Deux accidents d’aviron ont fait l’objet d’une simulation, mercredi 11 juin, quai Clemenceau, à hauteur de l’Aviron Club de Lyon-Caluire, un club qui aligne médailles olympiques et nationales. Dans une ambiance bon enfant, plusieurs licenciés et encadrants des clubs du Rhône ont joué le rôle de cobayes dans une collision censée opposer d’abord un bateau et une péniche puis deux embarcations. En l’absence de péniche, les apprentis naufragés ont fait preuve d’imagination et joué leur rôle à merveille. Malgré l’agglutination de professionnels et la présence de deux bateaux des sapeurs-pompiers sur l’autre rive, un passant a fini par composer le 18 et appeler les secours. Il était temps ! Que l’eau soit à 16°C ou à 6°C, l’espérance de vie d’une victime ne dépasse pas 2 heures, selon le lieutenant-colonel Sébastien Pontet, de la caserne Lyon-Confluence, en charge de la supervision des opérations.
L’objectif de cette simulation est de renforcer la collaboration entre les services en charge des risques aquatiques. Pour l’instant, mis à part un incident entre deux embarcations en 2013 à Meyzieu et des avaries moteur, les accidents sont rares. Le Rhône et la Saône sont des espaces fluviaux certes de plus en plus fréquentés, mais pour le moment sans anicroches.
Coté fleuve, 6 000 bateaux passent annuellement les écluses de Rochetaillée-sur-Saône, selon Voies Navigables de France (VNF), dont l’une des missions est d’encourager ce type de déplacement. Ce qui représente environ 300 000 personnes. D’avril à octobre, le trafic est accru par le passage de bateaux de croisière et de paquebots.
Coté rives, aux 2 300 licenciés des 12 clubs d’aviron du Rhône s’ajoutent des pratiquants licenciés à la journée, comme les scolaires, soit environ 5 000 pratiquants. Le milieu aquatique déchaîne les passions avec des activités toujours plus variées : des plus classiques comme le canoë-kayak, les barques, les joutes et sports de voile, aux plus “bling bling” tels le ski nautique ou le jet-ski, en passant par un nouveau venu, le standup paddle, un sport dérivé du surf où le pratiquant se tient debout sur sa planche et pagaie.
Cette coexistence pacifique reflète la bonne entente entre les dirigeants de clubs nautiques et la coopération efficace entre les services concernés par les risques aquatiques : service départemental d’incendie et de secours (SDIS), comité départemental d’aviron du Rhône, Voies Navigables de France, mais aussi police et gendarmerie fluviales. Selon la direction départementale de la cohésion sociale du Rhône (DDCS), à l’initiative des exercices d’hier, le rassemblement de tous ces acteurs, est une première en France. Dans le Rhône, la pratique ouverte de sports et d’activités nautiques bénéficie de cette dynamique.
Les interventions en zone fluviale : une goutte d’eau coûteuse pour les sapeurs-pompiers du Rhône
La couverture de ces risques aquatiques reste néanmoins un investissement très coûteux pour le département du Rhône. Une intervention des sapeurs-pompiers en milieu aquatique repose aujourd’hui sur la formation et la mise à niveau annuelle d’une cinquantaine de professionnels, sauveteurs de surface ou plongeurs, basés à la caserne de Lyon-Confluence. À la formation initiale, qui coûte 21 500 euros par plongeur, s’ajoute un renouvellement annuel facturé 5 000 euros par professionnel. Un investissement auquel a partiellement renoncé le département voisin de l’Isère, qui ne forme plus qu’une dizaine de plongeurs.
Or, sur 90 000 interventions annuelles du SDIS du Rhône, seule une centaine s’effectue en milieu aquatique. 20 concernent les utilisateurs des voies fluviales du département (sports nautiques, loisirs ou commerce). En dehors de ces usages, le SDIS est sollicité en milieu aquatique pour des suicides et des chutes. Où l’on apprend que le manteau de fourrure, cet excellent gilet de sauvetage, flotte et porte sa maîtresse, tout comme le chien qui, attaché à son maître pour finir au fond des flots, préfère lui sauver la vie et le ramener à la surface.
Règles d’usage du fleuve La couverture des risques aquatiques passe par la prévention auprès des différents usagers des voies fluviales du Rhône. Globalement, les bateaux de commerce, péniches, paquebots de croisière sont prioritaires dans le chenal, tandis que les pratiquants de sports nautiques disposent de deux bandes de 20 m le long des rives pour s’exercer. Si les licenciés sont sensibilisés à ce règlement, ce n’est pas toujours le cas des usagers occasionnels. Pour Luc Montigon, conseiller technique régional à la Fédération française d’aviron, “les plus durs à dompter, ce sont les pratiquants du canotage”, c’est-à-dire les adultes qui louent à la journée leur embarcations et veulent en profiter au maximum. |