Jeudi 9 décembre était inauguré un nouveau centre d’hébergement d'urgence pour les sans-abri à Lyon 5e. en présence du cardinal Barbarin et du nouveau préfet, Jean-François Carenco. Le diocèse lyonnais prête ses locaux de la maison diocésaine Saint-Irénée pour la durée de l’hiver. 200 personnes y seront hébergées jusqu’au 31 mars 2011.
Le centre d’hébergement Saint-Irénée va être dédié aux personnes en difficulté le temps de l’hiver. Et seulement le temps de l’hiver. C’est-à-dire jusqu’à la fin de la trêve hivernale, le 31 mars. Une aile de l’ancienne maison diocésaine est réservée à 100 demandeurs d’asile primo arrivants en famille. Une autre est destinée à l’urgence sociale pour 70 personnes sans domicile en famille et 30 sans-abri isolés. Dans les étages, les couloirs desservent des chambres de deux à quatre personnes. La maison Saint-Irénée, particulièrement bien entretenue, devrait être complète en fin de semaine prochaine lorsque les dernières touches auront été mises à l’installation.
La gestion du lieu est assurée par 24 employés des associations Forum Réfugiés (pour les demandeurs d’asile) et Alynéa (pour l’urgence sociale).
L’union sacrée pour l’hiver
Autour de la table, jeudi soir, lors de la présentation des lieux à la presse, on retrouve le cardinal Philippe Barbarin, le nouveau préfet du Rhône et de la région Jean-François Carenco, Michel Havard, député (UMP) de la première circonscription du Rhône, Alexandrine Pesson, maire (PS) du 5e arrondissement ainsi que les présidents des deux associations Forum Réfugiés et Alynéa : Gérard Calle et Henny Beyer. On en oublierait presque que l’on fêtait ce jeudi les 105 ans de la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat comme s’amuse Jérôme Colrat, directeur d’Alynéa. "On appelle cette loi la loi de la réconciliation", lui répond le cardinal Barbarin dans un sourire. Et c’est l’idée générale de cette opération : l’union de l’Etat, de l’Eglise et des associations.
Si l’évêché met à disposition des locaux, c’est le préfet, Jean-François Carenco, qui finance les associations en injectant 800 000 euros dans cette opération. Mais le représentant de l'Etat prévient : "Il ne faut être ni béat, ni pessimiste : il faut être travailleur. (…) L’expérience de Monplaisir l’année dernière nous conforte dans notre idée".
200 places : cela va-t-il suffire ?
Rappelons que l’ouverture de ce centre d’hébergement se déroule parallèlement à la fermeture des gymnases Bellecombe et Clémenceau, réquisitionnés par le préfet dans le cadre du plan grand froid fin novembre. Ils devaient fermer ce vendredi matin pour Bellecombe et lundi matin pour Clémenceau.
Jérôme Colrat de l’association Alynea rappelle que l’on ne peut pas vraiment évaluer la demande potentielle. Or Lyon connaît actuellement une augmentation du nombre de demandeurs d’asile que les structures dédiées à ce public n’arrivent pas à absorber. Sans atteindre les niveaux recors de début novembre quand 250 à 350 personnes ne trouvaient pas de solution pour dormir, la pression sur l’hébergement d’urgence pourrait donc être de nouveau forte si les températures rechutent.
A Saint-Irénée, 150 personnes vont être accueillies ce vendredi soir et 50 autres théoriquement en fin de semaine prochaine. Dès lors, aucune place ne sera disponible dans le dispositif. Quelle possibilité alors pour les sans-abri qui appelleront le 115 ? Le préfet explique que les gymnases pourraient être ouverts de nouveau si nécessaire.
Quelle continuité de l’hébergement ?
Autre problème : la loi sur le Droit au logement prévoit également la continuité de l’hébergement. Mais Saint-Irénée fermera le 31 mars. "Nous sommes satisfaits de l’ouverture de ce nouveau centre. Mais nous regrettons que l’on annonce déjà sa fermeture prochaine en mars. Cela signifie que des personnes seront remises à la rue, si on ne leur a pas trouvé de solution adaptée", réagit Baptiste Meneghin, du Réseau des professionnels de l’urgence sociale qui avait manifesté le 2 décembre devant l'Hôtel Dieu pour demander l’ouverture de deux nouveaux centres d’hébergement pérennes.
Faire ou jouer bruyamment les indignés auprès d'oreilles aussi roses que complaisantes, merci à ceux qui ont fait un choix.