Sandrine Runel
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Sandrine Runel : "un budget mauvais mais nous avons obtenu des renoncements"

Sandrine Runel, députée socialiste du Rhône et conseillère municipale à Lyon, est l'invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Sandrine Runel, comme la quasi-totalité des députés socialistes, s'est abstenu de voter la censure du gouvernement Bayrou après l'adoption du budget par 49.3. "Il y a un budget qui est très mauvais aujourd'hui, c'est un budget qui est mauvais pour les Français, mais nous avons réussi à obtenir des renoncements notammet pour les mesures les plus austères, les plus difficiles et donc nous avons eu des gains quand même dans ce budget. Et donc nous avons réfléchi et en responsabilité nous avons choisi de ne pas censurer ce gouvernement, de ne pas prendre le risque de faire tomber le gouvernement pour que le budget puisse être adopté. Mais en aucun cas, ni nous soutenons le gouvernement, ni nous n'avons voté pour le budget puisque les sénateurs ont voté contre et en commission mixte paritaire, les députés et les sénateurs socialistes ont voté contre ce budget", justifie-t-elle.

La députée lyonnaise revient aussi sur la volonté du gouvernement de réviser le mode de scrutin aux municipales à Lyon : "ce n'est peut-être pas la priorité pour les Français aujourd'hui et notamment la manière dont ils l'ont amenée et dont les Macronistes amènent ce sujet de réforme sur la table. Il est loin de faire l'unanimité et il est loin de travailler sur l'ensemble des problèmes. Aujourd'hui, nous, ce qu'on dit à Lyon, c'est qu'il faudrait mieux qu'on travaille sur la compétence des arrondissements, sur le statue également de l'élu et sur une meilleure répartition également de la représentation des conseils municipaux par arrondissement. Les arrondissements ont beaucoup bougé et finalement, dans le premier, dans le quatrième, il y a moins d'habitants, dans le septième, beaucoup plus alors qu'il est sous-représenté en termes d'élu".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Sandrine Runel

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons Sandrine Runel. Vous êtes députée socialiste du Rhône, de la 4ème circonscription, qui englobe le 6ème, le 3ème majoritairement. On voulait revenir avec vous sur le choix du Parti Socialiste de ne pas voter la censure et finalement de respecter ce pacte de non-censure qui avait été scellé avec François Bayrou. Comment on peut voter un budget qu'on considère mauvais ?


Alors on n'a pas voté le budget. En tout cas l'approuvé. Oui, mais on n'a rien approuvé du tout. Il y a eu une première motion de censure déposée après le discours de politique générale du Premier ministre qu'on avait aussi choisi de ne pas voter et puis il y a eu des discussions qui se sont engagées avec les écologistes, les communistes et les socialistes à l'Assemblée concernant le budget. Nous l'avons dit, il y a un budget qui est très mauvais aujourd'hui, c'est un budget qui est mauvais pour les Français, mais nous avons réussi à obtenir des renoncements notamment pour les mesures les plus austères, les plus difficiles et donc nous avons eu des gains quand même dans ce budget. Et donc nous avons réfléchi et en responsabilité nous avons choisi de ne pas censurer ce gouvernement, de ne pas prendre le risque de faire tomber le gouvernement pour que le budget puisse être adopté. Mais en aucun cas, ni nous soutenons le gouvernement, ni nous n'avons voté pour le budget puisque les sénateurs ont voté contre et en commission mixte paritaire, les députés et les sénateurs socialistes ont voté contre ce budget. Voilà, donc nous n'avons pas approuvé ce budget pour autant, mais nous n'avons effectivement pas fait d'obstruction et nous avons laissé passer ce budget sans censurer le gouvernement, mais ce n'est pas un blanc-seing à ce budget, bien au contraire, et nous continuerons à nous battre, notamment dans le cas du budget de la sécurité sociale.

Votre choix a fracturé profondément le nouveau front populaire puisque les Insoumis vous accusent notamment de trahison, d'avoir trahi le pacte du NFP, mais aussi d'avoir trahi vos électeurs. Est-ce que vous assumez ce choix-là ? Est-ce que vous comprenez qu'on puisse vous reprocher une trahison ?


Oui, mais bien sûr, mais ça n'a pas été simple en fait pour les socialistes et les députés que nous sommes, cette décision n'a pas été simple et nous étions un certain nombre quand même à se dire qu'au regard des propos qui ont été tenus par ailleurs par le Premier ministre, des actes, des notamment dernières décisions qui sont prises par Bruno Retailleau, il y avait tout pour censurer le gouvernement, mais on a dissocié la censure du gouvernement et le budget et la nécessité pour notre pays d'avoir un budget. Et on a reçu aussi de l'autre côté des courriers, des appels en fait des entrepreneurs, des fédérations du BTP ou d'autres qui nous disaient mais nous, sans budget, la France est à l'arrêt et on ne peut plus travailler. Donc voilà, ce n'est pas un choix qui a été simple, mais en responsabilité, nous l'avons fait. Et puis, concernant le NFP, il n'y a aucune fracture, en tout cas de notre côté. Le NFP n'appartient à personne, donc c'est ni les insoumis ni les socialistes qui décident qui en fait partie et qui n'en fait plus partie. Et puis, par ailleurs, les écologistes, les communistes étaient les premiers à dire que cette décision n'était pas facile et à nous remercier de l'avoir fait.

Vous avez finalement accepté d'endosser le mauvais rôle ?

Alors, comme souvent, les socialistes ont exactement, oui, en fait, c'est ça. C'est à dire qu'en fait, on accepte évidemment les critiques parce que à côté de ça, on comprend que pour un certain nombre de Français, c'est difficile, qu'ils ne comprennent pas pourquoi on n'a pas censuré le gouvernement avec les trois autres groupes à l'Assemblée nationale. Et après, à côté de ça, on a des députés d'autres bords qui nous disent merci. Heureusement que vous ne l'avez pas fait. Nous aussi, on aurait bien aimé ne pas le faire, mais on n'avait pas le choix parce que, par exemple, sur l'écologie, vraiment, le compte n'y était pas et qu'il manquait beaucoup trop pour pouvoir être acceptable. Donc voilà, on voit qu'on est encore une fois un peu ce point central où, évidemment, il y a des déçus. Ça, on l'entend. Mais il y a aussi énormément qui nous remercie d'avoir pris cette décision, même si encore une fois, elle n'était pas simple.

Dans les débats parlementaires, François Bayrou, lors de son discours post censure et post présentation du budget, a évoqué son envie de réviser la loi spéciale électorale pour Paris, Lyon, Marseille ou en gros dans ces trois grandes villes. On élit d'abord nos élus par arrondissement qui ensuite vont élire le maire de Lyon de manière indirecte. Il voudrait un scrutin direct pour le maire de Lyon. Est-ce que vous pensez, vous, que cette révision, c'est démocratiquement plus sain ?


Alors, c'est un éternel débat avant toute élection. On avait déjà eu ce débat en 2020. Il y a deux ans, il y avait eu aussi ce débat. Donc, on voit bien que chaque fois qu'une échéance municipale approche, on a un débat sur Paris, Lyon, Marseille, puisqu'il y a une spécificité dans le mode de scrutin. Pour autant, ce n'est peut-être pas la priorité pour les Français aujourd'hui et notamment la manière dont ils l'ont amenée et dont les Macronistes amènent ce sujet de réforme sur la table. Il est loin de faire l'unanimité et il est loin de travailler sur l'ensemble des problèmes. Aujourd'hui, nous, ce qu'on dit à Lyon, c'est qu'il faudrait mieux qu'on travaille sur la compétence des arrondissements, sur le statue également de l'élu et sur une meilleure répartition également de la représentation des conseils municipaux par arrondissement. Les arrondissements ont beaucoup bougé et finalement, dans le premier, dans le quatrième, il y a moins d'habitants, dans le septième, beaucoup plus alors qu'il est sous-représenté en termes d'élu. Donc, en fait, le chantier est grand et mérite un véritable travail, ce qui n'est pas le cas quand le premier ministre annonce comme ça, vouloir réformer uniquement le mode de scrutin. Il y a une arrière pensée électorale. Il y a une arrière pensée électorale.

C'est de transformer les municipales, par exemple, à Lyon, en référendum pour ou contre Grégory Doucet...


C'est comme ça que vous le lisez, vous aussi ? Alors moi, c'est comme ça que je le lis, surtout pour Paris. Le véritable enjeu pour le gouvernement, en fait, c'est Paris. Donc, c'est de se dire comment on va faire pour pouvoir récupérer Paris et profitons du fait que Anne Hidalgo ne se représente pas pour mettre toutes les chances de notre côté. Donc, on voit bien qu'en fait, c'est encore une fois des petites manigances et des calculs électoraux qui ne considèrent pas, encore une fois, ni les Parisiens, ni les Lyonnais, ni les Marseillais, qui ne prend pas en considération leur avis, mais par contre, un petit calcul politique pour essayer de récupérer ces grandes villes.

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