Sébastien Michel, maire d'Ecully
Sébastien Michel, maire d’Ecully et membre du bureau des maires de l’Association des maires du Rhône et de la métropole de Lyon

Sébastien Michel : "Michel Barnier est l'homme de la situation"

Sébastien Michel, maire Les Républicains d'Ecully, est l'invité de 6 minutes chrono.

Les Républicains ont finalement changé d'avis dans l'été. Ils ont décidé, la semaine dernière, de participer au gouvernement dirigé par le Républicain Michel Barnier. Le maire d'Ecully, Sébastien Michel, justifie ce revirement par la configuration politique née des élections législatives : "je crois que ça vient témoigner de la profonde division aujourd'hui au sein de l'Assemblée nationale, et surtout, finalement, si on est là, c'est avant et surtout parce que la gauche a refusé d'accéder au pouvoir. Je rappelle que c'est bien le nouveau Front populaire qui a absolument rejeté l'hypothèse Bernard Cazeneuve, qui était en pôle position pour hériter de Matignon. La gauche, d'une certaine façon, s'est sabordée, refusant d'accéder au pouvoir".

Sébastien Michel estime que Les Républicains ont fait "preuve de responsabilité". "Si effectivement on était dans la stratégie, dans le calcul politique, on n'y serait pas allé. Parce que très sincèrement, je pense qu'il y a surtout des coups à prendre. Il y a beaucoup de difficultés à surmonter, et que quelque part, on prend un risque qui est celui de l'impopularité, parce qu'on voit bien que l'agenda politique du moment est complexe, et que les sujets à aborder seront extrêmement compliqués, et même potentiellement douloureux. Moi ce que j'observe, c'est qu'à droite, on a toujours fait preuve de cette responsabilité et de pragmatisme", ajoute-t-il.

La retranscription intégrale de l'entretien avec Sébastien Michel

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui nous sommes avec Sébastien Michel, vous êtes maire les Républicains d'Écully. Votre parti vit une sorte de renaissance depuis que Michel Barnier a été nommé Premier ministre, un peu à la surprise générale. Déjà, vous, est-ce que vous comprenez que ce soit votre parti qui hérite, on va dire, allez, parlons un peu trivialement, du mistigri, qui ait la charge de former un gouvernement. Est-ce qu'il y a une logique institutionnelle ou démocratique là-dedans ?


Alors, une logique, pas nécessairement, c'était inattendu, certains diraient c'était inespéré, mais surtout je crois que ça vient témoigner de la profonde division aujourd'hui au sein de l'Assemblée nationale, et surtout, finalement, si on est là, c'est avant et surtout parce que la gauche a refusé d'accéder au pouvoir. Je rappelle que c'est bien le nouveau Front populaire qui a absolument rejeté l'hypothèse Bernard Cazeneuve, qui était en pôle position pour hériter de Matignon, ou du mystigris comme vous le disiez, et la gauche, d'une certaine façon, s'est sabordée, refusant d'accéder au pouvoir. Donc oui, aujourd'hui, on vit ce moment singulier et particulier, et ça nous appelle je crois à la fois à beaucoup d'humilité et beaucoup de responsabilité.

Est-ce que c'est un cadeau empoisonné ?

Si c'était facile, j'ai la faiblesse de penser qu'on n'aurait pas pensé à nous. Ce qui est certain, c'est que je crois que Michel Barnier est l'homme de la situation, d'abord parce qu'il a une expérience longue, à la fois au niveau local et à la fois au niveau national et international, et surtout, c'est un homme de la montagne, c'est un Savoyard, et je crois qu'il sait à quel point il est nécessaire d'y aller un pas après l'autre, et j'y reviens d'avoir cette humilité, parce que tout peut aller très vite, et on sait que le contexte est extrêmement compliqué, et que les sujets de préoccupation sont très nombreux, et que la situation financière du pays est quand même dramatique.


Il y a quelque chose qui est peut-être un peu difficile à comprendre sur le positionnement des Républicains dans cette affaire depuis le second tour des élections législatives On a notamment en tête les déclarations un peu chocs de Laurent Wauquiez, disant ni compromission ni coalition. Finalement, même lui aujourd'hui se dit prêt à entrer dans un gouvernement. Comment vous expliquez ce revirement ?


Je l'explique tout simplement par le fait qu'à un moment donné, quand il s'agit de l'avenir du pays, il faut faire preuve de responsabilité. Et je crois que si effectivement on était dans la stratégie, dans le calcul politique, on n'y serait pas allé. Parce que très sincèrement, je pense qu'il y a surtout des coups à prendre. Il y a beaucoup de difficultés à surmonter, et que quelque part, on prend un risque qui est celui de l'impopularité, parce qu'on voit bien que l'agenda politique du moment est complexe, et que les sujets à aborder seront extrêmement compliqués, et même potentiellement douloureux. Moi ce que j'observe, c'est qu'à droite, on a toujours fait preuve de cette responsabilité et de pragmatisme. Quand on a une difficulté, quand on a un problème, il faut être présent, il faut y aller. Et une fois de plus, il aurait sans doute été beaucoup plus confortable de rester caché, planqué, en attendant l'échec et en espérant capitaliser dessus dans le Moi je me réjouis que ma famille politique ait fait le choix du courage, qui est celui d'y aller dans un contexte compliqué, sans majorité, avec un groupe parlementaire relativement faible en nombre. Mais je pense qu'on peut faire un certain nombre de choses, et une fois de plus, je crois que Michel Barnier est vraiment l'homme de la situation.


C'est, comme vous l'avez expliqué, la situation fait qu'il y a une alliance entre les Républicains et le camp macroniste, le camp présidentiel. Cette alliance, elle existe, elle est réelle ou vous, vous la réfutez ?


Je ne pense pas que ce soit une alliance à proprement parler, on voit qu'aujourd'hui il y a des nuances assez importantes. Parce que vous ne pourrez rien faire sans leur groupe. Non mais vous savez, moi je fais appel depuis un certain nombre de mois, j'explique que notamment pour nos enjeux locaux et pour la métropole de Lyon, il faudrait être en capacité de se rassembler entre le bloc central et la droite républicaine. Donc finalement, ce que j'observe au niveau national va plutôt dans ce sens-là, donc moi je n'y vois pas de difficulté majeure. Ce qui est certain, c'est qu'on n'est pas d'accord sur tout, qu'il y a des nuances, et qu'à un moment donné Michel Barnier a été très clair en disant, si je prends ce poste de Premier ministre, c'est pour pouvoir mener ma politique et être dans une forme de cohabitation, de coexistence exigeante, pour reprendre le terme qui a été employé. Et donc je ne vois pas ça comme une alliance, et en tout cas ce qui transpire ça et là dans les différents groupes parlementaires est plutôt clair à ce sujet.


Le fait que ce soit sous le patronage, ou en tout cas que Michel Barnier était nommé avec la bienveillance du Rassemblement National, que texte par texte il faudra aller, probablement pour Michel Barnier et les ministres, vérifier qu'il n'y a pas d'opposition avec le RN, est-ce que ça vous gêne ?


Moi ce qui me gêne surtout c'est que la gauche casse son jouet, refuse le pouvoir, et derrière accuse le Rassemblement National d'être à la manœuvre. Aujourd'hui l'Assemblée Nationale, sa composition, elle est ce qu'elle est, elle est le fruit du choix des Français et de très nombreux de nos compatriotes, plus de 11 millions ont fait ce choix du Rassemblement National. Moi je suis assez à l'aise sur le sujet, toute ma vie j'ai combattu le Rassemblement National, et je continuerai. Aujourd'hui on est dans cette situation-là, on va voir ce qui va se passer dans les mois et dans les années qui viennent, moi j'en appelle à la responsabilité de chacun, je crois qu'une censure précoce plongerait le pays dans la crise, et donc j'ai bon espoir que Michel Barnier sache trouver les bonnes solutions, et on voit bien que du côté du Rassemblement National, du côté des électeurs, des Français qui ont fait ce choix-là, il y a des attentes très fortes en matière de sécurité, d'immigration, et j'ai le sentiment que Michel Barnier est prêt à y répondre.


En revanche il y a des attentes sociales qui ont été exprimées, notamment peut-être sur le vote RN, mais plus encore sur le vote du nouveau front populaire, celles-ci on n'imagine pas Michel Barnier y répondre, notamment sur les retraites, sur l'augmentation des salaires, est-ce qu'il ne va pas y avoir finalement une incompatibilité majeure entre le vote des Français et la politique qui sera menée ?


Il y aura des difficultés, mais en tout cas j'ai entendu Michel Barnier plutôt parler de justice sociale, donc je pense qu'il y aura des choses à faire, de justice fiscale également, donc moi une fois de plus Michel Barnier c'est un homme de la droite modérée, c'est un gaulliste un peu social, ce qui est mon cas aussi, et donc moi je suis convaincu qu'on peut être à la fois très très ferme sur les sujets régaliens, et on en a besoin, la justice, l'immigration, la sécurité, mais qu'en revanche on se doit d'être beaucoup plus ouvert sur certains sujets, et aujourd'hui notamment par le prisme du travail je crois qu'on peut apporter la justice sociale qu'attendent nos compatriotes, aujourd'hui il n'est pas acceptable que celui qui travaille ne gagne pas beaucoup mieux sa vie que celui qui ne travaille pas, et ça je pense que c'est un vrai élément de justice sociale, et que c'est une attente très très forte d'un certain nombre de Français qui ont fait le choix du Rassemblement National ou du nouveau front populaire.

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