Une requête d'inscription aux monuments historiques, déposée il y a quelques mois, a été rejetée par la préfecture. Pour les associations de sauvegarde du patrimoine, c'est l'indignation.
'Classer les prisons aux monuments historiques n'est pas une obligation, la réflexion si'. Régis Neyret, ancien journaliste et fervent défenseur du patrimoine Lyonnais se dit choqué de la rapidité avec laquelle un permis de démolir pour la prison Saint-Paul/ Saint-Joseph a été déposé. Il explique : 'C'est la première fois que je vois passer un permis de démolir aussi vite, sans se demander au préalable ce que l'on pourrait faire du lieu. Pour moi, c'est insupportable de voir ce monument du 19è détruit'.
Pour Régis Neyret, la décision est allée trop vite, sans réflexion, quelques mois seulempent après le refus du Préfet d'inscrire les bâtiments aux monuments historiques.Gilles Buna, adjoint au maire de Lyon, chargé de l'urbanisme, calme le jeu: 'Ce n'est pas parce qu'on dépose un permis de démolir qu'il y a forcément démolition'. Il ajoute : 'Nous allons entrer dans une discussion pour trouver d'éventuels repreneurs'. Et de préciser que la ville de Lyon n'est pas acheteuse, le coût étant trop élevé (23 millions d'euros).
Une décision 'trop rapide'
Ce que reprochent les associations de défense du patrimoine, comme Patrimoine Rhonalpin, c'est la rapidité avec laquelle le permis a été déposé. En effet, les lieux ne sont pas encore vides. Gilles Buna nous donne son avis : 'L'Etat est aujourd'hui dans une logique où il veut trouver des ressources. Le temps où il cédait son patrimoine pour le franc symbolique est bien loin'.
Mais les associations ne sont pas convaincues. C'est pour cela que le Patrimoine Rhonalpin et l'UCIL ont demandé un moratoire. Ils espèrent ainsi donner 'le temps de réfléchir'. Gilles Buna ne voit pas cela d'un très bon oeil : 'Un moratoire, ça veut dire 5 ans à entretenir des locaux pour rien. Je vois mal le préfet gardienner les prisons pour empêcher les gens d'y entrer'.
Quel avenir pour les bâtiments?
La question de la reconversion des prisons Saint-Joseph et Saint-Paul se pose. Régis Neyret estime que les possibilités sont multiples : 'D'anciennes prisons européennes ont été transformées en hôtels, en auberges de jeunesse. A Lyon, la Manufacture des Tabacs est devenue une Université, le Grenier d'abondance abrite la DRAC'.
L'adjoint à l'urbanisme est, lui, plus pondéré: 'Je ne pense pas que tous les locaux pourront être gardés. Je pense qu'une reconversion intelligente peut être possible'. Pour Gilles Buna, il s'agirait plutôt de trouver des acheteurs qui veuillent conserver certains bâtiments, mais 'tout garder en l'état parait difficilement conçevable'. Et de conclure: 'L'émotion des associations est mesurée pour certaines, excessive pour d'autres. Je mets cela sur le compte de leur passion pour le patrimoine'.
Annie-Laurence Ferrero
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