au taux enseignement). Lyon exemplaire?
Précision: après 16h30 également, la commune pourra organiser les activités qu'elle souhaite (payantes ou non). Autre chose:en 1969 encore, la semaine de classe comptait 30h (et avec moins de vacances). On a alors supprimé 3h le samedi après-midi afin que les enseignants puissent se 'réunir'. Et que croyez-vous qu'il advint? Aujourd'hui, même discours du syndicat 'officiel', soutenu par Meirieu. Les enseignants consciencieux ont horreur de la réunionite. Et la même raison produira le même effet.
A Villeurbanne suppression de l'étude gratuite, le périscolaire sera facturé 50 euros minimum par enfant et par an, et l'adjoint à l'éducation annonce aujourd'hui dans le progrès que le prix médian sera 200 euros par an par enfant. Pour le prix max les paris sont ouverts : 250 ? 300 ? 400 ?