Si le ministère de l’Éducation nationale annonce le maintien de 70 % des classes dites “bilangues” sur l’ensemble du territoire, les enseignants prévoient de fortes disparités régionales. Dans l’académie de Lyon, les remontées de terrain évoquent la suppression de sept classes sur dix.
Les classes dites "bilangues", permettant à 16% des élèves d'apprendre deux langues dès la 6e, sont au cœur de la réforme du collège portée par la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem. Jugé élitiste, le dispositif va être modifié, avec, à la clé, la suppression d'une partie de ces classes. Au grand dam des opposants à la réforme, qui déplorent un nivellement par le bas.
Devant la levée de boucliers dont ce pan de la réforme fait l'objet, la ministre a assuré cette semaine que 70% des classes seraient maintenues. Mais ce chiffre global cache des disparités locales criantes.
136 classes maintenues à Paris, 3 à Caen
L'association d'enseignants germanistes Adaef (Association pour le développement de l'enseignement de l'allemand en France), particulièrement vigilante sur ce sujet puisque les trois quarts des classes "bilangues" sont des classes anglais/allemand, avance ainsi des statistiques éloquentes. Des chiffres à prendre avec du recul, les remontées de terrain sur lesquelles ils se basent n'étant que partielles, mais qui donnent une idée de ces inégalités.
Ainsi, l'Adaef indique qu'à Paris l'ensemble des 136 classes "bilangues" seraient maintenues quand, dans l'académie de Caen, 57 sur 60 (soit 95%) seraient supprimées. Dans l'académie de Lyon, l'association avance le chiffre de 69,9% de suppressions, soit près de sept classes sur 10. Le ratio est encore supérieur (78,4%) dans celle de Grenoble. L'Auvergne semble en revanche préservée. Moins de deux classes sur dix (15%) seulement devraient disparaître.
Les élèves “bilangues” et les autres ensemble en 5e
Les professeurs dénoncent par ailleurs un maquillage sémantique faisant croire au maintien des classes "bilangues", alors que ces dernières ne le sont qu'en 6e, par des classes "bilangues" dites "de continuité". Les élèves seront ensuite basculés dès la 5e dans des classes "normales" où ils pourront choisir une des deux langues apprises comme LV2, puisque la réforme prévoit d'avancer d'un an l'enseignement de cette deuxième langue, qui débute aujourd'hui en 4e. Des modifications loin de mettre en valeur l'apprentissage précoce de plusieurs langues étrangères pourtant prôné dans les mots.
Quelle sottise, c'est à cet âge qu'on apprend plus facilement! Comme j'ai regretté, enfant, de devoir toujours attendre pour apprendre ceci ou cela, car les programmes étaient déjà allégés...Et plus tard, on est distrait par d'autres choses, on a plus de mal à apprendre la partie plus ingrate d'une discipline, les 'gammes' en quelque sorte. C'est vraiment du gâchis. Sous prétexte de ne pas faire d' 'élitisme', on sacrifie des gamins.