Salou, 16 ans, vit sous une tente depuis mars 2023 – © Timothée Thomas-Collignon

Salou, 16 ans, SDF depuis mars : "Que la Métropole nous vienne en aide"

À quelques centaines de mètres du centre commercial Westfield La Part-Dieu se trouve un campement. Un campement clandestin où 90 mineurs africains sont regroupés depuis mars, dans l'attente d'une solution viable.

Au cœur du 3e arrondissement de Lyon, au square Sainte Marie Perrin, une situation préoccupante attire l'attention. Près de 90 jeunes mineurs africains se retrouvent regroupés dans un espace où des tentes sont dressées, alignées à quelques centimètres les unes des autres. La scène dépeint un tableau saisissant : certains s'adonnent à des jeux de ballon ou de tennis de table, tandis que d'autres s'engagent dans des conversations animées. La majorité d'entre-eux passent leur journée ailleurs qu'à cet endroit, donnant des airs d'abandon en plein cœur du centre-ville lyonnais.

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Au milieu de ce regroupement de jeunes, l'un d'entre eux, prénommé Salou, a décidé de briser le silence. Il n'avait pas l'approbation du "chef" du campement pour parler mais, après quelques instants d'hésitation, ce garçon de 16 ans a accepté de témoigner. Originaire de Guinée, il vit ici depuis quatre mois, laissant derrière lui une vie marquée par la perte de sa mère et la fuite de son pays où il vivait avec la seconde épouse de son père.

Parti avec son frère, espérant rejoindre un avenir meilleur, Salou a dû faire face à la disparition de ce dernier au Maroc, juste avant d'entreprendre ce qu'il considère comme l'étape la plus "dangereuse" de son périple : la traversée en "petit bateau" du Maroc vers l'Espagne, une épreuve "qu'il n'aurait pas souhaité à son pire ennemi". Ainsi, il se retrouve désormais seul ici, après avoir été expulsé de la salle associative La Marmite, située dans le quartier de la Croix-Rousse.

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"Auparavant, nous dormions à la Marmite. Mais comme nous avons dépassé les 20 personnes - seuil maximum de ce refuge -, ils nous ont dit de venir ici. Il n'y avait plus de place là-bas. Depuis mon arrivée en mars, aucune solution n'a été trouvé. Nous sommes allés à la Métropole, nous avons fait plus de 2-3 rendez-vous, nous sommes aussi allés à la préfecture mais n'avons trouvé aucune solution. Nous sommes 90, tous mineurs. La plupart viennent de la Guinée Conakry, de Côte d'Ivoire, de Gambie et du Mali."

"Je veux que la Métropole nous vienne en aide"

"Le matin, on part au Secours populaire, les 'soutiens' viennent nous aider pour faire les devoirs. Mais sinon, la journée il n'y a rien à faire." avouait-il sur un ton mi-triste, mi-révolté. "Des personnes viennent ici pour nous faire des dons et parfois nous allons aux Restos du Coeur à Charpennes. Je veux que la Métropole nous vienne en aide. On est là, sans famille ni lien. Je veux qu'ils nous viennent en aide. Il y a plus de 3000 bâtiments vides à Lyon donc je pense qu'ils peuvent réquisitionner une maison pour nous, juste un temps, avant que notre situation soit réglée."

Quelques semaines auparavant, Lucie Vacher, vice-présidente de la Métropole de Lyon, nous avouait que la création d'un nouveau lieu d'accueil n'est pas à l'ordre du jour. "C'est quand même 100 places ouvertes en trois ans sur le territoire. Il faut prendre en compte le fait qu'il n'y a pas de dispositif égal à celui-là en France, donc toute la pression repose sur nous".

Depuis 2020, la collectivité assure avoir aidé plus de 800 mineurs non accompagnés, et même au delà de la majorité, car, à en croire l'élue écologiste, "plus de 90% d'entre eux sont suivis jusqu'à 21 ans, pour les aider dans l'insertion professionnelle".

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