Saisons romaines : retour d’une mosaïque exceptionnelle au musée de Saint-Romain-en-Gal

Depuis le 21 juin dernier, et pour trois ans, le musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal présente, dans une exposition semi-permanente, La mosaïque des Saisons. Ne manquez pas le retour sur ses terres d’origine d’une pièce maîtresse de l’art gallo-romain, entièrement restaurée dans l’atelier du musée.

Une découverte fortuite au XIXe siècle

En 1890, M. Barou, alors qu’il creuse une tranchée dans son jardin, à Saint-Romain-en-Gal, tombe sur une mosaïque. L’hiver venant, elle est recouverte pour la protéger des intempéries, puis dès 1892 achetée par le Louvre, qui immédiatement la reconnait comme trésor national. Exposée à Paris jusqu’en 1935, elle est ensuite transférée au musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, dont elle constitue une pièce majeure des collections.

Un retour temporaire sur son lieu de découverte

En 2021, l’atelier de restauration rattaché au musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal (un des deux seuls en France avec celui d’Arles) remporte l’appel d’offre pour restaurer la mosaïque des Saisons. “Très vite, au delà de l’appel d’offre, on s’est dit qu’il y avait quelque chose d’important à faire autour de la valorisation de la mosaïque” explique Émilie Alonso, la directrice du musée de Saint-Romain-en-Gal. Une équipe de chercheurs, universitaires et experts est ainsi missionnée pour ré-étudier la mosaïque, croisant les expertises des deux musées, et permettant de formuler de nouvelles interprétations quant aux scènes représentées.

Une représentation saisonnière des activités agricoles

Datant du IIIe siècle, alors que Vienne, qui s’étend alors sur les deux rives du fleuve, est une ville prospère, la mosaïque représente des activités agricoles autour des quatre saisons. “C’est une mosaïque de mouvement, où se dessinent des ombres portées. On y voit le génie des mosaïstes pour saisir l’instant” explique Éric Morvillez, archéologue et historien de l’art, spécialiste de l’Antiquité tardive.

Mesurant un peu plus de huit mètres de long par quatre de large, la mosaïque provient d’une belle domus urbaine, dont elle ornait probablement le sol du triclinium, la salle-à-manger. Constituée de quarante panneaux (dont 28 existants et restaurés), on retrouve huit panneaux par saisons avec au centre une personnification des quatre saisons, complétés sur le côté de quatre têtes stylisées.

On peut ainsi admirer une scène de greffe des arbres, seule représentation connue dans le monde antique, l’arrivée des cigognes, des scènes de cueillette, de lancer de javelots lorsque les paysans se délassent ou encore de nombreuses scènes liées au vin, comme le foulage des raisins ou le poissage des jarres.

Une exposition ludique et intimiste

L’exposition a été conçue comme un espace immersif et ludique, dédié aux familles. Tout au long de la visite, de nombreux dispositifs sollicitent les cinq sens : films, scènes à reconstruire pour les enfants, objets tactiles, puzzles, odeur de pain pour le panneau présentant la cuisson du pain…

Occupant tout le premier étage du musée, l’exposition Saisons Romaines, qui présente cette nouvelle mosaïque restaurée, privilégie une lecture intimiste de l’oeuvre. Les panneaux ne sont en effet pas présentés au sol mais accrochés au mur, au fil des saisons.

Une présentation que rend possible la dernière restauration qui a permis de sortir la mosaïque de sa semelle de béton pour privilégier des panneaux de nid d’abeille d’aluminium, légers et mobiles. “Pas moins de six tonnes de gravats ont été évacués”, précise Christophe Laporte, responsable de l’atelier de restauration.


Musée et sites archéologiques de Saint-Romain-en-Gal

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