Salah Hamouri soufflera bientôt ses 25 bougies... en prison. Ce vendredi soir, son comité de soutien organise une manifestation devant la préfecture du Rhône. Objectif : rappeler au gouvernement et à la population le sort de cet étudiant franco-palestinien détenu depuis 5 ans en Israël et accusé de terrorisme. Retour sur une polémique méconnue.
Cela fait déjà cinq ans que Salah Hamouri, étudiant franco-palestinien est détenu en Israël. Cinq ans déjà que sa famille clame son innocence. Cinq ans enfin que le gouvernement français répond mollement à ce que la presse appelle le « scandale Hamouri ». Rappel des faits : Salah Hamouri est né d'une mère française, Denise Guidoux-Hamouri, résidant à Bourg-en-Bresse et d'un père palestinien résidant à Jérusalem-Est. Il n'a cependant que la nationalité française car les autorités israélienne refusent, comme tous les habitants de Jérusalem-Est, de lui reconnaître la nationalité palestinienne.
Étudiant à l'université de Bethléem, Salah est arrêté le 13 mars 2005 à l'âge de 19 ans. Il est accusé d'être un des leaders du FPLP (Front populaire de libération pour la Palestine) et d'avoir organisé un attentat sur la personne du rabbin Ovadia Yossef, chef spirituel du mouvement séfarade et ultra-orthodoxe "Shass". Trois mois auparavant, il avait été filmé par des caméras de surveillance alors qu'il passait en voiture devant la maison du rabbin. Salah est alors placé en détention administrative pendant trois ans. Période durant laquelle le tribunal militaire d'occupation qui jugeait le jeune homme s'est réuni vingt fois, sans parvenir à apporter les preuves de sa culpabilité. En avril 2008, sur les conseils de son avocate, le jeune homme plaide coupable pour ramener sa peine à sept ans de prison.
Une affaire diplomatique délicate
Le comité de soutien composé de nombreuses personnalités de la vie culturelle, associative et politique multiplie les actions pour sa libération. Il dénonce depuis longtemps plusieurs zones d'ombres dans cette affaire et des manquements au droit international : « Il a plaidé coupable suite à des pressions.», raconte Pierre Thivend, secrétaire du groupe lyonnais de l'association France Palestine solidarité. « Il a également été transféré des territoires occupés en Israël, ce qui viole la Convention de Genève. »
Des irrégularités que conteste pourtant Amnesty International : «Au regard du droit, la procédure a été respectée et le tribunal militaire qui l'a jugé est reconnu comme légitime.» explique Michel Morzière de la coordination Israël, territoires palestiniens occupés à Amnesty International France. L'organisation ne considère pas aujourd'hui Salah Hamouri comme un prisonnier détenu pour ses opinions car il a plaidé coupable et n'a pas fait appel de la décision. Néanmoins, la question fait débat au sein même des militants. La diplomatie française considère, quant à elle, qu'Israël est un état de droit et que des recours juridiques sont possibles.
De son côté, le comité de soutien présidé par Jean-Claude Lefort, député PC dénonce le peu d'engagement de l'État. Selon Denise Hamouri : « Salah reçoit des visites consulaires mais le gouvernement n'adresse que des courriers aux dirigeants israéliens. Il y a la forme mais pas le fond.». Des courriers dans lesquels le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner appelle les autorités israéliennes à la clémence. Sans grande conviction. La mère de Salah affirme ne jamais avoir été reçue par le président de la République : «Il n'y a jamais eu de réponses de la part de son cabinet.»
Information et désinformation
Paradoxalement, la couverture médiatique de cet événement a été relativement mince. Selon Pierre Thivend, «les grandes chaines se sont montrées très frileuses pour en parler. Il y a une certaine auto-censure. ». En novembre 2009, l'acteur François Cluzet dans l'émission 13h 15 sur France 2 tente de briser le « tabou » Hamouri et s'exclame : « Personne n'en parle ! Et il est Français ! ». Jean-François Copé, présent sur le plateau affirme, lui, ignorer le cas. Suite aux propos de l'acteur, le bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA) a saisi le CSA pour « désinformation » et « incitation à la haine ». Ces déclarations ont néanmoins fait le buzz sur Internet et France 2 n'a pas manqué de diffuser, quelques temps plus tard, un reportage sur Salah Hamouri. Reportage dans lequel Daniel Shek, ambassadeur de France en Israël déclare : "Il a été condamné par un tribunal et c'est la justice qui doit le libérer, ce n'est pas la politique."
Coupable ou non, la polémique autour de Salah Hamouri n'est pas prête de s'éteindre. Toujours en prison, le jeune homme se porte bien selon sa mère qui l'a vu pour la dernière fois le 28 mars 2010. S'il purge sa peine intégralement, il devrait sortir de prison en novembre 2011. Les soutiens de Salah envisagent tout de même de faire une nouvelle demande de remise de peine. L'année dernière, les autorités israéliennes l'avaient refusée étant donné la nature des crimes dont il est accusé. « Nous ne voulons pas faire une nouvelle demande si le gouvernement français n'est pas à nos côtés et ne nous aide pas. Sinon, ce n'est pas la peine. » estime Denise Hamouri.
Les commentaires sont fermés