Sandrine Runel
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Sandrine Runel (PS) : "personne ne peut gouverner tout seul"

Sandrine Runel, député PS de la 4e circonscription du Rhône, est l'invitée de 6 minutes chrono.

Le feuilleton du futur gouvernement s'éternise. Aucune majorité ne s'est dégagée à l'Assemblée nationale dans l'été et seule l'option d'une Première ministre issue du Nouveau front populaire a été écartée. Sandrine Runel, députée socialiste de Lyon, admet que la gauche ne peut gouverner seule : "Certes il n'y a pas de majorité et c'est bien là la difficulté c'est qu'aujourd'hui personne n'est en capacité d'affirmer avoir la majorité à l'Assemblée donc personne ne peut gouverner tout seul ça c'est certain. Mais pour autant, étant la force arrivée premier, oui nous avons remporté ces élections, par contre il est certain que nous ne les avons pas gagnées, le fait d'être premier n'a jamais permis de pouvoir gouverner tout seul"

La députée lyonnaise élue sous la bannière du Nouveau front populaire fixe ses lignes rouges quant à un éventuel soutien à un gouvernement : l'abrogation de la réforme des retraites et la revalorisation du Smic.

La retranscription intégrale de l'entretien avec Sandrine Runel

Bonjour à tous et bienvenue, ravi de vous retrouver pour cette nouvelle saison de 6 minutes chrono. J'ai envie de dire qu'on va la commencer presque comme on l'avait terminé, en parlant de l'actualité politique nationale. On va l'évoquer avec vous, Sandrine Runel. Vous êtes députée Nouveau Front Populaire du Parti Socialiste de la 4e circonscription de Lyon. On va dire qu'on s'était quitté à la fin de l'été sur une situation un peu indécise. On se retrouve sur une situation totalement indécise, puisqu'entre temps on y voit guère plus clair. La seule chose qu'on sait, c'est qu'il n'y aura pas de gouvernement du Nouveau Front. C'est la seule hypothèse qui a été écartée. Il y a aujourd'hui deux hypothèses, soit un gouvernement avec Bernard Cazeneuve, soit probablement avec Xavier Bertrand, plutôt macronisme de gauche ou macronisme de droite. Comment vous positionnez-vous face à ça en tant que socialiste, en tant que membre du Nouveau Front Populaire ? Est-ce que vous pourriez accepter de travailler éventuellement avec Bernard Cazeneuve, un ancien du PS ?


Alors il y a plusieurs hypothèses et puis finalement on a quand même un petit peu évolué puisqu'on s'était quitté avec une assemblée recomposée, avec certes aucune majorité mais avec quand même un mouvement qui était arrivé en tête et c'était le Nouveau Front Populaire, avec une candidature notamment de Lucie Castey au poste de première ministre qui a été présentée par l'ensemble des composantes du Nouveau Front Populaire et qui a été écartée d'ailleurs assez rapidement et de manière assez méprisante par le président. Donc là on est dans une attente, on n'a été finalement jamais aussi prêt, ça fait quand même plus de 40 jours qu'on attend de la nomination d'un premier ministre, mais il y a peut-être une autre hypothèse aussi qui est l'hypothèse d'un gouvernement technique et qui du coup ne serait pas politique mais qui permettrait peut-être d'avancer en tout cas au moins de finir l'année.


Ça voudrait dire quoi un gouvernement technique ?


Ce serait du coup la nomination d'un premier ministre sans étiquette politique et qui composerait un gouvernement avec des ministres aussi encore une fois techniques mais qui serait là pour appliquer la politique du président de la République donc ce ne serait pas du tout un gouvernement de cohabitation et donc là ce serait encore mépriser le résultat des élections législatives où finalement le président a fini par admettre au bout de quelques temps qu'il avait perdu ses élections, mais on dirait qu'il n'en tire pas les coups.


Mais que personne ne les avait gagnées ? Est-ce que l'été passant, puisque au début de l'été, enfin on va dire après le second tour de la législative, le Nouveau Front Populaire estimait avoir gagné, est-ce que vous pensez encore que vous l'avez gagné cette élection ?


Alors on est arrivés les premiers, nous sommes la première force représentative de ce pays. Certes il n'y a pas de majorité et c'est bien là la difficulté c'est qu'aujourd'hui personne n'est en capacité d'affirmer avoir la majorité à l'Assemblée donc personne ne peut gouverner tout seul ça c'est certain. Mais pour autant, étant la force arrivée premier, oui nous avons remporté ces élections, par contre il est certain que nous ne les avons pas gagnées, le fait d'être premier n'a jamais permis de pouvoir gouverner tout seul.


Ça vous octroyait le privilège de foncer dans le mur finalement ?


Ça nous octroyait le privilège de pouvoir diriger ce pays, de pouvoir gouverner ce pays et d'inverser la tendance et d'en finir avec 7 ans de macronisme.

Quelles sont pour vous les lignes rouges dans une éventuelle coalition pour essayer de sortir la France de l'immobilité, de l'impasse dans laquelle elle se trouve aujourd'hui ?


Alors ce que nous avons toujours dit et ce que nous avons défendu pendant cette campagne du nouveau front populaire, il y a certaines mesures qui sont les principales et qui devraient être mises en oeuvre le plus rapidement possible, c'est l'abrogation par exemple de la réforme des retraites et donc le retour à 62 ans. Une autre mesure phare aussi c'est le pouvoir d'achat.


C'était 60 ans pendant la campagne ?


Non, c'était justement l'abrogation de la réforme donc retour à 62 et pas à 60 comme certains ont pu le dire. Par contre sur la question du pouvoir d'achat, là encore une fois nous sommes sur des mesures qui sont très importantes et comme la revalorisation du SMIC notamment et la revalorisation des minima sociaux. Donc il y a des lignes rouges qui sont celles-là et si un gouvernement n'est pas en capacité de le mettre en oeuvre, effectivement nous n'y partirons pas.


Et vous pourrez le censurer, le cas échéant ? Imaginons par exemple Bernard Cazeneuve nommé Premier ministre mais sans finalement cette abrogation de la réforme des retraites dans sa ligne politique générale, vous le censureriez ?


Il a mis lui aussi des conditions et donc dans la rencontre avec Macron, ces conditions ont été posées et donc ou c'est un gouvernement de cohabitation avec notamment ces mesures ou alors effectivement ce ne sera pas un gouvernement de cohabitation et dans ces cas-là le groupe socialiste, oui, voterait une motion de censure.


Mais vous pensez qu'Emmanuel Macron et que ses députés, que vous côtoyez peut-être à l'Assemblée nationale même si l'activité est assez restreinte, sont prêts à cette cohabitation ? S'ils sont résolus ?


Une partie est prête, une partie a déjà aussi mis en avant notamment des postures et des positions critiquant quand même beaucoup la politique qui avait été menée. Alors ils reviennent sur ce qu'ils ont voté, sur ce qu'ils ont été pendant ces temps. Mais une certaine partie des députés aujourd'hui de la Macronie seront évidemment en capacité de changer d'attitude et de peut-être évidemment rejoindre cette coalition.

Est-ce qu'il est possible d'être constructif tout en restant dans le nouveau Front populaire ? Puisqu'on devine aussi ce clivage en interne dans le nouveau Front populaire entre les socialistes, les écologistes et les insoumis qui ne sont pas tous sur les mêmes degrés de cohabitation...


Certes mais on est constructif en fait, le nouveau Front populaire c'est une force en fait pour gouverner, pour changer la vie. Et c'est ce que nous rappelons au Parti socialiste, nous sommes là, nous sommes élus et nous sommes aujourd'hui à l'Assemblée nationale, nous sommes 66 députés socialistes pour changer la vie des gens. Et donc pour changer la vie des gens, mais c'est la même chose que dit Lucie Castey également, nous devons absolument faire des alliances les plus larges possibles pour que nos textes soient votés. Mais c'est sur la base de notre programme et c'est sur la base de mesures qui seront là pour améliorer le quotidien et la vie des Français.


Mais il n'y a pas d'interdit sur les partis, vous pourriez travailler avec des Républicains s'ils étaient d'accord avec vous sur les idées ?


S'ils votent les textes, il faudra bien sûr aller chercher des majorités pour que les textes passent.


Quitte à faire des compromis ?


Alors il n'y aura pas de compromis sur nos textes en fait, il y aura des mesures et on verra bien qu'il y ait un intelligence aussi pour les voter.

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